TROPICAL JAZZ TRIO . On peut parler d’autre chose

French paradox

Alain jean Marie : piano
Patrice Caratini : contrebasse
Roger Raspail : percussions

Invitée : Maryll Abbas

La musique des Caraïbes, ce n’est pas vraiment ce que l’on préfère. On dira même qu’en écouter un disque entier pouvait relever de la punition. Ceci clairement posé, les musiciens de ce trio ne sont pas sortis du four avant-hier et leur musicalité est telle qu’elle a tout emporté sur son passage et nos réticences avec. Avec un son à la rondeur chaleureuse, le trio décline les différentes influences du genre en souplesse. C’est travaillé au cordeau et l’exigence musicale est bien réelle, ce qui ne les empêche pas de produire une musique parfaitement lisible, mélodique en diable et, naturellement, ensoleillée. Les trois complices se connaissent bien et depuis longtemps. Ils peuvent conséquemment tout se permettre avec une aisance hallucinante. Ils ont la science en bandoulière et le rythme dans la chair. La première est au service de la seconde et elle est si délicatement présente qu’elle s’efface presque derrière la spontanéité de l’idiome. En un mot, bluffant.


https://www.accent-presse.com/artiste/tropical-jazz-trio/


  DAVE BURRELL . Harlem rhapsody

Parco Della Musica Records

Dave Burrell : piano

Présenter Dave Burrell (1940) serait lui faire un affront bien qu’il soit aussi estimé qu’il est discret. On vous passe la liste des musiciens avec qui il a joué (elle est longue) parce que seule sa musique compte. Profondément ancré dans la tradition afro-américaine, il n’en est pas moins un explorateur aux inspirations multiples, avec une vision très personnelle et pleine d’audace de la composition. Sa musique est tour à tour une recherche sur le futur et une célébration de la tradition ; il le dit lui-même : « Harlem Rhapsody représente la synthèse de ma musique et en même temps un aperçu de l’avenir. Il n’y a pas de style fixe, mais un échange continu d’informations, d’inventions et de passions, entre le passé et le présent, le présent et le futur : un dialogue d’exploration et d’excitation incessantes, de l’intérieur à l’extérieur, du ragtime au no-time ». Elle est également animée par une dynamique et une approche percussive du clavier qui le rendent immédiatement identifiable. Proche aussi à certains égards de la musique contemporaine, depuis bientôt six décennies, Dave Burrell inscrit son parcours musical exemplaire au-dessus de la temporalité, sans compromission aucune ; la meilleure façon qui soit (hélas) de demeurer sous-estimé ou pire, inconnu du plus grand nombre.


https://www.daveburrell.com/frameset.html


  JACQUES SCHWARZ-BART . The Harlem suite

Ropeadope Records

Jacques Schwarz-Bart : saxophone
Victor Gould : piano (1.5.7.9)
Sullivan Fortner : piano (2.3.4.6.8)
Grégoire Privat : piano (10)
Matt Penman : contrebasse
Reggie Washington : contrebasse (10)
Marcus Gilmore : batterie (1.5.7.9)
Terri Lyne Carrington : batterie (2.3.4.6.8)
Arnaud Dolmen : batterie (10)
Malika Tirolien : chant (2)
Stéphanie McKay : chant (9.10)

Jacques Schwarz-Bart a beaucoup fréquenté l’Amérique, pas seulement celle de ses Antilles originelles, mais aussi celle de la côte est des États-Unis où il fit ses armes, à Boston, et à New York. Il a expérimenté bien des choses dans ce creuset du jazz et c’est de cela qu’il se souvient dans ce disque. On trouve donc dans cet album du jazz allant du bop au groove d’aujourd’hui, des expressions plus contemporaines flirtant avec le hip hop, bref de quoi voyager sur une base polyrythmique qui s’accommode volontiers d’un lyrisme jamais démenti chez le saxophoniste, lyrisme propice à de grandes chevauchées au sein desquelles les différents langages musicaux se côtoient sans accroc. Accompagné par des cadors, américains ou non, Jacques Schwarz-Bart fait un sans faute bien vitaminé et plus coloré encore qui donne à l’auditeur un large sourire. Un disque à partager avec les ceusses faisant assaut de cordialité en toute circonstance.


https://brotherjacques.com/


  G. DE CHASSY / CH.MARGUET . The issue of love

Mélodie en sous-sol

Guillaume De Chassy : piano, compositions
Christophe Marguet : batterie, compositions
Thomas Savy : clarinette basse

Poèmes lus par Delphine Lanson et Lambert Wilson

Après Shakespeare et Marlène Dietrich, Guillaume de Chassy et Christophe Marguet ont choisi l’amour… Vaste question. Ils l’ont fait en compagnie de poètes français et anglais de toute époque. On croise ainsi WH Auden, Baudelaire, TS Eliot, Apollinaire, Wendy Cope (qui n’est pas traduite en français à notre connaissance, ce qui est triste) et quelques autres. La clarinette basse habitée de Thomas Savy vient augmenter la sensibilité à fleur de peau du projet composé par le pianiste et le batteur. Au-delà de l’impression de haute voltige qui se dégage de leur musique, c’est son lien direct avec les mots des poètes qui nous a intéressé. Face à la densité des mots (et des sentiments) les musiciens sont parvenus à une densité expressionniste qui, si elle peut être bouillonnante, n’est jamais empreinte de lourdeur. Peut-être que certains trouveront cela un peu trop intellectuel mais bon, on ne force personne à écouter cette forme syncrétique où notes et mots (l’inverse fonctionne aussi) s’embrasse et se mêle avec passion.


https://www.guillaumedechassy.fr/
https://christophemarguet.com/