Du jazz classique et du plus aventureux, de l’ancien et du moderne, de quoi trouver son bonheur.
New Land
Ne soyons pas menteurs, nous n’avions jamais entendu parler de la harpiste Dorothy Ashby (1932-1986). Avec cette réédition en coffret de six disques, c’est donc l’occasion de se familiariser avec son travail. Femme noire et harpiste, au milieu du XXème siècle et qui plus est aux États-Unis, dans le monde du jazz, c’était assurément plus qu’un défi. Elle le releva et s’installa dans le paysage du jazz avec autorité, fréquentant Armstrong, Ed Thigpen, Woody Herman, Frank Wess, Alice Coltrane, et on en passe. Ajoutez à cela que dans les années 70 elle fraya avec Diana Ross, Dionne Warwick, Stanley Turrentine, Freddie Hubbard, Billy Preston, Bobby Womack ou Earth, Wind and Fire et vous une vue quasi complète de son activité musicale au cours d’une vie abrégée par un cancer. Dans ce coffret, c’est de jazz classique qu’il s’agit et c’est tout sauf inintéressant, notamment dans les trois premiers Cds où elle partage les soli avec le flûtiste Frank Wess. La mise en place est toujours impeccable, tout comme le swing. C’est du beau boulot, comme on dit, avec en sus ce je ne sais quoi apporté par la harpe. A écouter. Et si vous voulez l’acheter, sachez que l’édition est limitée à 1000 exemplaires.
https://en.wikipedia.org/wiki/Dorothy_Ashby
Ecm
Dominic Miller : guitare
Jacob Karlzon : piano, claviers
Nicolas Fizman : basse
Ziv Ravitz : batterie
Bien connu comme guitariste de Sting, Dominic Miller n’en demeure pas moins un musicien qui aime le jazz. Dans ce disque tout à fait apaisé, il joue une musique vagabonde, à l’image de titre donné à l’album. Très léger dans la forme, l’art consommé de la nuance le démontre sur chaque titre, le guitariste bénéficie en outre d’excellents accompagnateurs qui lui permettent de se balader en douceur, de ballade en ballade. La sonorité globale est richement ouvragée, l’interaction discrète et efficace, et les histoires que le leader raconte sans parole s’en trouvent rehaussées. Dominic Miller fait là dans l’aquarelle mélodique avec des lignes tendres et mélancoliques qui ne soulignent que ce qui est nécessaire à la compréhension du thème. C’est fort bien fait mais cela nous a pourtant laissé un goût (très léger) d’incomplétude.
Onze heures onze
Fanny Ménégoz : flûtes, compositions
Gaspard josé : vibraphone et percusssions
Alexandre Perrot : contrebasse
Ianik Tallet : batterie
A cheval entre le conceptuel et l’ethnique, le formel et une bonne dose d’improvisation (d’obédience américaine, façon grands anciens) Fanny Ménégoz et ses acolytes offrent à écouter une musique aussi traversière que les flûtes de la musicienne. On les sent en recherche au bon sens de la formule ; Ils ne tâtonnent pas, ils explorent. Ce pourrait être abscons et cela ne l’est pas. Les mélodies qui initient les belles échappées libres sont très claires et porteuses d’une poésie paysagère au sein de laquelle le tellurique le dispute au diaphane. D’atmosphère en atmosphère, le quartet impose avec vigueur et finesse son univers et l’on s’y laisse prendre car rien ne semble jamais acquis dans ce cadre structuré, à la musicalité étendue, qui fait de la remise en question une sorte de mantra. Il faut donc écouter Nobi avec attention, histoire de ne pas passer à côté de son esthétique léchée et bigrement intelligente, ou pire, à travers.
Jazzheads
Ray Blue : saxophone ténor
Essiet Okon Essiet : contrebasse
Sharp Radway, Kenny Barron : piano
Jeff Barone : guitare
Alvester Garnett, Steve Johns : batterie
Invités :
Eddie Allen : trompette
Bobby Sanabria : percussions
Avec cet album du saxophoniste ténor Ray Blue, un gros son velouté comme on n’en fait peu, c’est un retour aux fondamentaux du jazz et des musiques cousines que l’auditeur fera. Pas de révolution à attendre de ce côté ci du jazz mais une musique plutôt festive, ensoleillée par les caraïbes ici et là ( à la Sonny R.), jazzy en toute occasion et évidemment nourrie de swing. Essiet Essiet tient la contrebasse, une référence n’est-ce pas, et Kenny Barron est là pour quatre morceaux dont un en duo avec Ray Blue. Eddie Allen s’invite et cela ne nuit pas. Naturellement, c’est carré de chez carré et musical à souhait. Et nous le disions plus haut, c’est joyeux et sensible Ray Blue lui-même le dit : « c’est consacré à l’amour de la vie, l’amour des gens, l’amour de l’humanité. Chaque chanson a été choisie parce qu’elle touche à l’un de ces sentiments universels. » Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus. Peace and love.