ALEXANDRA LEHMLER & FRANCK TORTILLER . Aerial

MCO-socadisc-believe

Alexandra Lehmler : saxophones
Franck Tortiller : vibraphones

Ces deux artistes se connaissent bien puisque ils ont enregistré en quartet par le passé et ce, depuis 2014. Le disque qu’ils proposent est la somme de deux individualités musicales qui savent où elles vont, ensemble et il clair qu’ils y prennent grand plaisir. Les mélodies sont de haute tenue et le dialogue est plus que fécond. Entre les phrases serpentines de la saxophoniste et les motifs finement ciselés du vibraphoniste se crée une évidente alchimie. Tout semble facile dans cet album parfaitement interactif, ce qui est toujours difficile à réaliser, n’est-ce pas. Qu’Alexandra Lehmler prenne un saxophone soprano, alto ou même baryton, elle conserve l’esprit du duo et Franck Tortille, qu’il soit percussif ou dans l’entrelacs des lignes, la conforte dns son entreprise. Dans ce mano à mano amical, c’est la musique qui est servie. Celle que le duo produit devrait plaire aux amoureux de duo comme à celles et ceux qui privilégient l’écoute de mélodies attachantes, claire et subtiles.


https://www.alexandralehmler.de/aerial


  CHRIS MADSEN . The trio book

Jmarq Records

Chris Madsen : saxophone ténor
Clark Sommers : contrebasse
Dana hall : batterie

Chris Madsen est un saxophoniste chicagoan qui mérite d’être écouté. Avec un contrebassiste et batteur, un trio sans instrument harmonique donc, il propose une musique de caractère tout à fait digne d’attention. La playlist de l’album à elle seule est un régal. Steve Swallow, Omar Hakim, Freddie Hubbard, Wes Montgomery Chris Cheek sont entre autres convoqués et seul un titre est écrit par le leader. Une chose est certaine, le trio sait renouveler ces titres avec une énergie sereine, très dense, très musicale, et capable de flirter avec les bordures sans jamais se perdre en route. Pas de virtuosité gratuite dans cet album mais une belle interaction entre les membres du trio. Le son du leader est plein et son phrasé si varié qu’on se demande ce qu’il ne sait pas faire. Dans cette esthétique minimaliste parfaitement lisible, l’auditeur prend plaisir à suivre le trio et, dans les morceaux un peu plus enlevés, il s’aperçoit que le potentiel du trio est absolument épatant. A découvrir.


www.chrismadsen.net


  SYLVIE COURVOISIER & CORY SMYTHE . The rite of spring – Spectre d’un songe

Pyroclastic Records

Sylvie Courvoisier : piano
Cory Smythe : piano

Après avoir fait découvrir le Sacre du printemps au chorégraphe Israel Galvan et ayant appris que les héritiers de Stravinsky n’autorisait que la version originale pour deux pianos, Sylvie Courvoisier est allée chercher Cory Smythe, pianiste classique toujours partant pour l’improvisation, afin de jouer le chef d’œuvre d’une part, et une pièce de sa composition d’autre part. L’ensemble est impressionnant et l’écoute un plaisir rare avec deux artistes au sommet de leur art. Certes, ceci n’est pas jazz au sens classique du terme mais on s’en fout un peu. Sylvie Courvoisier aime les chemins de traverse, pourvu qu’ils débouchent sur de la création musicale. Et les deux réunis ne font pas les choses à moitié, croyez-nous. Dans Le spectre d’un songe, sorte de réponse au Sacre et qui utilise les codes de ce dernier, les deux pianistes donnent leur pleine mesure (démesure) et c’est passionnant. Un disque à part qui devrait séduire tous les curieux, d’où qu’ils viennent, par sa richesse, son interprétation et son inventivité.


https://www.sylviecourvoisier.com/
https://corysmythe.com/


  CECILIA SMITH . The Mary Lou Williams resurgence project, Vol 1

Innova Records

Cecilia Smith : vibraphone, compositions
Lafayette Harris : piano (2.4.5.6.7.8), Hammond B3 (1.10.11)
Carlton Holmes : piano (1.39.10), Hammond B3 (2.5.8)
Kenny Davis : contrebasse
Ron Savage : batterie
Carla Cook : chant (2.6)

Voici le premier volume d’un projet de grande envergure consacré à Mary Lou Williams (1910-1981), connue comme pianiste, mais qui fut aussi compositrice et arrangeuse (notamment pour big band). Ayant eu accès à ses archives, la vibraphoniste Cecilia Smith a réuni autour d’elle un combo de musiciens très inspirés et particulièrement swing qui mettent en valeur des titres qu’elle joua, arrangea ou écrivit durant sa carrière. Le moins que l’on puisse dire est que ce disque est une réussite. Le groupe possède un groove d’une rare profondeur sans être jamais passéiste. Chacun apporte sa pierre à l’édifice avec une justesse et une finesse ébouriffantes. A l’écoute, cela passe comme une lettre à la poste et chorus et soli s’enchainent avec bonheur. L’orgue hammond donne au blues cette couleur chaude que l’on affectionne et Carla Cook chante si bien What’s your story morning glory qu’elle fait passer tout le suc et la chair de la composition dans sa voix. A noter que le titre Tell me how long the train’s been gone n’avait jamais été enregistré auparavant, pas même par sa compositrice. Un disque au bel équilibre, entre hommage et réinterprétation, qui mérite vraiment le détour.


https://www.ceciliasmith.com/