| 01- ATOMIC . Pet Variations - OUI !
| 02- NGUYEN LÊ . Streams - OUI !
| 03- YURI GALKIN . For its beauty alone
| 04- MICHAEL GREGORY JACKSON CLARITY QUARTET . WHENUFINDITUWILLKNOW
| 05- CHARLES WILLIAMS . Flavors of jazz
| 06- TYPICAL SISTERS . Hungry ghosts
| 07- KUHN FU . Chain the snake
| 08- ALVIN QUEEN . O.P. A tribute to Oscar Peterson
| 09- ØYVIND TORVUND . The exotica album - OUI !
| 10- EMILE CALME . Flûte poésie
| 11- SHAULI EINAV . Animi
| 12- SEAN NOONAN PAVEES DANCE . Tan man’s hat - OUI !
| 13- BEAN SOUP . odidrep
| 14- THIERRY ELIEZ . Improse extended
| 15- PAUL DIETRICH JAZZ ENSEMBLE . Forward
| 16- NAYSING . Mr TG
| 17- ANDREA MOTIS . Do outro lado do azul
| 18- Jon LUNDBOM & BIG FIVE CHORD . Harder on The Outside1 - OUI !


  ATOMIC . Pet Variations

Odin Records

Fredrik Ljungkvist : saxophone, clarinette
Magnus Broo : trompetta
Havard Wiik : piano
Ingebrigt Hâker Flaten : contrebasse
Hans Hulbaekmo : batterie

Le groupe Atomic a débuté son rayonnement il y a Presque deux décennies. Les musiciens de ce super groupe nordique sont dans leurs enregistrements plus adeptes de la fibre américaine du jazz que de l’esthétique sonore des leurs pays respectifs (Suède et Norvège) qui fait encore les beaux jours d’Ecm (ce n’est pas une critique). Également enclins au mélange des genres musicaux, ils apprécient plus que tout d’emmêler nos oreilles en intégrant Carla Bley, Messiaen, Steve Lacy, Varese, Jan Garbarek et j’en passe à leurs désirs exploratoires. Que ce soit écrit (très bien) ou improvisé (très bien), la musique du quintet passionnera les auditeurs épris d’accents originaux, aimant les surprises, car, au-delà des grands noms cités préalablement, elle est le fruit aventureux et très personnel d’une longue collaboration entre les musiciens. Il y a véritablement un son et une esthétique « Atomic » qui démarque nettement le groupe d’autres formations pouvant (hypothétiquement) évoluer dans un espace musical similaire. Entre folie contagieuse passagère et ambiances plus introspectives, la musique de ce CD offre des variations musicales captivantes à bien des égards, notamment un lyrisme sous-jacent s’exprimant avec subtilité et un sens de l’espace offrant de belles respirations aux mélodies. Un petit chef d’œuvre selon nous.

Yves Dorison


http://www.atomicjazz.com/


  NGUYEN LÊ QUARTET. Streams

Act

Nguyen Lê : guitare
Illya Amar : vibraphone
Chris Jennings : contrebasse
John Hadfield : batterie

Dans ce disque, comme dans ses précédents enregistrements, Nguyen Lê suit son plan de carrière qui est de ne pas en avoir… Car le guitariste, inlassable prospecteur, fait la musique qu’il aime et, au gré des formations qu’il forme, imprime son esthétique musicale avec un savoir faire toujours bluffant. La fluidité de son jeu, sa technique, seraient en soi suffisante pour convaincre un mélomane exigeant, mais lui ne s’y arrête pas et continue à défricher des univers musicaux où l’inédit côtoie les réminiscences dans une sorte de mouvement perpétuel inquantifiable. Des ces titres, aux accents ethniques réels ou imaginaires, se dégagent des formes harmonieuses autant que séduisantes. Chaque instrumentiste participe pleinement à l’équilibre et à l’épaisseur du propos musical. Un zeste de fusion accompagne l’ensemble avec nuance et ne nuit pas. L’énergie circule dans cette musique grâce à des procédés rythmiques élaborés qui imposent les ambiances de manière assez magistrale pour être notée. Ce disque est incontestablement un disque d’une grande maturité affichant une forme de sérénité musicale particulièrement aboutie.

Yves Dorison


https://www.nguyen-le.com/


  YURI GALKIN . For its beauty alone

Autoproduction

Yuri Galkin : contrebasse, basse, voix
David Binney : saxophone alto
Matt Mitchell : piano, prophet 6
Rudy Royston : batterie

Accompagné par quelques uns des musiciens new yorkais très en vue ces dernières années, le musiciens russe, établi dans la grande pomme, livre un disque issu de ses réflexions sur le monde tel qu’il va (ou ne va plus). Lui et ses acolytes favorise les atmosphères denses mais éloignées de toute lourdeur grâce à une écriture limpide, intelligible. Rudy Royston rayonne dans chacune de ses interventions, Matt Mitchell harmonise à la perfection, David Binney habille la conversation musicale sans afféterie mais pas sans imagination et Yuri Galkin dirige l’ensemble avec un à propos et une science convaincants. Manifeste sincère d’un musicien concerné, cet album ne manquera pas d’intéresser biens des amateurs de jazz contemporain adeptes du genre et de l’esthétique qu’il véhicule.

Yves Dorison


http://www.yuriygalkin.com/


  MICHAEL GREGORY JACKSON CLARITY QUARTET . WHENUFINDITUWILLKNOW

Golden Records

Michael Gregory Jackson : guitares, voix
Niels Praestholm : contrebasse
Simon Spang Hanssen : saxophone
Matias Wolf-Andreason : batterie

Michael Gregory Jackson est de retour ! (Il est bien question ici du guitariste M-GJ., accessoirement vocaliste et non du défunt danseur et chanteur, MJ !). Un musicien définitivement inclassable qui ne choisit pas entre musiques électriques post-Hendrix (le terme de fusion serait vraiment un raccourci inapproprié) et les musiques « créatives » qu’il fréquenta avec passion dans les seventies. Il s’est toujours moqué des barrières et des frontières entre les genres et les peuples (du free à Milton Nascimento). C’est sans doute pour cela qu’on le retrouve à la tête d’un quartet aux trois quarts danois, cet excellent Clarity Quartet. C’est également l’occasion de retrouver Simon Spang Hansen, saxophoniste justement réputé qui a beaucoup joué en France puisqu’il fit partie (entre autres) de L’Orchestre National de Jazz de 1991 à 1994 sous la direction de Denis Badault. Ce disque au titre apparemment imprononçable (quand vous l’aurez trouvé, vous saurez !) présente une série de compositions qui sont autant d’hommages à des amis chers parfois disparus (Geri Allen et Fred Hopkins...) et plus généralement à un éclectisme musical qui a toujours fait la richesse du travail du guitariste. Ce disque très réussi, gorgé de blues et d’énergie nous rappelle que Michael Gregory Jackson est toujours là, lui qui est entré dans l’histoire du jazz contemporain en fréquentant les "Wildflower Sessions" dans le loft de Sam et Beatrice Rivers dans les années 70 (avec A. Braxton, Wadada Leo Smith et tant d’autres) est resté intègre et ouvert. Une belle marque de vitalité !

Thierry Giard


michaelgregoryjackson.com . itunes.apple.com/whenufindituwillknow


  CHARLES WILLIAMS . Flavors of Jazz

Charles Williams : piano
DeAndre Manning : basse
Mike Warren : batterie

Charles Williams est né à Kansas city il y a quelques décennies déjà, mais sa musique n’était pas encore parvenue à nos oreilles. C’est chose faite avec ce disque en trio où la guitare basse remplace la contrebasse avec une élégance notable. C’est ssez rare pour être signalé. Bien sûr, quand on pense Kansas city, on pense swing, on pense groove. Charles Williams en a plein les doigts, du swing, et du groove aussi. Pianiste attitré du Kansas City Jazz Orchestra, ce n’est que son deuxième album en leader mais cela ne manque pas d’intérêt, notamment pour celles et ceux qui affectionne le jazz mainstream et les belles mélodies, notamment grâce à une playlist éclectique. Au piano ou au piano électrique, il fait montre d’une science acquise au long cours. C’est toujours clair et précis, évident en quelque sorte, pour le meilleur. Cela ne gâche rien et ses deux collègues, dans leur genre, l’accompagnent avec justesse et précision. Aucune révolution esthétique n’est à attendre dans ce CD mais il nous fait souvenir d’une tradition vivace qui nous fait immanquablement claquer des doigts et sourire. It’s a wonderful world, isn’t it ?

Yves Dorison


https://www.charleswilliamspiano.com/


  TYPICAL SISTERS . Hungry Ghost

Autoproduction

Gregory Uhlmann guitare
Clark Sommers : basse
Matt Carroll : batterie

Voilà un disque aux sonorités particulières, sonorités évoquant de multiples univers musicaux avec, entres autres, des accents mélodiques issus du rock et du folk. Notablement enraciné dans le jazz par l’improvisation, ce trio créé il y a une dizaine d’année à Chicago à des idées musicales séduisantes et l’ensemble est assez original pour que l’on ait du mal à raccrocher ces musiciens à une influence plutôt qu’à une autre. Très bien produit, il donne à écouter des morceaux à la narration complexe mais pas incompréhensible ni fastidieuse. Les atmosphères sont les proies faciles des musiciens qui aiment visiblement jouer sur le contraste. C’est très actuel par le propos et artisanal à la fois, c’est du moins l’impression que cela nous a donné. C’est aventureux sans être débridé et finalement attrayant à bien des égards, et surtout par cet étonnant lyrisme abstrait qui caractérise le trio. Pour tout dire, c’est malaisé d’écrire longuement sur un tel disque. Il vaut mieux l’écouter et se faire sa propre idée. Vous ne manquerez pas de le faire.

Yves Dorison


http://www.gregoryuhlmannmusic.com/typicalsisters/


  KUHN FU . Chain the snake

Berthold Records

Christian Kühn : guitar, voix
Ziv Taubenfeld : clarinette basse
Esat Ekincioglu : contrebasse
George Hadow : batterie

Un allemand, un israélien, un turc et un anglais, plutôt jeunes, embarquent ensemble dans une aventure musicale qu’ils qualifient eux-mêmes de « paranoid prog punk jazz performance », cela vous tente ? Vous ne devriez pas vous en priver. Ils naviguent dans des eaux assez troubles pour être honnêtes. Ils ne manquent pas d’énergie mais savent aussi tricoter les notes avec un évident savoir faire. Ils sont furieusement eux-mêmes et il est probable qu’on leur ait tapé sur la tête, dans leur prime enfance, avec un disque de Nina Hagen. C’est la première chose à laquelle nous avons pensé en écoutant ce disque, allez savoir pourquoi. Peut-être à cause d’un sentiment de grande liberté musicale, de liberté tout court, car rien n’est tiède dans cette musique excessive qui distribue les baffes avec une belle constance. On pourrait également y trouver du Ribot punk ou du Steve Bernstein rigolard. Il est plus que probable que ce soit simplement du Kühn Fu, un nouveau genre musical qui dédramatise l’hystérie et les syndromes avoisinants à coup de rythmes syncopés et de couleurs tachistes entrecoupés de pauses propices au repos des neurones en mal de paix intérieure. Bref, ça fait du bien par où ça passe (entre les oreilles, ndla), comme un vrai courant d’air frais au beau milieu d’une insupportable canicule. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter. Mieux vaut jubiler.

Yves Dorison


http://kuhnfumusic.com/


  ALVIN QUEEN TRIO . OP. A tribute to Oscar Peterson

Stunt Records

Alvin Queen  : batterie
Zier Romme Larsen : piano
Ida Hvid : contrebasse

Si nous ne connaissions pas encore la contrebassiste Ida Hvid et le jeune pianiste Zier Romme Larsen, Alvin Queen, lui, cela fait un bail qu’on l’entend sur un nombre conséquent de CD peuplant les étagères de notre discothèque. Et le revoilà pour un hommage à son ami Oscar Peterson, hommage respectueux avec des acolytes qui ne déméritent pas. On retrouve avec plaisir quelques uns des morceaux emblématiques du pianiste canadien, tel Wheatland, Cakewalk, You look good to me ou encore Hymn to freedom. Les trois musiciens livrent là un jazz bourré de groove et swing, un jazz à la pétulance communicative qui s’écoute sans déplaisir aucun. L’expérimenté Alvin Queen a toujours un élastique dans les poignets et sa conduite des affaires est très pointue. Mais comme il est un batteur orthodoxe, il a quelquefois une tendance à l’expressivité un poil envahissante. Mais cela, ça fait aussi partie du jeu et de ces atmosphères nous ramenant quelques décades en arrière… Rien de grave donc. Et si la paire danoise qui l’accompagne à une présence solide et par moment assez séduisante, elle ne fait pas oublier le mythique Oscar, l’intersidéral Niels Henning Oersted Pedersen et l’alchimie qui prévalait dans leurs échanges musicaux.

Yves Dorison


https://en.wikipedia.org/wiki/Alvin_Queen


  ØYVIND TORVUND . The exotica album

Hubro

Øyvind Torvund : compositions
Kjetil Møster : saxophones et électronique
Jorgen Træen : synthés modulaires et électronique
BIT20 Ensemble : direction Trod Madsen

A l’avant-garde toute ! L’on nous assure dans le texte promotionnel que la musique de Oyvind Torvund pourrait être située entre Martin Denny (1905-2011) et Stockausen en goguette avec John Zorn. Ce qui est plutôt classe, voire même totalement fancy, comme ils disent maintenant dans les cercles autorisés. De fait, cette musique est propice à l’activation de l’imaginaire et chacun trouvera en elle des références qui lui sont propres (ou sales). Dans ces constructions sonores et néanmoins musicales, qui sait si vous ne verrez pas une (per)version scandinave et vingt-et-unièmesque de Pierre et le loup. A moins que ce ne soit la vision d’un petit chaperon rouge ayant autant de malheur dans sa vertu qu’une Justine sadienne qui prévale dans votre esprit. D’autres entendront, qui sait, les réminiscences hollywoodiennes de films de série B ou de cartoons en noir et blanc. Mais vous conviendrez tous que cette musique, sorte de collage rétro-moderniste aux références multiples, va bien au-delà du pastiche et que son originalité ne laisse personne insensible. Ou alors, et c’est possible, vous n’auriez aucune imagination et votre vie serait un enfer baignant dans la grisaille valiumesque et l’uniforme monotonie. Nous, nous allons faire une deuxième écoute car il nous a semblé croiser Mary Poppins sous LSD et Angela Merkel chantant en duo avec Lapin malin. A vérifier.

Yves Dorison


http://oyvindtorvund.com/


  ÉMILIE CALMÉ. Flûte poésie


Continuo Jazz

Émilie Calmé : flûtes & bansuri
Laurent Maur : harmonica
Alain Jean-Marie : piano
Gilles Naturel : contrebasse
Lukmil Perez : batterie

Dans le jazz, les flûtistes ne sont pas légion et Émilie Calmé en est une que nous découvrons avec cet enregistrement et l’on ne s’en plaint pas. Inscrit dans la tradition du jazz mainstream avec un répertoire de standards soigneusement sélectionnés, son disque fait la part belle à la douceur d’un swing aérien des plus délectables. Le velouté de son instrument, la limpidité des lignes mélodiques qu’elle donne à écouter sont d’autant plus réjouissantes qu’elle est entourée de grands musiciens avec lesquels elle fait jeu égal. Si nous ne connaissions pas l’excellent harmoniciste Laurent Maur, nous avons apprécié son jeu sans afféterie. Quant à Alain Jean-Marie et à sa capacité hors norme d’aller à l’essentiel avec un raffinement qui n’appartient qu’à lui, qui dire sinon qu’il magnifie toujours la musique dans laquelle il s’engage. Nous avons de même été convaincus la rythmique, que ce soit le précis et inspiré Gilles Naturel à la contrebasse ou le très subtil et chantant Lukmil Perez à la batterie. A eux cinq, au gré des plages, il offre un jazz bienvenu et délibérément atemporel qui ne manque pas de chaleur.

Yves Dorison


https://www.emiliecalme.com/


  SHAULI EINAV . Animi

Berthold Records

Shauli Einav : saxophones ténor et soprano
Tims Collins : vibraphone
Andy Hunter : Trombone
Yoni Zelnik  : contrebasse
Guilhem Flouzat : battterie

Fayçal Salhi  : oud – invité.

Voilà un disque dont la musique est fort bien arrangée et puise à diverses sources de richesses modales et autres subtilités rythmiques sur lesquelles elle arrive à innover. Ce n’est jamais simple d’être original mais Shauli Einav arrive à nous faire croire que son jazz à des caractéristiques qui lui sont propres. Avec un line-up international, lui et son groupe parviennent à une cohérence de tous les instants assez exemplaire. C’est foisonnant, bourré d’énergie positive et véritablement expressif. Sur les tempi lents, le quintet met en avant la finesse d’exécution qui le singularise et offre aux solistes des espaces propices aux improvisations les plus abouties. Tous sont clairvoyants, réactifs, (mention spéciale au vibraphoniste Tim Collins) et nous donnent quelquefois l’impression d’écouter un album atypique et vigoureux du jazz américain des années soixante dans ce qu’il avait d’expérimental (du côté des Booker Little et autres Oliver Nelson et George Russell) ; ce qui n’est pas pour nous déplaire d’ailleurs. Shauli Einav conserve malgré tout, notamment grâce à ses racines, une voix personnelle qui démarque son projet de bien d’autres, plus consensuels et, pour tout dire, assez indigestes. A découvrir prestement.

Yves Dorison


https://www.shaulieinav.com/


  SEAN NOONAN PAVEES DANCE . Tan man’s hat

RareNoiseRecords

Malcolm Mooney : voix
Jamaaladeen Tacoma : basse
Ava Mendoza : guitare
Alex Marcelo : claviers
Sean Noonan : batterie, voix, compositions

S’il fallait trouver une trace de jazz dans le deuxième album du groupe Pavees Dance de Sean Noonan, nous irions la chercher du côté de l’aventureuse liberté qui anime le groupe. Mais c’est bien tout. Tan man’s hat est un disque de rock progressif et psychédélique et avant-gardiste et bruitiste et sonique et caetera. Est-ce que c’est grave ? Non. C’est même plutôt jouissif ce pseudo bordel musical à la spontanéité parfaitement arrangée et conduite de main de maître. Les sensibles du pavillon s’abstiendront et on ne leur en tiendra pas rigueur car cette musique, souvent hypersonique, fuse de toutes parts avec un intrépide entrain et une conviction farouche. Les atmosphères sont conséquemment régulièrement saturées et lourdes de son, ce qui ne les empêchent pas d’être lisibles et bourrées de détails appréciables qui mettent en exergue un réel savoir-faire. C’est donc nécessaire de le signaler et de d’écrire que ce n’est jamais foutraque et punk (on n’a rien contre) car les musiciens qui officient-là sont d’un calibre dans l’expérimentation tout azimut qui les dispense de faire semblant (ou n’importe quoi). Un disque vitaminé, non dénué d’âme et de sens qui fait autant dans la dentelle que le frontal. En un mot réjouissant.

Yves Dorison


www.rarenoiserecords.com/sean-noonan


  BEAN SOUP . Odidrep

Camille Productions

Michel Bescont : Saxophone ténor
Michel Bonnet : trompette
Jacques Schneck : piano
Leigh Barker  : contrebasse
Stéphane Roger : batterie

Il est dit dans le livret que ce disque emprunte les chemins parcourus par Coleman Hawkins dans les années quarante et c’est bien de cela qu’il s’agit. Toutes les compositions ou presque sont du saxophoniste précité et ce sont des standards, point barre, de ceux que l’on reconnait toujours mais dont on n’arrive jamais à se souvenir du titre sans se creuser la tête, ce qui énerve vraiment, mais alors vraiment… Le quintet se les approprie sans difficulté et fait ressurgir l’esthétique d’une époque révolue où chaque musicien tient sa place et pas une autre entre swing millésimé et bop nouveau né. C’est donc l’album revival d’un jazz classique qui a eu son heure de gloire quand nos grands parents étaient jeunes et beaux. Ceci dit, les cinq musiciens qui officient dans ce CD connaissent parfaitement tous les rouages de cette musique et ils l’exécutent à la perfection. Si vous êtes un nostalgique invétéré, cet album est pour vous. Si vous êtes un néophyte avide de connaissances, ce disque est également pour vous. Bref, soyez curieux.

Yves Dorison


https://fr-fr.facebook.com/camilleproductions/


  THIERRY ELIEZ TRIO . Improse extended

Dood Music

Thierry Eliez : piano
Ivan Gelugne : contrebasse
André Ceccarelli : batterie

Thierry Eliez est l’un des pianistes les mieux cachés de la scène française. C’est d’autant plus étonnant que son parcours est riche et d’une grande variété. Quoi qu’il en soit, il propose avec ce deuxième album, à la suite d’un premier album en solo (Improse), une somme de figures plus ou moins abstraites d’une grande élégance et d’une sensibilité affirmée. Très brillamment accompagné par une rythmique minutieuse à l’unisson de son lyrisme discret, le natif d’Arcachon offre un disque captivant qui séduira sans coup férir tous les adeptes d’une musique improvisée d’un aspect aussi simple à l’écoute qu’elle est élaborée. A notre avis, ils en redemanderont. Très imaginatives, ses compositions savent mêler les climats en allant de la densité intense à la subtile légèreté de l’expressivité la plus franche. A la tête d’un trio parfaitement homogène et d’une musicalité remarquable, Thierry Eliez apparait là comme un musicien qu’il est impératif de mieux connaitre. Vivement recommandé.

Yves Dorison


www.thierryeliez.com/


  PAUL DIETRICH JAZZ ENSEMBLE . Forward

Paul Dietrich Music

Greg Ward, Corbin Andrick, Tony Barba, Dustin Laurenzi & Mark Hiebert : saxophones
Andy Baker, Jamie Kember, Kurt Dietrich & Tom Matta : trombones
Chuck Parrish, Russ Johnson, Jessica Jensen, Eric Siereveld & David Cooper : trompettes
Matt Gold, Carl Kennedy, John Christensen &Clarence Penn : Section rythmique
Megan Moran : voix

Avec cet enregistrement, le trompettiste Paul Dietrich donne à écouter un premier disque en big band très homogène. Proche de l’esthétique d’une Maria Schneider ou encore d’une Christine Jensen (il y a pire comme référence…), ses compositions se révèlent pour le moins plaisantes. Riches de nuances, elles font la part belle aux mélodies exécutées par des musiciens en tous points remarquables. Le drumming de l’invité, Clarence Penn, est indiscutablement un plus pour cet orchestre qui ne craint pas d’être lyrique. La structure des morceaux ne manquent de subtilité et il est aisé de se laisser convaincre par leur caractère propre. Peut-être manque-t-il un grain de folie dans cet album au demeurant intéressant dans ses textures comme dans ses formes.

Yves Dorison


http://www.pauldietrichjazz.com/


  NAYSING . Mr TG

Autoproduction

Naysing  : voix
Damien Argentieri : claviers
Fabricio Nicolas : basse
Soheil Trabrizi Zaddeh : Guitare, trompette
Lionel Boccara  : batterie

Encore un artiste que l’on découvre par la magie de la boite aux lettres, le chanteur Naysing pour le citer, lauréat de Crest jazz voal en 2000. Entouré par une équipe de musiciens groovy, il met son talent vocal au service du jazz et d’un esprit soul discret mais efficace pour un disque hybride qui s’écoute volontiers. Sur des compositions originales du groupe et quelques reprises bien en place, sa voix claire et juste, sa diction, portent un ensemble musical qui détient quelques atouts qui pourront séduire les auditeurs. Il ne tient qu’à vous de le découvrir.

Yves Dorison


https://www.naysing.com/


  ANDREA MOTIS . Do outro lado do azul

Universal

Andrea Motis : Chant, saxophone alto et trompette
Joan Chamorro : contrebasse
Mathieu “Tétéu” Guillemant : guitare 7 cordes, voix
Josep Traver : guitares
Ignasi Terraza  : piano
Gabriel Amargant : clarinete
Christophe Mallinger : violon, mandoline, voix
Esteve Pi : batterie
Sergio Krakowsky : pandeiro, voix
Fernando Del Papa : cavaquinho, voix
Martin Heinzle : contrebasse, titre 3
Carla Motis : guitare électrique et voix, titre 9

La jeune prodige catalane de 22 ans encensée par Quincy Jones lui-même, après un disque remarqué chez Impulse, passe chez Universal et publie un disque aux accents de bossa et de samba (mais pas que) avec son groupe de musiciens habituels, à peine élargi à d’autres timbres plutôt bien choisis. Elle y manie la voix et la trompette avec douceur, le saxophone alto aussi. Pas de surenchère dans cet album. Tout est calme, reposé, et ce n’est pas désagréable car toujours très musical. Qu’elle chante en portugais, en espagnol ou en catalan, sa voix conserve ses caractéristiques propres. L’ensemble parait sincère. On lui souhaite de ne pas se perdre en route, de résister au star system, et de garder intacte sa fraîcheur et sa passion évidente pour la musique.

Yves Dorison


https://andreamotis.com/fr/


  Jon LUNDBOM & BIG FIVE CHORD . Harder on The Outside

Hot Cup Records

Jon Lundbom : guitare
Justin Wood : saxophones alto et soprano
Bryan Murray (a.k.a. Balto Exclamationpoint) : saxophones ténor et balto !
Moppa Elliott : contrebasse
Dan Monaghan : batterie

Le guitariste texan Jon Lundbom a fondé son "Big Five Chord" en 2003 et cet enregistrement réalisé en session live en studio au cours de l’été 2018 est le neuvième album de cette formation particulièrement robuste. Dans un esprit très libre encadré par une exigence artistique incontestable, Jon Lundbom arrime sa musique à l’esprit du jazz pour la laisser tanguer entre rock rude et free sauvage. Il n’est donc pas surprenant qu’on trouve à ses côtés le contrebassiste Moppa Elliott (cf. le groupe Mostly Other People Do The Killing) ainsi que le saxophoniste Bryan Murray, un artiste polyvalent biberonné à la musique d’Albert Ayler, inventeur du balto !, sax alto à bec de baryton avec anche en plastique ! Malgré son apparence assez composite, on est frappé par la sobriété d’une musique qui s’écoule avec un grande limpidité : tout est clair et lisible, audible, même quand on frôle le chaos. Cette cohérence réside sans doute dans l’équilibre entre la souplesse d’une rythmique qui revient souvent à la simplicité du blues et la liberté mélodique de solistes-défricheurs toujours inspirés qui savent jouer collectif. Voilà encore une formation qu’on aimerait écouter sur les scènes françaises (avis aux programmateurs curieux et audacieux... qui sont si rares !). En tout cas, Jon Lundbom est un sacré guitariste, ses complices sont brillants et ce disque est don vivement conseillé !

Thierry Giard

PS : vient de paraître "Beats by Balto ! Vol. 1", la musique du Big Five Chord remixée par Bryan "Balto !" Murray (Chant Records, ici...).


www.jonlundbom.com . www.bryanmurray.net . www.moppaelliott.com