Un français, un américain, des norvégiens et des grecs. On ne fait pas le tour du monde mais presque...
| 00- FREDERIC FAVAREL . By oneself- OUI !
| 01- SCOTT HAMILTON . Classics
| 02- ESPEN BERG TRIO . Fjære
| 03- SPIRAL TRIO . Broken blue- OUI !
We See Music
Frédéric Favarel : guitare
Thomas Savy : clarinette basse (5, 9 & 10)
C’est le premier album solo du guitariste, à trois morceaux près où Thomas Savy apporte sa clarinette basse. Deux compositions originales et beaucoup de standards, avec un travail de réécriture impressionnant, constitue une playlist que vous ne manquerez pas d’apprécier. L’on y croise donc Monk, Ellington, Porter, Weil, Shorter et j’en passe et pas des moins bons. Tous sont passés à la moulinette créative du guitariste jamais à court d’idées et qui n’hésita pas à proposer des surprises harmoniques, à emprunter des chemins autres afin de mieux révéler au final, toute l’essence de ces standards que l’on aime écouter encore et encore. L’ensemble est paisible, d’une élégance discrète mais non dénuée de virtuosité. Les trois pièces avec Thomas Savy enrichissent un discours déjà dense et ne nuisent pas au disque dans sa totalité. De la belle ouvrage pleine de bon jazz (de celui que les gros festivals snobent au profit de soupes indigestes mais lucratives), que vous auriez définitivement tort d’ignorer. On ne peut pas dire mieux.
Yves Dorison
https://m.facebook.com/pg/FredFavarelMusic/posts/
https://weseemusicstore.bandcamp.com/album/by-oneself?from=hp
Stunt Records
Scott Hamilton : saxophone ténor
Jan Lundgren : piano
Hans Backenroth : contrebasse
Kristian Leth : batterie
Quand un disque de Scott Hamilton est nommé « Classics », l’on songe immédiatement que le pléonasme est de sortie. Sauf que le terme employé fait réellement référence à la musique classique. Chaque thème joué dans ce Cd est basé sur un thème appartenant à Rachmaninov, Ravel, Debussy, Tchaïkovski, etc. Histoire de noyer un peu plus le poisson, chaque morceau porte un titre qui peut faire croire que c’est un standard. Jan Lundgren au piano ne fait pour détromper l’auditeur et la rythmique septentrionale assume pleinement son jazz ; le contrebassiste se fend même d’un solo à l’archet (sors de ce corps Slam Stewart…). C’est donc bien d’un disque de jazz classique qu’il s’agit… avec un thème, des improvisations et des quatre quatre. Le son totalement hors d’âge de Scott Hamilton, quelque part entre Ben Webster, Lucky Thompson ou encore Coleman Hawkins, plane sur l’ensemble avec une grâce qui n’appartient qu’à lui car malgré son évidente ascendance, il porte un propos personnel qui s’est forgé et renforcé au cours des quatre dernières décennies. Du jazz donc, plus intemporel que passéiste, finement ciselé par un quartet homogène qui ne manque pas d’allure.
Yves Dorison
Odin
Espen Berg : piano
Báròur Reinert Poulsen : contrebasse
Simon Oldeskorg Albertsen : batterie
Invités :
Matthias Eick : trompette
Silje Hergaard : voix
Hanna Paulsberg : saxophone ténor
Voici un vrai faux trio ; un trio avec des invités de qualité qui se greffent sur la base triangulairement musicale à quatre reprises. La mélodie prime en toute circonstance dans cet album du trio norvégien. Matthias Eick , impeccable (comme d’habitude) apporte une couleur supplémentaire en tout point remarquable. Hanna Paulsberg impose, dans la même veine, une présence musicale forte. Quant à la chanteuse au grain légèrement voilé, Silje Hergaard, elle interprète une chanson de Paul Simon et elle le fait selon la pensée du créateur de Mrs Robinson. Cela nous rappelle que ce trio est d’obédience e.s.tienne et qu’avec eux la pop n’était jamais lointaine. Et pour être honnête, ce n’est pas ce que l’on préfère. Il n’en demeure pas moins que ce Cd possède un certain charme qui pourra être apprécié par les uns ou les autres. Quant à nous, nous sommes restés sur notre fin.
Yves Dorison
Odradek Records
Spyros Manesis : piano
Arionas Gyftakis : contrebasse
Anastasis Gouliaris : batterie
Le Spiral Trio vient de Grèce. Il est bien connu et hautement apprécié là-bas. A l’écoute, on sait tout de suite pourquoi et l’on se demande une fois de plus comment il est possible que le monde du jazz soit aussi cloisonné. Un tel trio a toute sa place sur n’importe quelle scène d’Europe ou d’ailleurs, non pas qu’il soit révolutionnaire mais simplement parce qu’il est parfaitement équilibré. Hanté par de grands anciens, on pense à Bill Evans entre autres, il propose un jazz aéré, grandement mélodique, majoritairement à base de pièces originales qui glissent entre les oreilles comme une lettre à la poste. Il y a là tout ce que l’on souhaite entendre (quand c’est bien fait) : des thèmes aisés à retenir, une circulation triangulaire efficace, de l’improvisation inspirée et des soli dont on ne se lasse pas (mention spéciale au contrebassiste Arionas Gyftakis). Mélancolique ici, exubérant là, sur des lignes claires et denses, la musique se développe, non sans virtuosité, engendrant au détour d’une phrase des surprises rythmiques et harmoniques qui ne manquent pas leur cible : le plaisir de l’auditeur. Le trio existe depuis une dizaine d’années et le moins que l’on puisse dire est qu’il fait preuve d’une homogénéité qui frôle la télépathie. Comment dit-on « well done » en grec ?
Yves Dorison