Deux Trio, un quartet et un solo à ne surtout pas négliger.
Sunnyside Records
Clovis nicolas : contrebasse, compositions
Jeremy Pelt : trompette
Sullivan Fortner : piano
Bill Stewart : batterie
Ulysses Quartet
Voilà un disque qui sort de l’ordinaire. Clovis Nicolas, en maître du contrepoint, propose une oeuvre classique de son crû en cinq mouvements jouée par un quatuor et, en regard, la réinterprétation de la dite composition avec un quartet on ne peut plus jazz dans lequel on trouve des pointures américaines (Clovis Nicolas vit là-bas) comme Jeremy Pelt, Sullivan Fortner et Bill Stewart, pas moins. La démarche est originale et, somme toute, assez convaincante. Que ce soit avec le quatuor classique ou avec le quartet jazz, l’écoute est agréable et l’on note en toute occasion que la finesse dans l’exercice est au rendez-vous, que sa beauté formelle n’est pas feinte, et que le défi est aisément relevé, notamment du côté de l’interprétation jazz où les invités de luxe sont au niveau où on à l’habitude de les attendre et, par conséquent, font beaucoup plus que de la figuration. Découvrez sans hésiter ce Cd étonnant.
https://clovisnicolas.bandcamp.com/album/the-contrapuntist
Ecm
Bobo Stenson : piano
Anders Jormin : contrebasse
Jon Fält : batterie
Quand il s’agit de parler de la musique de Bobo Stenson, on doit d’abord dire sa passion pour l’interaction et, ensuite, de son goût pour les musiques parallèles qu’il aime intégrer à sa vision du jazz. A soixante-dix huit ans et n’ayant rien à prouver à personne, il continue de creuser son sillon et le voyage est beau. Envoûtante en toute circonstance, la musique de ce disque met en scène des paysages introspectifs aux reflets discrets mais toujours d’une grande profondeur. Chacun des musiciens apporte sa pierre à l’édifice avec une science et une délicatesse insondables. Si le flux musical est en général variable, les mélodies s’imposent par leur beauté simple tandis que leur développement laisse de l’espace au silence. C’est le type de musique où la respiration est audible entre les lignes, que ce soit dans ses compositions ou dans ses relectures de morceaux classiques. En écoutant cet enregistrement séduisant et d’abord aisé, l’on oublie presque à quel point l’exercice relève de la haute voltige. Indispensable.
Ecm
Ralph Towner : guitare classique
Sortie le 24 mars
En règle générale, chaque fois que Ralph Towner sort un nouveau disque (ce n’est pas si souvent), les critiques disent qu’il est encore meilleur que les précédents. Mais pour notre part, depuis le temps que l’on écoute le guitariste, nous nous trouvons dans l’incapacité de dire lequel d’entre eux nous séduit le plus. Une chose est certaine, la particularité de ce dernier tient dans l’utilisation unique de la guitare classique à six cordes. La playlist est vairée et l’on y retrouve avec plaisir quelques standards en complément des compositions personnelles du musicien. Quant à la musique en elle-même, elle porte toujours une sorte de charge émotionnelle que la technique ô combien brillante de Ralph Towner ne masque jamais. Tout sonne avec une parfaite clarté dans cet album où les morceaux s’enchaînent sans que l’on sache lequel on va retenir tant la cohérence tonale est grande. C’est du grand art et c’est une musique qui séduira les auditeurs aimant les climats à la fois doux et contrastés, la langueur rythmée et les résonances profondes, la poésie de la forme et bien d’autres choses encore.
Autoproduction
Jimmy Farace : saxophone baryton
Stephen Parisi jr. : contrebasse
Paul Barrilles : batterie
Sortie le 31 mars
Un saxophone baryton qui dirige un trio, c’est assez rare pour que nos oreilles frétillent. Ce trio de musiciens ayant des origines italiennes communes est basé à Chicago. Les trois apportent leurs compositions et seule Pannonica (Monk) n’est pas de leur crû. Ils s’entendent parfaitement pour mener à bien une musique inspirée, plutôt paisible, faites de belles mélodies (les racines transalpines ?), qui s’inscrit dans une veine jazz moderne de grande facture. L’absence d’instrument harmonique leur permet même de faire valoir leurs potentiels individuels sans jamais nuire à l’ensemble, bien au contraire. C’est fin, savant juste ce qu’il faut, et cela s’écoute avec les deux oreilles. Sans esbroufe, le trio Profondo laisse une impression de maîtrise et de souplesse féline du plus bel effet. Pour tout dire, nous serions curieux de les écouter / voir sur scène. Un disque à découvrir, assurément.