EMILY KUHN . Ghost of us

Bace Records

Emily Kuhn : trompette
Erik Skov : guitare
Meghan Stagl : piano
Kitt Lyles : contrebasse
Gustavo Cortiñas : batterie

Ce quintet chicagoan emmené par une jeune trompettiste possède un petit quelque chose en plus qui n’appartient qu’à lui et il est ardu de le classer dans un genre ou un autre. Passant en douceur d’esthétique en esthétique, il se promène avec une belle homogénéité musicale, ce qui en soi n’était pas gagné. Faisant la part belle à la mélodie, avec un lyrisme assumé, Emily Kuhn et ses acolytes façonnent collectivement une tapisserie riche en détail et en texture dans laquelle pointe une forme d’ombre méditative qui épaissit le propos dans bien des compositions. D’ailleurs, seul le titre « When it rains » apporte une touche pêchue et jazz. Quant à la trompettiste, avec une belle présence, une sonorité riche et un jeu fluide, elle mène les débats sans étouffer les autres musiciens. Il s’agit bien d’un groupe et il est clair à l’écoute qu’ils connaissent bien, ce qui ne nuit pas, bien évidemment. Faites-vous donc une idée.


https://www.emilykuhntrumpet.com/


  CAESAR FRAZIER . Live at Jazzcup

Stunt Records

Caesar Frazier : Hammond B3
Jonas Kullhammar : saxophone ténor
Johannes Wamberg : guitare
Kresten Osgood : batterie

Caesar Frazier a une vie de jazz derrière lui mais cela ne semble pas l’affecter plus que cela. Accompagné par deux danois et un suédois, logique puisque enregistré live au Jazzcup de Copenhague, il apparaît en pleine forme pour délivrer la bonne parole de l’Hammond B3, soit un jazz qui tire vers le blues et la soul, avec une once funky, histoire de faire bonne mesure. Groovy donc. C’est l’expression actuelle d’une musique originellement créée par Jimmy Smith et consorts qui viendra à vos oreilles en écoutant cette galette. Les quatre lascars ne font pas semblant et servent, hormis une composition du leader et une reprise de Prince, les standards qui vont bien dans ce genre de configuration. On note au passage que si Caesar Frazier a bien retenu l’enseignement des maîtres de l’orgue Hammond qui l’ont précédé, il a su créer un jeu lui appartenant en propre qui mérite le détour. Et bien sûr, vous n’échapperez pas à A night in Tunisia, pas plus qu’à Willow weep for me. Mais pourquoi s’en priver ?


https://www.caesarfrazier.com/


  MARK LOTZ TRIO . Turn on, Tune in, Drop out !

Zennes Records

Mark Lotz : flûtes & bansouri
Zack Lober : contrebasse
Jamie Peet : batterie

Ce disque est placé sous les auspices de Timothy Leary, gourou du LSD, et notamment sur les huit circuits de conscience qu’il a théorisé. Le titre de l’album est d’ailleurs sa célèbre devise. Il est donc probable que si Mark Alban Lotz avait eu vingt ans dans les années soixante dix, il aurait certainement joué avec Sweet Smoke, une bande de rois du pétard et autres substances qui font rire et sourire à le recherche d’un monde meilleur, de la connaissance de soi et tout et tout, et quelques autres du même acabit. Ceci dit, on est là face à un musicien qui ne fait aucun compromis, ce qui lui assure malgré lui une certaine confidentialité. Accompagné par un canadien basé à New York et un hollandais, il donne à écouter une de ces musiques propices à la divagation, avec une rythmique ayant une tendance marquée pour l’obsessionnel, des points d’acmé percutants et des zones d’apaisement du plus bel effet. C’est assez lyrique dans l’ensemble et l’interplay est d’une constance et d’une richesse implacables. Ces trois-là sont de redoutables musiciens et leur enregistrement et un régal pour l’auditeur. Faites-vous donc plaisir ! Ils le méritent.


https://www.lotzofmusic.com/


  REGIS HUBY LARGE ENSEMBLE . The ellipse

Abalone

Régis Huby : violon
Guillaume Roy : alto
Marion Martineau : violoncelle, viole de gambe
Olivier Benoit : guitare
Pierrick Hardy : guitare acoustique
Joce Miennel : flûte
Jean-Marc Larché : saxophone soprano
Catherine Delaunay clarinette
Pierre-François Roussillon : clarinette basse
Matthias Mahler : trombone
Illya Amar : vibraphone, marimba
Bruno Angelini : piano, Fender Rhodes, nova bass
Claude Tchamitchian, Guillaume Séguron : contrebasse
Michele Rabbia : batterie, percussions, électronique

Le large ensemble de Régis Huby consiste en l’assemblage réussi d’une bonne partie du gratin du jazz français auquel il faut ajouter la pointure transalpine Michele Rabbia. C’est toujours un pari que de rassembler des musiciens de fort caractère. L’exploit de Régis Huby, c’est d’avoir concocté cette suite en trois mouvements dans laquelle chacun tient sa place, au service de la musique, en restant identifiable. Tous ont par le passé travaillé ensemble à un moment ou à un autre et forment une communauté musicale syncrétique. Quelque part entre les musiques improvisées et la musique contemporaine, le travail du violoniste est remarquable par ses qualités d’écriture. Dotée d’un souffle original, sa musique dans ce disque évolue par séquences se fondant les unes dans les autres jusqu’à produire une unité de ton et d’esprit épatante. Certes, The ellipse est une somme exigeante qui requiert une écoute attentive mais cela ne doit décourager personne car c’est un univers musical qui demeure lisible et accessible en toute occasion.


https://regishuby.com/