GUYLAIN DEPPE . Deep from Deppe

Klarthe Records

Guylain Deppe : piano hybride

Sur un piano hybride développé par Yamaha (un mélange entre piano traditionnel et échantillonnage numérique), Guylain Deppe, pianiste rare et méconnu du grand public, donne à ouïr une cuisine musicale fort goûteuse. Virtuose à la Solal, facétieux et ludique, il impose un style original pour le moins épatant. Nous ne nous sommes jamais ennuyés à l’écoute de ce solo pianistique de haut rang. L’écriture est absolument magistrale ; parfaitement lisible, elle se promène entre les genres jusqu’à n’en faire plus qu’un : celui de Guylain Deppe. L’utilisation du piano hybride mentionnée ci-dessus ne fait pas obstacle au discours du pianiste, bien au contraire. L’ensemble est un kaléidoscope de lignes musicales hautes en saveur qui se mêlent avec, en sus, un art consommé du détail, celui qui fait toute la différence. Laissons cependant le dernier mot à notre ami Alain Gerber qui signe la préface, il écrit mieux que nous : le signataire de ce disque luxuriant apprivoise la sauvagerie en la soumettant à la décantation du style ; en même temps, son approche illustre ce que peut être un style sauvé de l’amidon par la grâce de l’humour, de l’ardeur, du désir, de la jubilation. Et bien sûr, et avant tout, de la sublime rage de vivre.


https://www.klarthe.com/index.php/fr/deep-from-deppe-detail


  ALEX RIEL . In New York

Stunt Records

Alex Riel : batterie
Michael Brecker : saxophone tenor (CD 1, 1.3 – CD2, 1.2)
Jerry Bergonzi : saxophone ténor
Mike Stern : guitare (CD1, 2.5.6.7 – CD2, 2.7.8)
Niels Lan Doky : piano (3.4.5.8)
Eddy Gomez : contrebasse (CD1)
Kenny Werner : piano (CD 2, 1.2.3.4.6.8)
Chris Minh Doky : contrebasse (CD2)

Les deux disques présentés ici dans la même pochette sont en fait issus de deux sessions que Alex Riel (1940) a réalisé à New York en 1997 et 1999. Le légendaire batteur danois qui a joué tout au long de sa carrière avec les plus grands est fort bien entouré, dans un cas comme dans l’autre. Voyez ci-dessus et vous comprendrez de quoi nous parlons (fantastique Eddy Gomez, entre autres). Dans les deux sessions, le plus pourvoyeur de compositions n’est autre que Jerry Bergonzi mais Mike Stern, Eddy Gomez, le leader et Niels Lan Doky s’y collent aussi. Pour le reste, Parker, Coltrane, Webster et Sammy Cahn sont convoqués. On peut faire pire n’est-ce pas ? Bien évidemment, c’est du post hard bop joué par des grands noms du jazz qui utilisent à bon escient leur science. Le swing est bien là et chacun à l’espace nécessaire pour prendre un solo et faire durer un peu plus le plaisir. Ce que l’on remarque rapidement dans ces enregistrements, c’est que les musiciens ne mégotent sur l’engagement, et ils y vont même à fond. Ils ont dû bien se marrer… C’est donc plutôt festif et chaleureux et, à chaque instant, d’une belle densité. Une mention spéciale au Did you call her today ? de Ben Webster, magistralement interprété.


http://www.alexriel.dk/


  SYNOWIEC ROBINSON TOWNE . Vanguard of groove

Jewell Records

Andrew Synowiec : guitare
John J.R Robinson : batterie
Mitch Towne : orgue

Soul, funk, jazz, sont les trois adjectifs qui caractérisent ce trio. Les trois protagonistes sont virtuoses, chacun dans leur rayon, et cela s’entend dès les premières notes. Ils ont un curriculum vitae à faire pâlir d’envie tous les musiciens de la planète et de sa banlieue et ils ont eu la très bonne idée d’enregistrer leur musique à l’ancienne, c’est-à-dire live en studio. Là aussi cela s’entend, pour le meilleur. Leur style rappelle furieusement un des courants musicaux West Coast des années quatre-vingt (Larry Carlton, Lee Ritenour et les autres ne sont pas loin), même la pochette nous le di !. Comme à la grande époque, ils enchaînent les morceaux musclés et les ballades. La prise de son, plus qu’excellente, met en valeur le jeu des musiciens avec des gaves souples et épais, de l’espace aussi qui laisse respirer les notes. Une chose est certaine, ces trois-là ont pris du plaisir à cette session d’enregistrement ; là aussi, cela s’entend. Et comme on l’écrit depuis le début de cette chronique, si cela s’entend, cela s’écoute avec plaisir. On passe un bon moment avec eux, pas compliqué mais groovy à souhait. Pourquoi se priver ?


www.srtgroove.com


  VERONICA SWIFT

Mack Avenue Records

Veronica Swift : chant
Adam Kipple : Piano, Claviers, orgue
Philip Norris : contrebasse
Alex Claffy : contrebasse
Chris Whiteman : guitares
Brian Viglione : batterie, guitare, voix
James Sarno : trompette
Troy Roberts : saxophone ténor
David Leon : saxophone baryton

plus une douzaine d’invités

Malgré deux albums déjà parus ces dernières années (on ne compte les deux qu’elle a enregistrés à 9 et 11 ans), nous étions jusqu’à présent passes à côté de Veronica Swift, jeune chanteuse américaine atteignant à peine la trentaine. Ce qui est plus que sûr, c’est qu’elle est virtuose et dotée d’une voix puissante particulièrement bien timbrée. Dans ce disque, contrairement aux deux précédents, elle passe d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante ; jazz, bossa, funk, blues, un peu de classique au passage, tout y passe. De fait, elle est en possession des atouts nécessaires pour faire une brillante carrière dans les grands festivals et sur les scènes d’ici et d’ailleurs. Même le packaging du CD l’atteste (Diana Krall et autres n’ont qu’à bien se tenir). Ceci écrit, quelques cordes trop démonstratives ici et là, une emphase par moment à la limite du supportable, l’incessante succession des genres (trop d’esthétiques tue l’esthétique) gâchent un peu l’affaire et c’est bien dommage car la dame possède des capacités vocales assez rares pour être signalées.


https://www.veronicaswift.com/