Du solo, du duo, du quartet, du jazz néo classique au jazz rock. De tout un peu quoi !
Justin Time Records
Jean-Michel Pilc : piano
Remarqué depuis longtemps pour sa capacité à déconstruire les mélodies et les harmonies sans pour autant s’éloigner plus que nécessaire du morceau original, Jean-Michel Pilc revient avec un album solo improvisé dans un studio portugais en 2021. On retrouve avec plaisir dans ce nouvel album ce qui démarque le pianiste d’autres contemporains du clavier (sinon, comment faire une carrière comme la sienne ?), une imagination débordante alliée à une technique irréprochable et un sens de la dramaturgie indiscutablement ubéreux. Il dit de cet enregistrement ceci : « lorsque l’inspiration s’installe, vous quittez le « monde réel » et la musique vous entraîne dans un nouvel univers totalement unique. C’est exactement ce qui est arrivé… » Avec une prise de son particulièrement réussie, l’album sonne de bout en bout avec une éclatante profondeur. Il n’en demeure pas moins que l’artiste crée la musique et celle de Jean-Michel Pilc possède un charme qui, de l’intime au plus expressif, se nourrit d’une chaleur sensuelle que sa science du clavier magnifie à tout instant.
Le Triton
Emmanuel Borghi : claviers
Philippe Buissonnet : basse
Daniel Jeand’heur : batterie
Bruno Ruder : claviers
Vous prendrez bien une louche de jazz rock ? Avec un background progressif et improvisatoire à connotation magmaienne, le quartet One Shot revient, sans Jim McGaw décédé en 2021, mais avec ses deux claviers, Emmanuel Borghi et Bruno Ruder. La rythmique est elle inchangée. Ca tombe bien, elle est en béton et permet aux deux claviéristes d’exprimer leurs fantaisies en clair obscur dans un ample mouvement tutoyant l’interstellaire (c’est souvent le cas avec ce type de musique) autant que les sombres abysses (un trou noir, n’est-ce pas les deux en même temps ?). Les adeptes de Dzyan, Carpe diem et autre Gentle Giant ou Gong, seront en terrain connu. Les autres se laisseront porter par les mélodies complexes et le talent des interprètes, leur savoir-faire en matière d’exploration sonore et leur capacité à surprendre. Fan de Bessy Smith ou d’Anita O’Day s’abstenir…
https://oneshot-letriton.bandcamp.com/album/111
Gazebo
Pierrick Pédron : saxophone alto
Gonzalo Rubalcaba : piano
Sortie le 03 mars
L’art du duo, c’est avant toute chose l’art du dialogue. Si les deux protagonistes demeurent sur leurs prés carrés respectifs, l’auditeur s’emmerde et rien ne se passe, ou plutôt tout passe à travers. La rencontre entre Pierrick Pédron, l’éclectique saxophoniste alto français et le pianiste cubain virtuose encensé par les critiques échappe allègrement aux écueils qui auraient pu nuire à leur entente. Cette dernière est cordiale et, d’un bout à l’autre du disque, on les sent complices et toujours prêts à s’amuser. La playlist va de Sidney Bechet à Carla Bley en passant par Jérôme Kern, Jackie McLean et quelques autres du même acabit. Intime ou exubérante, leur musique tutoie les sommets et les genres, on passe en un tour de main du quasi bruitisme à quelques accords bluesy, on revient à la mélodie pure pour mieux sortir encore des sentiers battus. Les deux comparses ne se refusent rien et il est clair, on se répète, que la rencontre a été plus que fructueuse. Vous en aurez la preuve en écoutant le disque.
http://www.pierrickpedron.com/
https://www.gonzalorubalcaba.com/
Bonsaï Music
André Ceccarelli : batterie
Sylvain Beuf : saxophones
Thomas Bramerie : contrebasse
Antonio Farao : piano
Sortie le 03 mars
Vingt ans se sont écoulés entre la parution de cet album et le premier opus du quartet. C’est un quartet « all stars », vous n’avez qu’à jeter un œil au line-up ci-dessus. Ca démarre sur les chapeaux de roue, cela s’assagit, cela repart en mid tempo, cela se calme, et ainsi de suite jusqu’à la fin du dernier morceau. C’est du jazz contemporain qui lorgne habilement vers ses racines, racines que ces quatre-là connaissent parfaitement car ce ne sont plus des lapins de trois semaines depuis longtemps. Du swing à la pelle (ou l’appel du swing), de la ballade finement ciselée, du rythme exotique, tout passe entre leurs pattes agiles avec une aisance, une sureté et un à propos confondants. Bien évidemment, chacun apporte des compositions personnelles que le groupe adopte en laissant de côté les égos surdimensionnés, ce qui est un signe d’intelligence et de maturité. La musicalité est là et tout sonne harmonieusement. Tranquille quoi.