| 00- ANGELO VERPLOEGEN . When night falls
| 01- MARK TURNER . Return from the stars- OUI !
| 02- GEORGE GRYDKOVETS . Rise
| 03- THOMAS MITROUSIS QUARTET . The seed
| 04- ORD . Hemligheter på vägen- OUI !


  ANGELO VERPLOEGEN . When night falls

Just Listen records

Angelo Verploegen : bugle
Ed Verhoeff : guitare
Eric Van Der Westen : contrebasse

Bugle / guitare / contrebasse, ce n’est pas si souvent. Enregistré avec brio sur le label hollandais « Just listen Records », le disque d’Angelo Verploegen et de ses deux acolytes est une oasis dans un monde de brutes. Il ne révolutionnera pas le monde du jazz, certes, mais il est l’expression d’un jazz mainstream chambriste qui magnifie avec un savoir-faire notable les standards que l’on apprécie depuis toujours. L’on est agréablement surpris de les retrouver traités avec soins par une formation qui nous fait obligatoirement penser à Chet Baker. Ce n’est bien sûr pas du Chet, c’est autre chose. Quelque chose de paisible, de parfaitement mené de bout en bout par des musiciens en osmose qui se connaissent depuis longtemps. Évoquant le monde de la nuit dans ce qu’elle a de plus doux, le trio, grâce à un choix de titres finement élaboré, donne à écouter une musique relaxante et réconfortante entièrement tournée vers la musicalité. Nous ne connaissions pas ces musiciens hollandais bien qu’ils ne soient pas nés d’hier et nous sommes contents de les découvrir et de vous en parler. A croire que les frontières intra-européennes sont hermétiques…

Yves Dorison


https://www.facebook.com/people/Angelo-Verploegen/1595649608/


  MARK TURNER . Return from the stars

Ecm

Mark Turner : saxophone
Jason Palmer : trompette
Joe Martin : contrebasse
Jonathan pinson : batterie

Dans ce nouveau Cd, Mark Turner arrive encore à nous surprendre, notamment par ses qualités d’écriture. Dans ce quartet sans piano où il partage les soli avec le trompettiste Jason Palmer, ses compositions atteignent une fluidité nouvelle ; rien n’est simple pourtant et tout est évident dans cette musique personnelle qui permet à la rythmique (Joe Martin et Jonathan Pinson) d’être constamment créatifs, à l’image des deux soufflants qui ne se privent pas de dialoguer sans omettre jamais de vouer à l’improvisation toute la part qui lui revient. Sur l’ensemble des morceaux, les lignes mélodiques se croisent et défrichent là où ne les attend pas forcément. Ici et là, la densité augmente jusqu’à former un maelstrom aux couleurs franches qui n’étouffe jamais les nuances. L’entente entre les quatre musiciens est telle que leur musique parait souvent organique tant elle coule sans faillir ni défaillir. Ce disque est clairement un repère dans le travail de Mark Turner. Qui sait jusqu’où il nous emmènera.

Yves Dorison


https://www.facebook.com/markturnerjazz


  GEORGE GRYDKOVETS . Rise

Shifting paradigm records

George Grydkovets : guitares
Valentin Korniyenko : contrebasse
Pavel Galitsky : batterie, cymbales
Dennis Adu : trompette (7,8,10)

Est-ce la première fois que nous recevons un disque de jazzmen ukrainiens ? A notre connaissance oui. Le leader est basé à New York et le trio (augmenté d’une trompette sur trois morceaux) est originaire de Kiev. Enregistrée en août 2021, la musique est fine et souvent diaphane et aérienne, mélodique à souhait dans une ambiance globale convoquant aussi bien John Abercrombie pour l’atmosphère que Kenny Burrell pour l’économie de moyens, elle n’en demeure pas moins porteuse de traces originales et peut même aller tutoyer des espaces bluesy avec un véritable savoir-faire. L’interplay fonctionne à plein et chaque titre apporte une part sensible de beauté apaisante à l’auditeur. George Grydkovets, quant à lui, maîtrise parfaitement son instrument, sait créer des lignes musicales ouvertes qui permettent à ses acolytes d’exprimer au mieux leur talent. L’ensemble est donc hautement recommandable. De plus, l’apport de la trompette sur trois morceaux ouvre au trio d’autres possibles, plus aventureux, en terme de composition et d’approche, qui ne manquent décidément pas d’intérêt.

Yves Dorison


https://shiftingparadigmrecords.bandcamp.com/album/rise


  THOMAS MITROUSIS QUARTET. The Seed

TM Music

Thomas Mitrousis : guitare
Kostas Yaxoglou : piano
Paraskevas Kitssos : contrebasse
Dimitris Klonis : batterie

De nouveau un premier disque d’un guitariste. Cette fois il vient de Grèce. La formation est un quartet des plus classiques (voir ci-dessus). La musique, elle, emprunte à différents genres, entre pop et jazz. C’est empli d’un lyrisme mélodique qui n’est pas désagréable à l’écoute car les musiciens sont au niveau. Porté par une énergie non négligeable, le cd fait donc la part belle, en toute circonstance, à un expressionnisme par moment un peu trop roboratif à notre goût. Ce n’est pas pour autant disqualifiant. Plein de bonnes choses arrivent dans ce disque mais, c’est notre avis, l’ensemble manque un peu de cohérence et cela brouille un peu l’identité musicale de groupe. Dommage.

Yves Dorison


https://www.facebook.com/Thomas-Mitrousis-106920138359308


  ORD . Hemligheter på vägen

Hatvorn Records

Karin Johansson : piano, piano préparé, compositions
Jenny Willen : voix
Niclas Rydh : trombone
Gunnel Samuelsson : clarinette basse, saxophone ténor
Hasse Westling : contrebasse

Toujours aussi personnelle dans son approche musicale, Karin Johansson livre ici un disque envoûtant. Illuminé par la voix de Jenny Willen, la musique des confins que fréquente la pianiste se pare d’une chaleur douce qui la révèle mieux encore. Les mélodies aisées d’accès a priori sont vite récupérées par la musique exploratoire qui constitue le ferment de cet enregistrement. Travaillée dans le détail, l’écho et le silence, les méandres musicaux qui tissent la toile finale de chaque paysage sonore puisent dans une contemporanéité quelquefois rugueuse et toujours proche d’une poésie de l’abstraction étonnamment charnelle. Et puisque l’on parle de poésie, sachez qu’outre les textes originaux de la pianiste les mots du prix Nobel Tomas Tranströmer sont convoqués ; et le lien entre la musique de Karin Johansson et le verbe du poète nous semble évident car les deux savent, chacun à leur façon, produire des images à la fois denses et limpides qui dépeignent une réalité dont l’accès peut paraître caché. Certes, nous ne comprenons rien à la langue suédoise, absolument rien, mais la voix de la chanteuse et les intonations, les chuintements et les frottements, de la langue précitée suffisent amplement au déclenchement d’une rêverie magistralement soutenue par l’ensemble des musiciens. On adore !

Yves Dorison


https://soundcloud.com/karinjohansson