La dernière "collection" de l’année 2010 présente pas moins de 15 disques, par ordre alphabétique, de Rabih ABOU-KHALIL à The TIGERS OF LOVE...
Une livraison de quinze chroniques portant sur des disques parus récemment pour cette fin décembre 2010...
Il est trop tard pour les commander au Père Noël mais si vous avez trouvé un petit billet, un gros chèque ou une carte bancaire (avec son code confidentiel...) au pied du sapin, il n’y aura que l’embarras du choix !
Écoutez, régalez-vous. Vous pouvez consommer et faire consommer sans modération !
__degrade.png__
> Enja ENJ-9560 2 - distribution Harmonia Mundi
Rabih Abou-Khalil : oud, compositions / Michel Godard : tuba, serpent / Jarrod Cagwin : percussions / Walter Quintus : ingénieur du son // The German Youth Orchestra (BJO) dirigé par Frank Strobel / Tobias Feldmann : violon solo / Sarina Zickgraf : alto solo / Sophie Notte : violoncelle solo
01. Jerusalem / 02. Lament / 03. Gerusalemme Liberata / 04. Once Upon a Dervish / 05. Saladin and Nathan The Wise / 06. A Prayer for Tolerance
Né à Beyrouth, Rabih Abou-Khalil a grandi au carrefour des grandes religions monothéistes, entre orient et occident. Il n’est pas surprenant qu’il ait été sensible au sujet du film allemand que réalisa Manfred Noa en 1922 : "Nathan le Sage". Sur ce film muet qui traite de l’apprentissage de la tolérance, il a créé une bande son ambitieuse pour un orchestre symphonique et le trio qu’il a constitué de longue date avec les fidèles Michel Godard (tuba et serpent) et Jarrod Cagwin (percussions).
On est bien sûr toujours touché par la maîtrise instrumentale et la sensibilité de ce joueur de Oud hors pair mais la musique qu’il a composée pour ce film nous semble trop compacte, souvent pesante... La densité d’une pâtisserie orientale pas très digeste. Sans doute nous manque-t-il le supporte de l’image pour que le propos de l’artiste prenne toute sa dimension. On imagine que cette musique veut suivre la narration mais il nous manque le film !
Soulignons toutefois la complicité entre le label Enja qui porte le travail de Rabih Abou-Khalil depuis plus de vingt albums ! Quelle fidélité !
.::TG: :.
> Lien :
> Production Par Monts et par Jazz - disponible par courriel : parmontsetparjazz@yahoo.fr
Alexis Requet : saxophones / Stéphane Rivero : contrebasse / Matthieu Garreau : batterie.
01. Free eagle (A Requet)/ 02. Fin de journée (S Rivero) / 03. Cool Blues (S Rivero) / 04. Dans le désert de nuages (A Requet) / 05. Dans les yeux de ma louve (A Requet) / 06. En attendant (S Rivero) / 07. Dépression atmosphérique (A Requet) / 08. Soul Eyes (M Waldron) / 09. Dans le creux de Lachar (A Requet) / 10. Blues de la Margeriaz (A Requet) / 11. I’ll Remember April (G. de Paul) // Enregistré à Renage (Isère) en juillet 2009 et juillet 2010.
Le trio Assaï pourrait presque se revendiquer d’un courant naturaliste. La réalité de la nature, la beauté des paysages semblent jouer un rôle important dans l’inspiration du saxophoniste Alexis Requet en particulier. En tout cas, ce parti pris a une incidence tout à fait positive sur leur manière d’aborder le jazz avec naturel. On ressent très vite le plaisir du jeu, un goût pour le phrasé développé avec intelligence avec le souci de communiquer des émotions, des impressions. Le salut à Mal Waldron (Soul Eyes) et le standard de référence (I’ll remember April) permettent d’étalonner un trio qui ne manque pas de qualités.
Indicutablement attaché aux grands courants du jazz mélodique et inventif, Assaï Jazz Trio a su donner une dynamique personnelle à la formule délicate du trio sans instrument harmonique. Ces trois musiciens au cursus complet et très sérieux sont d’excellents instrumentistes qui ne lassent jamais. Ce n’est pas si fréquent !
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Abalone AB003 - distribution Muséa
Maria Laura Baccarini : voix / Yann Apperry : textes / Régis Huby : violon et violon ténor électro-acoustique, compositions / Sabine labasse : violoncelle / Jean-Marc Larché : saxophone / Catherine Delaunay : clarinette / Roland Pinsard : clarinette basse / Olivier Benoît : guitares / Benjamin Moussay : piano / Claude Tchamitchian : contrebasse / Guillaume Séguron : contrebasse et basse électrique / Christophe Marguet : batterie / Sylvain Thévenard : ingénieur du son et piano sur 4 /
01. Part 1 : Into The Forest / 02. Part 2 : Falling Birds / 03. Part 3 : World Of Mine / 04. Part 4 : All Is Fire / 05. Part 5 : In The Deep / 06. Part 6 : All Around / 07. Part 7 : As It Goes / 08. Part 8 : Amnesia / 09. Part 9 : Out Of The Forest
À l’écoute de cette musique, on est saisi par la densité de l’écriture. Autour de la voix de Maria Laura Baccarini qui se livre à une remarquable performance, les voix instrumentales s’entrelacent comme les herbes d’une prairie, se chevauchent comme les plumes d’un oiseau, s’élèvent, vives et dansantes comme un rideau de flammes.
All around, nous sommes cernés ! Non pas pris au piège mais emportés dans le tourbillon d’un oratorio qui puise son essence dans les influences des musiques du XXème siècle, académiques (Bartok, Webern, Steve Reich...) ou plus alternatives (le rock atypique à l’anglaise...) côté jazz, on pensera peut-être à André Hodeir (son travail sur Anna Livia Plurabelle) pour l’articulation entre musique et chant.
Le romancier Yann Apperry a écrit les textes de cette suite en neuf mouvements comme un livret évoquant les liens distendus entre l’homme et la nature. C’est sur cette trame que Régis Huby a composé la musique en fonction du potentiel vocal de Maria Laura Baccarini, non seulement chanteuse mais aussi comédienne et danseuse... Un atout pour une œuvre tourbillonnante qui serait parfois un peu étourdissante... On pourra regretter qu’il n’y ait pas de vrais espaces de liberté pour les solistes car le casting réuni par Régis Huby est remarquable mais c’est un choix assumé. La qualité de l’interprétation montre que chacun s’est investi dans le projet.
All Around est une œuvre étonnante, atypique qui séduit et captive. Si l’écriture est complexe et sophistiquée, les mélodies ont la légèreté des chansons qui vous restent dans l’oreille. Un atout indiscutable pour un disque qui pourra séduire un public bien au-delà du petit monde des jazz-fans.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Abalone AB005 - distribution Muséa
Denis Badault : piano et compositions / Régis Huby : violon / Tom Arthurs : trompette / Sébastien Boisseau : contrebasse
01. Des mots tombent / 02. L’arbre à quintes / 03. Jon B. / 04. En rage et en ut / 05. Doubles cordes / 06. La comptine des Hauts, part 1 / 07. 06. La comptine des Hauts, part 2
Si Denis Badault se fait plus rare sur disque, il n’en reste pas moins très actif comme musicien, compositeur et pédagogue. Depuis La Bande à Badault (années 80) qui lui a ouvert les portes de l’Orchestre National de Jazz (1991-1994) jusqu’à cette nouvelle formation H3B il semble que Denis Badault cherche aujourd’hui à corps à une musique qui s’affranchisse des cadres rythmiques et harmoniques trop contraignants.
H3B n’est pas un quartet conventionnel mais plutôt un quatuor pour lequel Denis Badault compose dans un contexte totalement acoustique proche de la musique de chambre. L’instrumentation atypique permet des alliages de timbres originaux, en particulier l’association du violon de Régis Huby avec la trompette de l’anglais Tom Arthurs. Ces deux musiciens sont aussi à l’aise devant des partitions complexes que dans l’improvisation la plus libre. En l’absence d’une section rythmique, le piano de Denis Badault trace le chemin avec une grande modestie, sans effets inutiles en compagnie de la contrebasse virtuose de Sébastien Boisseau.
Ce disque s’écoute comme une suite en sept parties complémentaires aux formes souvent abstraites et aléatoires d’où émergent des moments de swing furtif et délicat (L’arbre à quintes). Les grandes références du jazz ne sont jamais très loin comme si Denis Badault réinventait un "troisième courant" à la française en articulant avec une grande intelligence écriture sérieuse et la liberté de l’improvisation.
Ce disque est encore une référence marquante pour le tout jeune label Abalone ! Un catalogue prometteur !
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Le Petit Label / Collection Son 010 - distribution www.petitlabel.com et Les Allumés du Jazz.
Guylaine Cosseron : voix
01. Dis le / 02. RHhR / 03. Écorché / 04. P’tit F... / 05. Casse-croûtes / 06. Ancêtres / 07. RHhR 2 / 08. Crabu / 09. Tréfonds / 10. À l’intérieur // Enregistré de décembre 2009 à août 2010.
Avec sa collection "Son", le Petit Label nous invite toujours à des voyages exploratoires étonnants. Libre à chacun de suivre ces parcours quasi initiatiques ou de rester à la porte de ce qui ressemble à un laboratoire des musiques de nulle part.
Qu’y avait-t-il... Qu’y a-t-il avant les mots ? Le souffle et les lèvres, la gorge et la glotte, le nez et le palais, c’est ce qu’explore Guylaine Cosseron dans un disque qui peut paraître déroutant mais qui n’est en fait que la mise en évidence des composantes fondamentales de la voix, à la racine du son.
Un document qui comporte sa dose d’impertinence, d’originalité et, pourquoi pas, d’humour. Un travail méritoire que vous n’écouterez sans doute pas tous les jours au petit déjeuner... Il y a un temps pour tout... Il fallait oser produire cela, le Petit Label l’a fait !
.::TG: :.
> Liens :
> Yolk records J2051 - distribution en vente directe : www.yolkmusic.com
François de Larrard : piano solo
01. Rose fait des courses / 02. Zoo 2 / 03. Chromatodisvalsique / 04. Zoo 3 / 05. Monk’s mood / 05. Zoo 4 / 07. Folk song / 08. Zoo 5 / 09. Mayo / 10. Zoo 6 / 11. Portail / 12. Zoo 7 /
Le label Yolk recentre sa production autour d’un nouveau concept : la Yolk Box. Un coffret qui sert d’écrin à un disque et aux envies des auteurs-créateurs. C’est ainsi que vient de paraître ce disque en piano solo qui permet de mieux connaître le pianiste nantais François de Larrard (né en 1958).
Chercheur en génie civil, François de Larrard possède aussi un certain génie du discours pianistique. Dans ce disque, il nous convie à visiter le Zoo dans lequel il enferme son bestiaire imaginaire. On suit un parcours balisé par une série de Zoo de 2 à 7. Chacune de ces pièces est basée sur un ostinato de la main gauche qui symbolise l’enfermenent, les cages, la captivité en général. Entre ces étapes du parcours, une série de pièces dessinent l’univers du pianiste avec Monk, inévitablement et une forte présence de tourneries ternaires qui invitent à l’évasion. En final, le Zoo 7 évoquerait presque une cage dans laquelle s’ébattent quelques oiseaux de Messiaen.
Les pianistes aiment se confronter au défi du solo qui ne laisse pas de place à l’erreur, à l’approximation, à la monotonie. Ce disque s’écoute et se réécoute avec un grand plaisir parce qu’il a été savamment construit et pensé sans que la musique perde sa liberté et sa spontanéité.
Un zoo dont la visite est particulièrement recommandée.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Label La Buissonne RJAL397009 - distribution Harmonia Mundi
Pierre Diaz : saxophones et voix / Delphine Chomel : violon et voix / Marion Diaques : alto et voix / Claire Menguy : violoncelle
01. Le lendemain matin / 02. Brume / 03. Abuela / 04. J’ai rêve que... / 05. Erisa / 06. Au cœur du dromadaire / 07. Hasta la Lluvia / 08. Le véritable / 09. ...Je m’envolais / 10. Se Acaba Mi Soledad / 11. Agua Linda / 12. Como Lobos /
Tiens, Gérard de Haro a laissé le célèbre piano de son studio au repos ! Pour les deux nouvelles réalisations du Label La Buissonne, il a mis l’accent sur les cordes avec le saxophone de Pierre Diaz ici et le solo de Vincent Courtois dont nous parlerons prochainement.
En laissant chanter son saxophone sur un lit de cordes, Pierre Diaz, musicien très actif autour de Montpellier, propose une musique très mélodique qui restitue des atmosphères contrastées entre des moments paisibles et veloutés aux couleurs méditerranéennes et des séquences chargées qui restituent l’émotion de l’histoire en renvoyant des images de la Guerre civile espagnole à travers les voix du trio Zephyr et de Pierre Diaz et des bribes de documents sonores.
Entre le calme et les bourrasques, Jours de vents propose une succession d’atmosphères qui évoquent des images aux teintes pastel, souvent nostalgiques. On se laisse porter sans se soucier par une musique hors du temps et des normes qui existe pour elle même.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Prova Records PR1010-CD14 - distribution www.provarecords.com (depuis la Belgique)
Andy Middleton : saxophones ténor et soprano / Tino Derado : piano / Paul Imm : contrebasse / Alan Jones : batterie
01. Emergence / 02. Kahlenberg / 03. A Tangled Web / 04. Between Worlds / 05. Those Who Remember / 06. Polar Bear Seas / 07. Night Sounds / 08. 5 Billion And Counting / 09. Breathing Room / 10. A Tangled Web (Duo Version)
Le doute et le trouble animent le saxophoniste Andy Middleton (Save America !, sur la pochette). L’effet du déracinement peut-être pour cet américain qui vit depuis quatre ans en Autriche où ce disque de jazz mainstream de bonne facture a été enregistré. Plus vraiment américain, il ne se sent pas encore autrichien et c’est le label... belge Prova Records dirigé par le pianiste Michel Bisceglia qui publie cette musique pour ce disque avec un sérieux indiscutable.
Rien de renversant dans cet album qui ne manque toutefois pas de charme et de finesse par la qualité des solistes. On perçoit une vraie connivence entre le pianiste germano-croate Tino Derado et le saxophoniste qui a trouvé sa voie dans l’ombre de Michael Brecker, Joe Lovano ou Dave Liebman.
Une musique de l’équilibre sans risques et sans excès. Un bon disque de jazz moderne assez conventionnel.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Discobole records - distribution www.discobolerecords.fr
Nicolas Naudet : clarinette et clarinette basse / Stéphane Hoareau : guitare électrique / Théo Girard : contrebasse
01. Une robe noire / 02. Chambre / 03. A l’hôtel / 04. Zone d’ombre / 05. Mirage / 06. Ailleurs / 07.Au matin / 08.L’oeil / 09. Oubli / 10. Dans la Rolls / 11. Rêve / 12. Fin
Un nouveau label est né : Discobole vient de lancer ses deux premiers disques. Ça devient presque une performance (athlétique) en cette période de crise ! À l’instar des bas-normands du Petit Label, les musiciens constitués en association diffusent leurs productions en petite série sous une pochette en carton recyclé sérigraphié. Une touche artisanale qui fait la différence.
Les deux premiers disques sont parus fin novembre : NHOG et Sibiel (voir plus loin).
Le trio NHOG existe depuis cinq ans. Ces élèves du clarinettiste Denis Colin et du guitariste Malo Valois explorent la formule cordes-clarinettes en se souvenant du précurseur Jimmy Guiffre, une de leurs références.
Un trio en quatre lettres, à découvrir et une démarche à encourager.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Nymark Collective Records / Editions Milan Music - distribution Universal.
Kristin Asbjørnsen : voix / Kåre Nymark jr. : trompette / Tord Gustavsen : piano / Mats Eilertsen : contrebasse / Kenneth Ekornes : batterie
01. The devil’s gonna get you / 02. Aggravatin’ papa / 03. Oh daddy blues / 04. Nobody knws you when you’re down and out / 05. Don’t cry baby / 06. Today / 07. Interlude / 08. Mam’selle Marie / 09. Mourn you mourners / 10. Baby don’t you please come home // Enregistré en concert à Oslo et Bergen en mai 2007.
La seconde vie d’un disque sans doute ? Disponible en Suède depuis la fin 2008, cet album (re)paraît en France à la fin de l’automne 2010 sur le label Milan Music. Depuis l’enregistrement en concert du quartet à cinq que conduit le trompettiste Kåre Nymark, la vocaliste Kristin Asbjørnsen a été repérée dans l’Ensemble du pianiste Tord Gustavsen ici présent (aussi) pour le disque ECM "Restored, Returned" ("Étoile 2010" - CultureJazz). On peut donc retrouver sa voix rocailleuse entre rock et blues qui redonne ici une autre vie à quelques perles du répertoire de la grande Bessie Smith (1894-1937).
Une des grandes qualités de ce disque, c’est de restituer la cohésion d’une formation qui échappe aux poncifs du jazz scandinave avec ses ambiances fréquemment embrumées. Ce quintet joue collectif sans états d’âme. En ce sens, l’enregistrement live est un gage d’authenticité. Et tant pis si la voix de la jolie Kristin force parfois un peu le trait bluesy usé, la trompette claire et vive du jeune Nymark, le piano d’un Gustavsen plus swing qu’à l’accoutumée et la section rythmique sans esbrouffe donnent à ce disque une allure fraîche et attachante.
Il aurait été dommage que le public non-scandinave (et quelques curieux éclairés) ne puissent écouter ce jazz assez déridant et respectueux de ses sources.
.::TG: :.
> Liens :
__4__
> Yak Productions YAK 02/01 - distribution Absilone (Socadisc)
Claudia Solal : voix / Paul Brousseau : claviers, électronique / David Chevallier : guitare, banjo / Bruno Wilhelm : saxophone alto et soprano / Frédéric Monino : basse / François Laizeau : batterie / Jean-Marc Padovani : saxophones, compositions
01. Seventeen west (Eric Dolphy) / 02. Stolen moments (Oliver Nelson) / 03. Eric’sketches (Padovani) - Les (Eric Dolphy) / 04. Si près, si loin (à Michael Brecker) (Padovani) / 05. Cascade (Oliver Nelson) / 06. Complete Ornette (d’après "Bird Food" et "Ramblin" - Ornette Coleman) / 07. Olivers’ dream (Padovani)
Jean-Marc Padovani n’est pas de ceux qui sortent chaque année un nouveau projet selon un plan marketting bien établi. En musicien d’expérience avec un tempérament "du sud", il laisse mûrir les idées au soleil... Nous nous souvenons de Cantilènes , un disque qui visait à rapprocher les langues et les cultures (2005-2006) avec une formation qui mettait la voix en avant. On le retrouve ici avec la même rythmique, ses complices Frédéric Monino (basse électrique) et François Laizeau (batterie) : une base solide et efficace.
Ce nouveau projet surprend parce qu’il marque un retour aux fondements du jazz qu’affectionne Padovani : Oliver Nelson, Eric Dolphy, Ornette Coleman, ses anges des anches. Ses propres compositions sont imprégnées de cet esprit avec, en plus un salut affectueux à Michael Brecker.
Sans être renversant ni bouleversant, ce disque ne vise pas l’excellence mais il reflète avec une grande sincérité toute l’affection que Jean-Marc Padovani porte au jazz des années 50-60. Par rapport à ses précédents projets, il nous prend un peu à contre-pied mais on lui emboîte le pas sans hésitation.
Un disque qui a du cœur et, sans aucun doute, une âme.
.::TG: :.
> Lien :
__4__
> Fuga-Libera FUG 607 - distribution Harmonia Mundi et http://www.outhere-music.com/store-FUG_607
Jean-Louis Rassinfosse : contrebasse / Fabrice Alleman : clarinette, saxophone soprano, voix et sifflet / Jean-Philippe Collard-Neven : piano, Fender rhodes et Collardophone / Xavier Desandre-Navarre : percussions
01. Ame à vagues / 02. Feria / 03. Loosing Belgium / 04. Don’t Say It’s Impossible / 05. Andaluciana / 06. Meetings / 07. Passeur d’étoiles / 08. Strange Bossa / 09. Chaconne
Un ensemble de virtuoses (où l’on remarque le contrebassiste belge réputé Jean-Louis Rassinfosse). Ces quatre amis jouent de concert une musique chantante, raffinée aux lignes douces. Tout cela coule de source... et on laisse couler. Ces huit titres, aux climats légèrement contrastés pourtant, ne parviennent pas à nous émouvoir.
On notera que "Braining Storm" est aussi un bel objet produit sur le label réputé Fuga Libera, adhérent du collectif Outhere, plutôt connu pour son catalogue qui va du baroque à la musique contemporaine.
.::TG: :.
> Lien :
__4__
> Discobole records - distribution www.discobolerecords.fr
Jean-Philippe Feiss : violoncelle / David Potaux-Razel : guitares / Théo Girard : contrebasse
01. Angers Saint Laud / 02.Cheval / 03. La poésie des camions / 04.dièse 2 / 05. Berceuse pour Valentin / 06. Noir / 07. La pluie / 08.Attendue / 09.La douceur
Voilà donc le second disque du nouveau label Discobole, le "lanceur de disques". À vrai dire, le fonctionnement artisanal du label et la production en petites séries (250 exemplaires) n’impose pas de références codées... pour le moment ! Comme son "jumeau", NHOG, le trio Sibiel se passe de percussion. On y retrouve le contrebassiste Théo Girard qui, en compagnie du guitariste David Potaux-Razel (qui met un peu d’énergie électrique dans l’affaire) et du violoncelliste Jean-Philippe Feiss. Ce dernier, "victime" d’une formation classique a eu la révélation du potentiel de son instrument suite à une rencontre avec le contrebassiste Claude Tchamitchian. Depuis, il multiplie les rencontres tout en restant fidèle au trio Sibiel qui atteint les dix ans d’âge désormais.
Sibiel nous prend pas la douceur pour nous emmener sur les chemins tortueux d’un néo-classicisme mâtiné de pop/rock façon King Crimson ou Brian Eno avec une bonne dose d’improvisation et un travail recherché sur les ambiances sonores. On se laisse embarquer sans cainte. le voyage est, somme toute, relativement soft sans être jamais ennuyeux.
.::TG: :.
> Lien :
> Autoproduction : http://www.myspace.com/fabricetareltrio
Fabrice Tarel : piano / Gil Lachenal : contrebasse / Sébastien Mourant : batterie
01. Praise of quietness / 02. Dark night / 03. Reunion / 04. Beyond the doubt / 05. Flow of love / 06. Learning to be / 07. Your memory / 08. Blurred future / 09. The dutch.
Fabrice Tarel est jeune, un quart de siècle environ, mais il a déjà compris une chose essentielle aux musiciens qui veulent durer : point trop n’en faut. De la musique oui, mais pas de surenchère. Il sait également s’entourer : Gil Lachenal est un contrebassiste qu’on ne présente plus et Sébastien Mourant un batteur coloriste qui mérite qu’on le reconnaisse plus encore. Les trois ont l’habitude de jouer ensemble et on le constate dès les premières notes. Des compositions originales qui ne manquent pas d’attrait et relèvent d’une esthétique néo-classique parfaitement maîtrisée, élégamment mélodique, placent ce trio dans la catégories des combos que l’on repère d’emblée pour la justesse, la connivence et la fluidité qui les habitent. C’est assez rare pour être signalé, l’empathie que dégagé ce disque est immédiate et durable. Rythmiquement impeccable et créatif par bien des tours et détours, le trio développe un langage personnel qui ne laisse pas indifférent. C’est du jazz et du suffisamment bien pensé pour qu’on ne s’en aperçoive jamais ; c’est toute la différence. En un mot, recommandé.
.::Y.D: :.
> Lien :
__4__
> JazzHausMusik JHM196 - distribué par Les Allumés du Jazz et disponible en ligne : www.jazzhausmusik.de/un_amour_fou
Alexander Beierbach : saxophone ténor (compositions : 2, 3, 4, 6, 7, 9, 11) / Steffen Faul : trompette (compositions : 1, 10)/ Denis Jabusch : contrebasse / Uli Jennessen : batterie (compositions : 5, 8, 12)
01. Portasound 77 / 02. Die Allwissende / 03. To Luno / 04. Un amour fou / 05. Tu es nicht / 06. Genau ! / 07. You look like dehydrating / 08. Pönk / 09. There / 10. La noche / 11. Tot / 12. Very Goode
Voilà un quartet allemand trapu et félin qui ne demande qu’à être aimé. Il le mérite car, sans esbroufe et dans la sobriété d’une musique totalement acoustique, The Tigers of Love nous rassure sur la bonne santé du jazz joué avec de l’imagination, un esprit collectif et sans oublier les bases essentielles.
Nous avions découvert et apprécié les qualités du batteur Uli Jennessen dans le quintet Monk’s Casino que dirige le pianiste Alexander von Schlippenbach. Il confirme ici qu’il sait tenir sa place dans le contexte de ce quartet qui rappelle celui d’Ornette Coleman (même si Alexander Beierbach joue du ténor et non de l’alto !).
Les tigres sont des animaux attachants et redoutables. Rassurez-vous, ceux-là semblent domestiqués et attendent un amour fou... Laissez-vous attendrir ! Ils méritent notre affection !
.::TG: :.
> Liens :
__4__
© Association CultureJazz® - décembre 2010 - www.culturejazz.net®