Il y aura toujours un disque à offrir, à Noël ou non d’ailleurs. Culture Jazz vous donne quelques pistes propres à émouvoir et à faire vibrer toutes oreilles disponibles sur la planète terre et ailleurs aussi, si nécessaire. Nous ne sommes pas sectaires. En plus, il y a beaucoup d’Erroll Garner à caler sous le sapin.
| 00- MARTA SÁNCHEZ QUINTET . El Rayo De Luz - OUI !
| 01- TIGER TRIO . Map Of Liberation
| 02- ROBERT DICK - MIYA MASAOKA - JOËLLE LÉANDRE . Solar Wind
| 03- L’AMI JOUE MONK . Atelier de Musiques Improvisées – 30ème anniversaire
| 04- Alice ZAWADZKI . Within You is a World of Spring
| 05- MUSINA EBOBISSÉ QUINTET . Timeprints
| 06- LA TABLE DE MENDELEÏEV & ANDREA PARKINS . VII – Liber Azoth - OUI !
| 07- WOJTEK MAZOLEWSKI Quintet . When Angels Fall - OUI !
| 08- PIERRICK HARDY ACOUSTIC QUARTET . L’ogre intact
| 09- ERROLL GARNER . Dreamstreet
| 10- ERROLL GARNER . Close up in swing
| 11- ERROLL GARNER . One world concert
| 12- ERROLL GARNER . A new kind of love
| 13- ERROLL GARNER . A night at the movies
| 14- ERROLL GARNER . Campus concert
| 15- DANIEL ZIMMERMANN . Dichotomie’s - OUI !
| 16- SONAR - DAVID TORN . Tranceportation, Volume 1
| 17- XXL . Des enchantés du bocal
| 18- EMMELUTH’S AMOEBA . Chimaera
| 19- IVO PERELMAN / MATTHEW SHIPP . Live in Nuremberg - OUI !
| 20- AVA TRIO . Digging the sand
Fresh Sound New Talent
Marta Sánchez : piano, compositions
Chris Cheek : saxophone ténor
Roman Filiu : saxophone alto
Rick Rosato : contrebasse
Daniel Dor : batterie
Sans vouloir raconter ma vie, je vous dirai quand même que je me prépare chaque mois une liste de lecture numérique que je lis en aléatoire. Chacun sa technique pour écouter les nombreux disques (ou fichiers digitaux) que nous recevons. Quand mes oreilles m’alertent à plusieurs reprises sur le même disque, je sais qu’il faudra y regarder de plus près. C’est ainsi que je me régale depuis quelque temps avec la musique de Marta Sánchez, pianiste madrilène installée à New York qui a accompagné ma dernière migration automobile. Ses thèmes semblent couler de source, l’harmonie, le rythme, la mélodie, tout est là pour rassurer. Pourtant, c’est un torrent tumultueux, joyeux, libre qui se forme et nous emporte. Marta Sánchez est diabolique ! Elle sait amadouer et séduire pour nous emmener dans son univers nourri par une grande culture pianistique au service d’une écriture audacieuse. On écoutera avec attention comment le piano trouve sa place, occupe les espaces, lance des piques mouchetées et comment réagissent les deux saxophonistes dont les voix s’associent ou s’opposent au gré des mélodies (Chris Cheek, toujours magistral !). Ce quintet est un exemple de cohésion et d’intelligence. Un bel hommage au jazz qui avance et écrit son devenir.
Thierry Giard
www.martasanchezmusic.com . martasanchezquintet.bandcamp.com
RogueArt
Joëlle Léandre : contrebasse
Myra Melford ; piano
Nicole Mitchell ; flûtes
Nous avions écouté il n’y a pas si longtemps le Tiger Trio chez Hélène Azziza qui nous avait prouvé que la musique n’avait pas de genre mais était avant tout pourvoyeuse de sensations. Nous retrouvons sur ce disque les images de ce concert, à savoir « De la douceur à la gifle, de la caresse aux poings, de la finesse à la sauvagerie, Rage et fureur, swing, accents chaloupés, rupture » et surtout le sentiment de la maturité. Force est de constater que nous ne nous étions pas trompé et outre le fait que nous connaissions déjà Nicole Mitchell et Joëlle Léandre nous avions découvert à l’occasion Myra Melford et c’est ici l’occasion de scruter avec un peu plus d’attention son jeu qui ici se révèle de bout en bout passionnant, passant de l’atonal au tonal, du jazz aux musiques d’inspirations européennes (dans le sens le plus large) avec la plus grande des finesses, une pianiste à découvrir et un disque à écouter et des musiciennes à aller voir en vrai….
http://www.myramelford.com/ https://www.nicolemitchell.com/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Jo%C3...
Not Two Records
Robert Dick : flûtes, flûte piccolo, voix
Miya Masaoka : koto
Joëlle Léandre : Contrebasse
L’essence de la musique de Joëlle Léandre est celle des rencontres, avec elle même mais qui se conjugue aussi avec ou contre les autres ce qui revient au même. En cet opus qui semble être survenu si l’on ose dire à l’improviste, mais qui n’a surtout rien de gratuit ni de hasardeux, l’osmose ne se traduit pas dans les notes elles même mais bien plutôt entre elles ; en soit les gestes techniques indispensables, leurs traductions sonores ne sont pas l’essentiel, l’expression se trouve ailleurs dans l’inexprimable sinon autant utiliser les mots. Il faut d’abord oser, se livrer au cours des choses, être sans peur, décider que ça vaut le coup, que rien n’est mortel et que nous ne sommes pas immortels. La différence entre une tradition figée et une certaine forme de liberté se trouve peut être là. Responsabilités à titre individuel, le collectif dans ce tropisme ne peut que suivre non pas comme un fleuve tranquille mais comme une évidence. Des flutes, instrument des plus emblématiques, au koto et à la contrebasse les tissages, les métissages et au delà les expériences sont sans fin…On peut même y trouver du burlesque façon Chaplin. Toujours est il que nous avons là une pièce supplémentaire du voyage anti-touristique de Joëlle Léandre, une pièce du puzzle commencé depuis plus de 40 ans.
Pierre Gros
http://robertdick.net/ http://miyamasaoka.com/
Label Durance / Absilone
Julien Labergerie : saxophone alto, clarinette basse, arrangements
Didier Castelle : saxophone alto
Jean-Claude Bersegol : saxophones alto et baryton
Marc Guionnet : saxophone ténor
Sylvain Schenkery : clarinette basse
Yves Roux : harmonica
Jean-Bernard Oury : trompette
Xavier Jeanningros : guitare
Bruno Chiambretto : guitare
Alain Soler : guitare, orgue, arrangements
Fred Garnier : guitare
Lionel d’Hauenens : basse
Vincent Ghigo : basse
Olivier Chabasse : contrebasse, violoncelle
Sidonie Fenerol : piano
Michel Chauvin : percussions, hang drum
Anthony Soier : batterie
Capucine Ollivier : voix
Michel Ivonio : poésies
"Le jazz, ça marche avec l’affection" nous disait Alain Soler, chef de file des semeurs de jazz dans la vallée de la Durance (lire ici - CultureJazz 2011). L’affection et le temps qui passe, ça enracine les amitiés. Et l’amitié, à l’A.M.I. [1] dans "le 04", c’est le fertilisant de la créativité. Créé en 1989, l’Atelier de Musiques improvisées fête ses trente ans avec un hommage à Thelonious Monk, occasion de réunir des formations à effectif variable dans un jeu de couleurs et de formes très réussi. La musique du pianiste est un prétexte pour mettre en action les lignes fortes du travail de l’A.M.I. dans une articulation respectueuse mais aussi audacieuse entre la musique du passé et l’irrésistible avancée du jazz. Pas étonnant alors que les premières notes soient jouées à la basse électrique, un instrument dont Alain Soler reste un ardent défenseur ! Le swing de 52nd Street Theme met en valeur l’harmonica est l’incontournable clin d’œil à Toots Thielmans, musicien fondamental dans l’histoire de l’association. Monk’s Mood crée une ambiance diffuse autour de la voix de Capucine Ollivier, remarquable interprète du jazz dont on ne peut que regretter la trop grande discrétion mais qui joue un rôle essentiel dans sa vallée. Une belle histoire de copains, d’amis et de famille aussi (Anthony Soler officie aux côtés de papa et pose une magistrale assise rythmique, souvent funky-groovy, dans l’air du siècle...). En conclusion au clair de lune avec les montagnes à l’horizon, Capucine Ollivier nous offre un Round Midnight assez renversant et émouvant. Voilà des gens qui ne manquent ni de sensibilité, ni d’audace, ni de courage. Un bel exemple de réussite ! Un joyeux anniversaire !
Thierry Giard
Whirlwind Recordings
Alice Zawadzki : voix, violon, piano, compositions
Rob Luft : guitare
Fred Thomas : batterie, piano, percussions, banjo
Misha Mullov-Abbado : contrebasse
Hyelim Kim : taegum
Simmy Singh, Laura Senior : violon
Lucy Nolan : alto
Peggy Nolan : violoncelle
Cinq ans après un premier album sur le même label Whirlwind Recordings, Alice Zawadzki nous donne l’occasion d’entrer dans son univers assez insolite. Comme nous ne connaissions pas le précédent opus, celui-ci nous permet donc de découvrir une musicienne aussi talentueuse que polyvalente. Compositrice, violoniste, pianiste, Alice Zawadzki s’impose aussi grâce à sa voix sensible et chaleureuse. Avec une assurance remarquable, elle apporte une pierre déterminante à l’édification jamais achevée d’un troisième courant entre jazz, musique classique (contemporaine) sans écarter l’esthétique du rock et de la pop-music intelligente. Elle emmène l’auditeur dans des territoires musicaux chatoyants au fil de compositions qui se déroulent souvent comme des suites qui comportent une dimension narrative parfois dramatique et pourquoi pas, un rien romantique (là où cette musique dérive un tantinet)... On n’est pas très loin de Joni Mitchell mais avec une empreinte européenne qui donne toute sa singularité à une musique très séduisante écrite et arrangée avec un vrai talent. À écouter sans hésiter !
Thierry Giard
alicezawadzki.bandcamp.com/within-you-is-a-world-of-spring
Double Moon – Challenge Records
Musina Ebobissé : saxophone ténor, composition
Olga Amelchenko : saxophone alto
Povel Widestrand : piano
Igor Spalatti : contrebasse
Moritz Baumgärtner : batterie
La série Next Generation du label allemand Double Moon présente des talents prometteurs repérés en collaboration avec le magazine Jazz Thing. Une fois n’est pas coutume, c’est le saxophoniste franco-camerounais Musina Ebobissé qui est à l’honneur dans ce 79ème volume de la série. Une belle découverte pour nous mais à y regarder de plus près, ce musicien natif de Saverne a eu d’excellents maîtres lors de sa formation au Conservatoire de Strasbourg. Travailler avec Bernard Struber, Michaël Alizon et les autres membres de la solide équipe du département jazz, ça laisse des traces. Depuis cinq ans, il s’est installé à Berlin et profitant du bouillonnement jazz fertile de la ville, de l’enseignement de John Hollenbeck ou Jim Black (entre autres), il a constitué ce quintet très international (Russie, Suède, Allemagne et France) qui démontre avec "Timeprints" sa grande cohésion. Brillant compositeur, Musina Ebobissé a élaboré une matière musicale qui permet d’établir une connexion étroite entre écriture et composition. Très complices et inspirés dans leur expression soliste, les cinq musiciens sont parfaitement soudés dans le jeu collectif sur des pièces contrastées aux architectures travaillées. Une formation à ne pas perdre de vue : on attend la suite...
Thierry Giard
www.challengerecords.com/Musina-Ebobisse
L’Arbre Canapas / Les Allumés du Jazz
Andrea Parkins : accordéon, MAO
Christophe Gauvert : contrebasse
Guillaume Grenard : compositions, trompette, trompette à coulisse
Fred Meyer : guitare
Thibaut Martin : batterie
Alors ? La Table de Mendeleïev, ça vous parle ? Pour nous, cela fait presque dix ans que nous révisons la Tableau périodique des éléments chimiques grâce à cette formation Rhône-alpine, depuis le volume II de leur discographie, "Atalanta Fugiens". Pour cette septième étape de leur mise en musique des éléments chimiques, la présence d’une magicienne du son et des langages du jazz le plus improvisé est précieuse. Andrea Parkins a plus d’un tours dans son grimoire, elle l’a démontré avec Ellery Eskelin, Jim Black ou Fred Frith. Le soufflet de son accordéon prolongé par un mystérieux dispositif électro acoustique attise la vivacité rageuse du quatuor soudé par deux lustres d’expérience commune. C’est Guillaume Grenard qui tient la plume d’une main assurée pour composer la suite en trois parties qui est ici exposée. Avec le temps, il s’avère que sa collaboration avec l’ARFI [2] lyonnaise laisse des traces. Les auditeurs fidèles du Workshop de Lyon, du Marvelous Band, de la Marmite Infernale ne seront pas désorientés dans un univers dont la chimie est porteuse de mémoire autant que d’innovation. Alors, ne passez pas à côté de "Liber Azoth" qui vous donnera sans doute l’envie d’écouter d’autres opus du cheminement discographique de ce quartet ( 3 albums téléchargeables gratuitement sur le site du label, ici !).
Thierry Giard
www.arbre-canapas.com/la-table-de-mendeleiev
Whirlwind Recordings
Wojtek Mazolewski : contrebasse
Oskar Torok : trompette, électronique
Oba Janicki : batterie, percussions
Joanna Duda : Wurlitzer, piano
Marek Pospieszalski : saxophone ténor
Sans doute notre "choc" du mois comme dirait notre camarade Franck B. (chez Jazz.M. bien sûr)* ! Avec "Polka", le précédent album du quintet du contrebassiste polonais Wojtek Mazolewski, nous avions perçu que cette musique était vraiment sur le dessus du panier très garni du jazz d’aujourd’hui (12/2018- un écho ici !). Pensez donc, ce musicien a pour mentors l’Art Ensemble of Chicago, Charlie Parker et Sun Ra côté jazz mais aussi Led Zeppelin ou Nirvana ! Jazzman adepte de la punkitude (c’est tatoué sur ses doigts), Wojtek Mazolewski est un leader audacieux, subtil et inspiré qui n’a peur de rien mais a le sens des bonnes manières pour ne pas effrayer l’auditeur. Avec ce nouvel album, il s’est plongé dans les compositions du pianiste Krzysztof Komeda (1931–1969), musicien de jazz et compositeur de musiques de films (entre autres pour R.Polanski : When Angels Fall ou Sleep Safe and Warm ici). En partant des mélodies originales, le contrebassiste a totalement repensé ces compositions, les a adaptées et arrangées pour exploiter le potentiel créatif des membres de son quintet, tous solistes de haut vol. Une brillante démonstration de ce que peut être un travail (ou plutôt un jeu dans ce cas !) d’appropriation de thèmes pour modeler un jazz d’aujourd’hui haut en couleurs avec une grande maîtrise de la forme (des formes). Excellent !
Thierry Giard
* Un clin d’œil amical à Franck B. à qui nous souhaitons de belles "grandes vacances" !
wojtekmazolewskiquintet.bandcamp.com/when-angels-fall
Emouvance
Catherine Delaunay : clarinette, cor de basset
Pierrick Hardy : guitare, clarinette, compositions
Régis Huby : violon
Claude Tchamitchian : contrebasse
Loin des sentiers rebattus, Pierrick Hardy trace une voie musicale qui lui est propre. Nourrie d’influences diverses, elle fait appel à la composition autant qu’à l’improvisation. Et les compositions sont de celles que l’on qualifierait de fouillées. Denses et complexes, empreintes d’une forme de lyrisme brut, elles se révèlent dans leurs contrastes, contrastes qui au fil de l’album tisse une toile homogène, un univers chambriste original qui oscille en permanence entre retenue et désir d’éclat. En clair obscur, les mélodies jouées émergent comme autant d’émotions intimes qui ne se livrent qu’entre les lignes improvisées par les vents et cordes du quartet. Peuplées d’images, elles offrent une contemporanéité dont le substrat fait sens car il est toujours relié à forme d’humanité musicale que l’on affectionne tout particulièrement. Chaque instrumentiste donne en partage à ses acolytes des textures à l’épaisseur variable, vibratoire, mais jamais inégale. L’ensemble demeure cependant clair et ouvert sur des inconnus paysagers qui ne manquent pas d’attraits. La musique de Pierrick Hardy est un monde en soi qui résonne et tressaille dans un fourmillement d’idées qui dresse la carte onirique d’un espace personnel à découvrir, par une écoute répétée, bien sûr, et plaisante en diable.
Yves Dorison
Le label Mack Avenue a eu une excellente idée : proposer 12 rééditions remasterisées aux petits oignons piochées dans la discographie pléthorique d’Erroll Garner après qu’il ait quitté sa maison de disque pour fonder son propre label en 1959. Six d’entre eux sont déjà disponibles. Les autres attendront 2020. En public ou en studio, en trio ou avec orchestre, vous allez (re)découvrir un pianiste immédiatement reconnaissable et doté d’un swing énergique qui a fait pour une part son succès. Autodidacte, il a toujours dit n’avoir jamais appris à lire les partitions, mémorisant ses compositions et jouant à l’oreille. Sa technique percussive et sa dextérité l’ont rapidement démarqué dans le monde du piano jazz. Mort à 55 ans d’un cancer du poumon en 1977, il laisse à la postérité, outre son éternel sourire, un bon nombre de pépites sur lesquelles il serait triste de ne pas se pencher. Et même si c’est une musique que les moins de 80 ans peuvent par mégarde ignorer, elle demeure sensible et pétrie d’une joie de vivre qui pourra rasséréner plus d’un neurasthénique.
https://www.mackavenue.com/store/store-filtered-by-artist/erroll-garner
Mack Avenue
Erroll Garner : piano
Eddie Calhoun : contrebasse
Kelly Martin : batterie
Enregistrées le 18 décembre 1959, les bandes de Dreamstreet sont restées inédites jusqu’à ce qu’Erroll Garner retrouve le contrôle de son catalogue. Finalement publié en 1961, pour la première fois chez Octave Records, c’est le retour de Garner à son meilleur niveau. Une composition originale, "By Chance", a été ajouté à l’enregistrement originellement sorti.
Mack Avenue
Erroll Garner : piano
Eddie Calhoun : contrebasse
Kelly Martin : batterie
Enregistré le 7 juillet 1961 et également produit par Octave Records, cet album présente Erroll et son trio classique restauré et remasterisé à partir des bandes originales. Marquant le début d’une des périodes les plus prolifiques de sa vie, cette nouvelle présentation comprend la composition inédite de Garner, "Octave 103".
Mack Avenue
Erroll Garner : piano
Eddie Calhoun : contrebasse
Kelly Martin : batterie
Enregistré à l’exposition universelle de Seattle en 1962, il s’agit là du premier live de Garner… après le fameux Concert By The Sea, enregistré sept ans plus tôt et qui demeure aujourd’hui une référence incontournable. Ce n’en est pas moins un digne successeur bourré d’improvisation pyrotechniques à la sauce garnerienne. Cette nouvelle présentation comprend une version inédite de la ballade "Other Voices" de Garner, qui n’a jamais été jouée en trio.
Mack Avenue
Disque enregistré à Los Angeles en juillet 1963. On sait que la musique d’Erroll Garner convient particulièrement bien au grand écran. Elle a d’ailleurs été utilisée dans d’innombrables films au fil des ans. Dans cet album, on peut écouter la seule bande originale qu’il a jamais composée. En orchestrateur doué, Erroll Garner fait sur ce disque un usage singulier d’un orchestre de trente cinq musiciens et embarque sa musique vers des destinations assez rarement fréquentées par son trio . Sirupeux juste ce qu’il faut pour être hollywoodien, l’ensemble doit surtout aux capacités d’écriture d’Erroll Garner d’être encore écoutable.
Mack Avenue
Erroll Garner : piano
Eddie Calhoun : contrebasse
Kelly Martin : batterie
Cet album de Garner, enregistré à New York le 05 août 1964, contient de la musique des dernières sessions studio du plus ancien trio de Garner, avec Calhoun (basse) et Martin (batterie). Après près d’une décennie de tournées et d’enregistrements ensemble, le trio fonctionne parfaitement. Voici une douzaine de ses morceaux profonds préférés des films qu’il affectionnait particulièrement.
Mack Avenue
Erroll Garner : piano
Eddie Calhoun : contrebasse
Kelly Martin : batterie
Enregistré le 13 mars 1962 dans l’Indiana à la Purdue University de Bloomington, c’est le dernier album live d’Erroll Garner sorti de son vivant. Il présente le pianiste entouré de son trio classique et se produit devant un public conquis composé en majorité de jeunes fans. Cette nouvelle édition comprend une version inédite de son "La Petite Mambo", rarement enregistrée.
Label Bleu
Daniel Zimmermann : trombone
Benoit Delbecq : piano, claviers
Rémi Sciuto : saxophone basse
Franck Vaillant : batterie
Et voici un album qui ne manquera pas d’intéresser les auditeurs avides d’expériences inédites. Avec ses collègues expérimentateurs confirmés, le tromboniste Daniel Zimmermann livre un album habité de sonorités particulières, notamment celle du saxophone basse de Rémi Sciuto. Benoit Delbecq et Franck Vaillant ne sont pas en reste pour accompagner avec inventivité le jeu fluide et virtuose du tromboniste. Gorgée de mélodie, la musique circule et prend ses aises entre les courants. Qu’elle s’agite ou s’exprime dans la douceur, elle cherche les biais qui la démarquent avec un bel aplomb et tisse, petit à petit, la trame d’un univers aux reflets chamarrés. Les textures et les timbres lui offre un ensemble fibreux dans laquelle l’imaginaire du compositeur se prend au jeu de l’accroc, bloquant de-ci de-là la progression de la phrase pour mieux rebondir et la retrouver plus tard. L’on est d’abord un peu désarçonné avant d’être séduit par ces compositions car Daniel Zimmermann est un raconteur d’histoires aux chairs bien vivantes. Et comme il sait choisir les narrateurs qui l’assistent dans son projet, ses dichotomie’s, aussi bipolaires soient-elles, montre une belle unité.
Yves Dorison
https://danielzimmermanntrombone.com/wp2016/wordpress/
RareNoise records
David Torn : guitare, live looping
Stephan Thelen : tritone guitare
Bernhard Wagner : tritone guitare
Christian Kuntner : tritone basse
Manuel Pasquinelli : batterie
Chez RareNoise, les bruits sont rares, non pas qu’il y en ait peu, mais plus simplement qu’ils sont souvent originaux. Le quartet suisse Sonar est donc à sa place chez cet éditeur de musique. Comme leurs habituelles guitares ne leur suffisaient pas, les quatre membres du groupe ont invité le guitariste avant-gardiste américain, David Torn. Bien leur en pris. Au sein de cette musique répétitive, minimaliste par essence mais pas par expression, contemporaine autant qu’atemporelle, le légendaire artiste qui a travaillé avec le gratin du gratin de la musique sans frontière apporte un supplément d’âme exemplaire. Il en ressort qu’un univers se forme qui fréquente le cosmique comme d’autres vont acheter des clopes. Tout cela semble couler de source. L’hypnotique est de la partie et il creuse son lit dans les méandres mélodiques des compositions du quartet. Les idées ne se bousculent pas, elles s’agrègent jusqu’à l’évocation d’un ensemble qui fait sens. Si tension il y a, elle est sourde et continue, métronomique et propre à déconcerter en douceur l’équilibre de l’auditeur. Au final, on sort de l’écoute avec le sentiment d’avoir expérimenter en profondeur un courant musical dont l’originalité est évidente et suscite un réel intérêt. Certains seront conquis, d’autres seront totalement rébarbatifs. C’est toujours ainsi avec ce genre de musique sans concession.
Yves Dorison
Inouïe Distribution
Eric Prost : saxophone ténor
David Suissa : chant, guitare
Thibault François : guitare
Boris Pokora : saxophones
Simon Girard : trombone
Michel Molines : contrebasse
Fabien Rodriguez : Batterie, percussions
L’univers du chanteur David Suissa mitonné à la sauce jazz par le saxophoniste ténor Eric Prost, telle est le contenu de cette galette qui réunit une palette de musiciens exemplaires. Les textes tour à tour engagés ou/et poétiques du chanteur prennent une autre dimension grâce aux arrangements colorés proposés par Eric Prost et XXL. Si l’album débute assez paisiblement, l’orthodoxie à laquelle l’auditeur a pu croire s’égare rapidement dans l’énergie créatrice du groupe qui ose mélanger timbres et textures avant un à propos convaincant. La voix de David Suissa trouve naturellement sa place dans ce contexte cuivré non exempt de nuances créatives. Si la mise en commun des deux univers semble s’être faite avec aisance, il est certain que le travail en amont a nécessité un savoir-faire et une rigueur non négligeables. De la belle ouvrage pour un album hybride, actuel et pétri d’idées fortes, qui ravira les curieux et les amateurs de formations hors norme prêtes à en découdre audacieusement avec les beaux principes des puristes version canal historique.
Yves Dorison
https://www.paniermusique.fr/les-cds/4165-des-enchantes-du-bocal-xxl-3760231769349.html
Øra Fonogram
Signe Emmeluth : saxophone alto, composition
Karl Bjorå : guitare
Ole Mofjell : batterie
Christian Balvig : piano
Voici le deuxième album de la saxophoniste danoise, Signe Emmeluth avec son quartet. Dans son univers musical, l’arrière garde a été rayée des cadres mais pas les grands anciens du free jazz dont on peut entendre encore l’écho ici et là au gré des pièces présentées. Dans cet album tout est affaire d’espace et de dramaturgie Entre minimalisme presque atone et expressivité enflammée, les quatre musiciens varient les angles d’attaque afin d’installer une forme chaotique non dénué de lyrisme qui brille par la richesse de sa palette sonore. Chacun apporte sa vision originale et la met au service d’une énergie collective capable de générer une imagerie mentale fort intéressante, nappée d’ambigüité, d’incertitude, et encline aux faux fuyants paysagers. Organique sous son aspect le plus brut, la musique de Signe Emmeluth ne s’épargne aucune liberté et privilégie en toute circonstance un rapport à la temporalité qui s’échafaude au creux de l’improvisation native dans une intériorité viscérale où se mêlent les voix fortes de chacune des personnalités du quartet. Si vous préférez que la musique vous interpelle et vous questionne, vous serez à l’aise dans l’univers personnel de Signe Emmeluth.
Yves Dorison
https://www.facebook.com/emmeluthamoeba/
SMP Records
Ivo Perelman : saxophone
Matthew Shipp : piano
Qu’arrive-t-il à deux improvisateurs hors pair qui se connaissent bien quand ils se retrouvent sur scène ? Ils échangent en toute liberté leurs points de vue, les confrontent et les mêlent et, bien évidemment en profitent pour aller de l’avant, sans garde-fous, histoire d’écrire une autre page improvisée de leur histoire musicale commune. A Nuremberg, le brésilien et l’américain ont pénétré dans la friche de leurs envies, l’on déchiffrée et l’on transfigurée avec une facilité déconcertante. Ils sont symbiotiques et cela s’entend dès les premières notes. Tout comme le saxophone d’Ivo Perelman, le clavier de Matthew Shipp possède un fort tempérament qui lui permet une approche très sûre du chemin qui s’ouvre à lui. Entre outre, aussi à l’aise avec l’harmonique qu’avec le percussif, il utilise ce double aspect afin de modeler les directions multiples qu’il aime prendre, notamment en jouant sur l’impulsif. De son côté, le saxophoniste a une capacité rare à faire sortir de son instrument des sonorités particulières apportant des réponses pertinentes à son ami pianiste. De leur long échange, constitué d’histoires successives, émerge une unité poétique comme l’on n’en entend peu dans ce genre d’enregistrement. Pour nous, c’est un disque incontournable.
Yves Dorison
http://www.ivoperelman.com
http://the-art-of-improvisation.de/SMP-Label/smp-label.html
Aquadia /Marocco Music
Giuseppe Doronzo : saxophone baryton
Esat Ekincioglu : contrebasse
Pino Basile : percussions
Entre Orient et Occident, le trio AVA (un italien, un turc et un suisse) crée un univers musical à la croisée des civilisations qui n’appartient qu’à lui. Dichotomique par essence, il s’épanouit dans des mélodies fascinantes où s’invite une complexité formelle riche de textures ouvragées. De couleur, ce disque ne manque pas car les mélanges instrumentaux sont aussi efficaces qu’envoûtants. D’un titre à l’autre, les paysages changent mais pas la philosophie musicale qui les constitue. Ethnique à bien des égards, cette musique à la saveur et le caractère des métissages réussis qui plongent avec bonheur dans leurs racines diverses à des fins fédératrices. Entre rêve et mélancolie, mystère et lumière, avec une intensité variable, les membres du trio installent une esthétique éminemment personnelle au sein de laquelle l’équilibre entre le travail improvisatoire et la composition est l’élément clef d’un jazz à l’imaginaire géographique illimité. Toute de finesse et d’idée mélodique, cet album met les sens en éveil et se déguste avec un réel plaisir d’écoute.
Yves Dorison
[1] Atelier de Musiques Improvisées à Château-Arnoux-Saint-Auban, Alpes-de-Haute-Provence
[2] Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire - www.arfi.org/ -