Quelques détours par le festival Fort en Jazz, sis à Francheville, non loin de Lyon.
> Francheville, jeudi 07 juin 2012
Il en va de LaVelle comme de tous les "singers unlimited". Leur voix suffit a scotcher les salles. Mais LaVelle est aussi une bête de scène. Et comme elle sait s’entourer des meilleurs, elle réunit plus de conditions qu’il ne lui en faut pour emporter sans coup férir l’adhésion du public quel qu’il soit. Des compositions originales, des standards, donnez-lui ce que voulez à chanter, elle le transformera en un moment de grâce, espiègle ou profond, et dans tous les cas, on ne pourra qu’admirer ce savoir-faire qui a quelque chose à voir avec le savoir-être d’une artiste complète qui, au-delà du talent, colore sa voix avec son âme.
Ce n’est pas rien. C’est assez rare.
La voir ainsi partager son plaisir avec le public, comme avec ses musiciens, nous met le cœur en joie et nous conforte dans l’idée que la pulsion organique originelle d’une musique, d’où qu’elle vienne, est un socle indispensable pour que la magie opère.
> Francheville, vendredi 15 juin 2012
Renaud Garcia Fons est l’unique détenteur d’une contrebasse à cinq cordes réalisée par Jean Auray. Mais l’artiste détient également une vision musicale originale, voire unique. L’homme et l’instrument réunis apparaissent sur scène au service d’une quête singulière ; le beau et sa profondeur humaine, au cœur d’une itinérance géographique, sonnent et résonnent sous les doigts ou l’archet.
À chaque concert, Renaud Garcia Fons, maître de la contrebasse et disciple de la pluralité musicale, dessine les contours d’un voyage mélodique semblable à un palimpseste qui, sous les notes, possède toutes les vertus d’un essai sur la tolérance. Sa virtuosité, masquée par la simplicité du personnage, donne à son discours la forme d’un carrefour ouvert sur les possibles. C’est rassurant et diablement convainquant.
Le meilleur de la musique avec le meilleur de l’humain. Que demander de plus ?
Trombone et violoncelle, Mac et effets n’ont pas suffi à Dana Leong pour gommer l’impression durable faite par Renaud Garcia Fons. Si ce jeune artiste a bien des choses à dire, il semble encore être dans ses brouillons. D’un thème l’autre, on oscille entre les genres sans jamais être véritablement interpellé.
Quelquefois même, hélas, l’irritation nait d’un trop plein d’éclats faciles qui laisse accroire que cette musique n’est faite que pour accompagner. Mais accompagner quoi ? Un film, l’ascenseur ?
> Francheville, samedi 16 juin 2012
Guy Le Querrec, Louis Sclavis, Henri Texier et… Christophe Marguet pour un retour aux racines du projet.
Un Photo-concert, donc.
On connait la musique et le photographe aussi. Tout est mieux que bien fait. Mais le contraire était-il possible ? Le titre de chaque morceau apparaissant dans le diaporama, on s’aperçoit soudain que les musiciens n’ont qu’un espace restreint pour s’exprimer. Était-il bien nécessaire d’enfermer ces trois esprits libres dans un tel carcan temporel ? Pourquoi l’ont-ils accepté ?
Ce Photo-concert possède toutes les vertus d’un produit bien fini. Certes, on évolue dans la catégorie Luxe, Grand Luxe. Mais la beauté froide et parfaite n’a jamais réchauffé celles et ceux qui aiment les musiques improvisées. Et l’on repart avec l’idée qu’un Best-of aussi bon soit-il n’a pas la saveur de l’original. Et même si cette soirée faisait écho (résonnance) avec l’exposition de Guy Le Querrec au fort du Bruissin, un arrière-goût de "déjà-vu et entendu" perdure sous l’excellence dont nous ont gratifiés les trois musiciens et le photographe.
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