de quoi intéresser le plus grand nombre avec cette sélection qui ratisse large dans les jazz(s)
Rainydays Records
Rachel Eckroth : piano
Pianiste, chanteuse, compositrice, arrangeuse et productrice, Rachel Eckroth ne recule visiblement devant rien à moins qu’elle n’arrive pas à choisir. Quoi qu’il en soit, la nature lui a donné suffisamment de talent. Dans son précédent disque, elle était entourée, entre autres, de Donny McCaslin, Nir Felder, et Tim Lefebvre (son mari). Ici, elle apparaît en solo devant un piano où elle prend plaisir à délier les notes, donnant du temps aux résonances, mais pas que. De fait, elle alterne minimalisme et lyrisme, des pièces plus ou moins courtes développant des belles atmosphères, de celles que l’on garde en tête s’en même s’en rendre compte. Entre jazz complexe et inspiration pop, elle promeut une expérimentation aux couleurs multiples. Elle confectionne et accorde, elle désosse et fusionne les possibles qu’elle se donne, le tout dans un clair obscur qui ne manque aucunement de charme. On se laisse prendre facilement par sa musique, musique qui n’appartient qu’à elle. Un disque et une musicienne à découvrir.
https://www.racheleckroth.com/
Edition Records
Ben Wendel : saxophones, basson, efx, percussions
Cécile McLorin Salvant : voix
Terence Blanchard : trompette
Bill Frisell : guitares, efx
Elena pinderhughes : flûte, flûte alto
José James : voix
Tigran Hamsyan : piano
Steve & Beth Wood : percussions
Ben Wendel, dans ce disque dont le processus a débuté durant la pandémie, a empilé les pistes jusqu’à faire un orchestre à vents complexe, nourri d’effets électroniques, sur lequel il a invité quelques grosses pointures (voir ci-dessus) afin qu’elles ajoutent librement leurs voix à cette musique composite à la sonorité d’une ronde douceur où l’on constate que le natif de Vancouver maîtrise parfaitement l’harmonie et qu’il est à même de gérer de discrètes dissonances avec un goût très sûr. C’est un univers en soi, une sorte d’ovni musical qui se révèle pour le moins surprenant et intéressant. La démarche n’est pas commune mais n’est pas non plus une première. La variété est amenée par les improvisations greffées par les invités et sans eux le projet eut été un peu triste, mais Ben Wendel le savait et l’on peut affirmer que l’ensemble, un flux très paisible à la luxuriance feutrée, détient intrinsèquement une forme d’originalité musicale native pour le moins attrayante.
Pépin et plume
Emmanuel Bénèche : cor
Alban Darche : saxophones, arrangements
Chloé Tallet : flûte et piccolo
Nicolas Fargeix : clarinettes
Hervé Michelet : trompette
Jean-Louis Pommier : trombone
Pierre-Yves Le Masne : cor
Matthias Quilbault : tuba
Nathalie Darche : piano
Alexis Thérain : guitare
Meivelyan Jacquot : batterie
Invités :
Adèle Charvet, Neïma Naouri, Loïs Le Van, Chloé Cailleton, Alice Lewis : voix
Dans ce second album du projet Oh my love contenant une majorité des standards incontournables et quelques compositions originales, la formation menée par Emmanuel Bénèche et Alban Darche démontre s’il le fallait encore qu’elle est à même de magnifier et de réinventer des chansons dont les multiples versions, décade après décade, vont du meilleur au pire. Mais comme le Mirifique Orchestra porte plutôt bien son nom, l’on ne peut écouter que le meilleur du meilleur dans ce cd au foisonnement pondéré qui mêle avec justesse l’art de la fresque aux couleurs lustrées par le temps. Subtile et inspirée à tout instant, la musique imaginative de l’orchestre prend plaisir à s’étaler dans un luxe (une luxure ?) qui évite le pompeux ou à se resserrer autour de l’essence mélodique avec un raffinement ingénieux mais toujours d’une exquise précision. Un travail d’orfèvre comme on n’en voit peu qui mérite évidemment le détour.
Sunnyside Records
Tobias Meinhart : saxophone ténor & soprano
Kurt Rosenwinkel : guitare
Ludwig Hornung : piano
Tom Berkmann : contrebasse
Mathias Ruppnig : batterie
Enregistré en concert au A-Trane, célèbre jazz club berlinois, ce deuxième disque de Tobias Meinhart, allemand émigré à Brooklyn depuis une dizaine d’années, est le fruit abouti d’un travail mené sur scène de par le monde durant deux années environ. La première chose qui saute aux oreilles est bien évidemment la cohésion du quintet. La deuxième chose qui capte les pavillons auditifs, c’est naturellement l’excellentissime Kurt Rosenwinkel dont chaque intervention fait monter le groupe en température. Le leader n’est pas en reste et ne manque pas de fluidité dans le jeu. Les fines mélodies qu’il compose sont aisément compréhensibles et elles permettent en outre à chacun des musiciens de montrer leur savoir faire. C’est un jazz contemporain subtil, le plus souvent vif et alerte, qui suit sa route avec brio. A vous de voir.