Où les festivités commencent. Compte-rendu non exhaustif.
> Jeudi 14 mars 2013
Nous avions vu et écouté par le passé ce duo à l’amphi de l’opéra de Lyon. Nous avions alors été séduit par la musicalité et l’originalité de la formule. Chacun des deux musiciens prenait sa part avec élégance et respectait un équilibre qui était la base même de leur collaboration. Quelques années plus tard, Youn Sun Nah, propulsée par son talent et relayée par les médias, est tête d’affiche et relègue son acolyte au rang de faire valoir.
Youn Sun Nah et Ulf Wakenius sont deux musiciens hors du commun, on le sait, et le deuxième cité a derrière lui une carrière plus que prestigieuse. Mais ce qu’ils ont proposé à Vaulx relève plus de la performance que du concert, du tour de force plus que du tour de chant. Virtuosité ne signifie pas toujours musicalité et l’on a éprouvé quelque peine à adhérer aux morceaux de bravoure successifs qui nous ont été imposés. Très efficaces au demeurant. Standing ovation assurée.
Mais voir Ulf Wakenius faire la claque entre les chansons pour la star de la soirée fut pénible, tout comme de subir une imitation prolongée, à la limite du ridicule, de Tom Waits sur "Jockey full of bourbon" ou aussi d’écouter la chanteuse minauder entre les chansons comme une première communiante devant sa Sainteté.
La question que l’on se pose est donc la suivante : ont-ils encore envie de musique ou se contentent-ils de capitaliser ? Nous n’avons pas la réponse.
Quoi qu’il en soit, cette prestation fut une déception.
> Vendredi 15 mars 2013.
Originaux. Les trois allumés de Das Kapital le sont restés et, on prend les paris, le resteront. Mais si leur petite entreprise fonctionne à merveille, elle est trop engagée musicalement et (dés)idéologiquement pour émouvoir un média de masse. Ca c’est sûr. Mais comme ces trois-là ne cessent de multiplier les projets et les collaborations hors de leur power trio, ils sont riches encore de nouveauté et l’infusent, sans retenue, par des éclats d’inventivité jouissive, dans le répertoire du pote à Brecht et Adorno.
Pas de têtes de gondole donc, mais trois pontes de l’humour décalé qui arrivent presque à nous faire oublier leur expertise musicale autant que leur talent.
Chez ces gens-là, on sait construire un répertoire, le colorer d’intentions sincères, le transformer en un matériau sonore aussi surprenant que convaincant, lui donner des couleurs originales qui transcendent les genres mais donnent en toute circonstance au public un Plaisir délectable ; celui de partager un moment de liberté musicale intense. Les idées fusent, bondissent et rebondissent en un jeu perpétuellement changeant.
À la loterie internationale, Poulsen tire les cartes, Erdmann remplit sa grille et Perraud décroche toujours le grelot.
Alea jacta est, Das Kapital touche le pactole des insoumis, et c’est tant mieux.
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