Quatre disques made in Usa aux saveurs variées qui démontrent, une fois de plus, la vitalité du jazz étatsunien.
Intakt Records >>>>>sortie reportée, soyez patients
Ohad Talmor : saxophone tenor, clarinette basse, Prophet 10, mini moog
Chris Tordini : contrebasse, basse électrique
Eric McPherson : batterie
Joel Ross : vibraphone
David Virelles : piano
Leo Genovese : piano, Moog, sequential 6 tracks
Shane Endsley, Russ Johnson : trompette
Denis Lee : clarinette basse
Invités :
Grégoire Maret : harmonica
Adam O’ Farrill : trompette
Ce double album est né d’une découverte étonnante : des bandes DAT sur lesquelles on peut écouter Ornette Coleman et Lee Konitz répéter de nouvelles compositions (accompagnés par Charlie Haden et Billy Higgins) datant de 1998. Ohad Talmor a donc transcrit ces dix titres jamais publiés et c’est ce que l’on entend dans ce disque, que ce soit en trio, en quintet, en sextet ou en septet. Pour faire bonne mesure, le leader a ajouté un autre morceau de Coleman, deux de Dewey Redman, et un de Keith Jarrett. Toute cette musique, quelle que soit la formation, est belle et grande. Le second cd est moins acoustique mais cela ne change rien à l’affaire et c’est toujours aussi finement travaillé. Tout au long des morceaux, c’est la fluidité des improvisations que l’on remarque d’abord et ensuite l’étonnante originalité de l’ensemble. C’est de la très haute couture doublée d’une réelle inspiration qui rend cet hommage au maître indispensable. Aucune emphase, juste de la musique. De quoi ravir toutes les oreilles que l’exploration avant-gardiste n’effraye pas. Étonnant qu’Ornette Coleman sonne encore avant-gardiste aujourd’hui ? Pas vraiment, et ce d’autant plus que l’équipe de musiciens qui s’est immergée dans sa musique est à la hauteur de son ineffable talent.
Creative Nation Music
Dylan Jack : batterie
Jerry Sabatini : trompette
Anthony Leva : basse
Eric Hofbauer : guitare
Ce disque est l’enregistrement d’une bande originale, d’abord joué live, du fameux film de Friedrich Wilhelm Murnau Nosferatu le vampire, film muet datant de 1922. L’avez-vous vu ? On dit encore aujourd’hui qu’il est le film d’horreur le plus influent de tous les temps. En toute honnêteté, nous n’en n’avions pas gardé un souvenir impérissable, alors nous l’avons regardé de nouveau en écoutant le travail musical du quartet de Dylan Jack et il nous a fait une très forte impression. Le moins que l’on puisse est que la musique créée traduit parfaitement l’expressionnisme inquiétant du cinéaste. Elle apparaît spontanée et bouillonnante par moments, plus intrinsèquement effrayante à d’autres et, en toutes circonstances, elle projette parfaitement l’angoisse que pourrait ressentir un spectateur de l’époque en visionnant le film (on a beaucoup aimé le vampire de type polype à tentacules). La qualité de l’enregistrement, sa grande clarté, et le talent épatant des musiciens font de ce disque court naviguant dans les brumes des Carpates un must du genre. Vivement recommandé.
Contagious music
Billy Molher : basse
Nate Woods : batterie
Chris Speed : saxophone tenor, clarinette
Shane Endsley : trompette
Le nouveau disque du bassiste Billy Mohler, avec une bande de tueurs (voir le line up), est un régal qu’il serait dommage d’ignorer. La musique est généreuse et juste assez mélodique, bien qu’elle flirte avec les bordures, pour embarquer l’auditeur d’un bout à l’autre du voyage. Elle est souple et dynamique à souhait, les chorus et autres improvisations se succèdent avec une réelle harmonie. C’est une musique créative, un jazz acoustique de son temps, perpétré par des musiciens bien connus pour leur excellence et leur goût exploratoire. Nous dirions presque qu’elle est ensoleillée, mais bon, le leader vit à Los Angeles, n’est-ce pas ? Toujours est-il qu’à aucun moment nous ne nous sommes ennuyés car l’espace musical que le quartet occupe est original. Et, s’il n’est pas à la pointe de l’avant-garde, il vit néanmoins dans une contrée dont la nouveauté se base sur des alliances de timbres, une percussivité astucieuse et des lignes mélodiques richement ouvragées. Billy Mohler et ses acolytes se situent là dans un jazz Côte Ouest assez nouveau pour être remarqué, loin de la grande pomme. A écouter évidemment.
Whirlwind Recordings
Will Vinson : saxophone, Wurlitzer, Synthesizers
Gilad Hekselman : guitare
Nate Woods : batterie, basse
Nous avions l’habitude d’écouter Will Vinson en acoustique et voila qu’il se pointe jusque dans nos oreilles avec une musique où l’électricité prend une part congrue. Si le jazz est encore bien présent, la pop s’invite au menu. Pour tout dire, l’alliance des deux crée un univers qui n’est pas désagréable à écouter. Nous avons d’ailleurs un peu pensé à certaines formes de jazz rock d’un temps maintenant ancien. Et comme les intervenants appartiennent au dessus du panier, la musique est totalement maîtrisée, les Structures complexes et élaborées et, il faut le dire, inspirées. Une étonnante et bienvenue reprise du Strasbourg Saint Denis du regretté Roy Hargrove est inscrite au programme. Dans son ensemble et malgré la diversité des angles d’attaques et des esthétiques variées, le disque conserve une homogénéité due, de toute évidence, à l’implication et au talent de ses interprètes. Nous vous laissons vous faire une idée.