En veux-tu, en voilà. Une jeune pousse argentine, une autre de chez nous, avec des univers originaux pour des disques de grande qualité. Une jeune allemande très en vue chez elle qui nous a semblé plus anecdotique. C’est bientôt le printemps.
| 00- JULIETA EUGENIO . Jump - OUI !
| 01- TATANKA . Forêts- OUI !
| 02- ALMA NAIDU . Alma
Greenleaf Music
Julieta Eugenio : saxophone ténor
Matt Dwonszyk : contrebasse
Johnathan Barber : batterie
Le trio saxophone / contrebasse / Batterie est exigeant avec les musiciens qui s’y collent. Dans le cas de Julieta Eugenio, jeune saxophoniste argentine installée au États-Unis, et de ses acolytes, cela se passe très bien. Là où l’on observe chez d’autres un besoin de performance survitaminée, Julieta Eugenio s’attache à développer, tout au long de l’album, une musique existentielle qui trouve ses clefs dans l’intériorité. Et c’est absolument parfait. Le swing discret porte souvent les mélodies fines et déliées vers des moments de musicalité intenses. L’interplay entre chacun des membres est particulièrement affûté et l’impression de fluidité qui en découle n’est pas qu’une impression car la musique coule véritablement comme une évidence : complexe quelquefois, mais toujours accessible, le flux musical du trio semble évoluer « in a sentimental mood » où chacun porte sa parole avec une justesse qui flirte avec l’infaillibilité. Ce disque est le premier disque de Julieta Eugenio et, de notre point de vue, avec une telle maîtrise et un tel feeling, le futur lui appartient. A ne pas manquer.
Yves Dorison
https://julietaeugenio.bandcamp.com/album/jump
La bisonne
Emmanuelle Legros : trompette, bugle & voix
Guillaume Lavergne : piano, calviers
Corentin Quemener : batterie, percussions
Avec leur deuxième album, le trio Tatanka confirme son statut particulier de formation marquée du signe indien. Avec des mélodies toujours aussi claires et des détours toujours aussi surprenants, Emmanuelle Legros et ses complices parcourent les grands espaces avec une énergie maîtrisée qui sait cependant ouvrir les possibles, et ils sont nombreux, que leur thématique permet. Entre violence passagère et introspection poétique, la musique du trio varie les timbres et les approches, constituant par là-même l’univers singulier qui est le leur. Tatanka résonne en profondeur et scintille de multiples éclats finement ciselés. Dans les vastes prairies où s’ébat le trio, de beaux moments de paix succèdent à des accès vibratoires intenses, comme quand le vent se lève et que les frissons nous rappellent à l’ordre. Dans cette immensité musicale pleine et entière, c’est l’attention portée aux détails qui l’habitent qui fait la différence. Tatanka a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et le bon goût nécessaire pour en tirer une moelle gorgée de senteurs riches. Une invitation au voyage magnifique avec en arrière-plan la grandeur de l’indianité, sa capacité à lire le monde, et, forcément, les douleurs dévastatrices que lui infligea la colonisation sans pour autant réussir à la réduire à néant.
Yves Dorison
https://www.facebook.com/TatankaTrio/
Jazzline & Leopard
Alma Naidu : chant
Simon Oslender : claviers
Thomas Stieger : basse Claus Fischer (2)
Wolfgang Haffner : Batterie
Ann Katrin Naidu, Florian Stiersstorfer, Liselotte Ostblöm : voix
Invités :
Lars Danielsson : violoncelle
Nils Landgren : trombone
Christopher Dell : vibraphone
Très prisée outre Rhin, cette jeune chanteuse, pianiste, autrice et compositrice, sort son premier album avec, allons-y carrément, quelques invités prestigieux. Sa voix de soprano est d’une clarté exemplaire, sa technique, on ne vous en parle même pas. Comme annoncé ci-dessus, elle signe les titres de cet album dont l’esthétique entre intériorité et lyrisme marquée (un peu trop quelquefois) tend à côtoyer la musique grand public plutôt que le jazz comme on l’aime. Très à l’aise en toute circonstance, la chanteuse est pour nous, à bien des moments, un peu trop démonstrative, d’autant que les compositions, bien qu’elles constituent un ensemble homogène, manque un peu d’épaisseur à notre goût. Nous ne voyons pas quoi dire de plus si ce n’est que les goûts et les couleurs… A vous de voir.
Yves Dorison