Il en faut pour tous les goûts. Cela tombe bien, la vitrine est variée
Savant Records
Jim Snidero : saxophone alto
Peter Washington : contrebasse
Joe Farnsworth : batterie
Voilà un beau trio post bop, sans instrument harmonique, qui mérite le détour. Jim Snidero n’est pas un inconnu loin s’en faut. Formé par Phil Wood et Dave Liebman, il évolue depuis dans un jazz où sa virtuosité peut s’exprimer sans lasser. Dans ce disque où huit standards sont au programme le saxophoniste fait une sorte de démonstration tant le son de son saxophone alto est riche et pur. Sa fluidité est épatante et les lignes qu’il déploie sont ciselées avec une redoutable précision et une imagination féconde. Sa rythmique ayant plus que de l’expérience (on ne compte plus les grands anciens avec lesquels elle à joué), elle lui donne un surcroît d’assurance et une base sur laquelle son expressivité naturelle peut s’épanouir sereinement. Les trois musiciens n’en font jamais trop, chaque note jouée à sa raison d’être, le swing idoine est bien là mais ne fait jamais dans le tonitruant, et la musicalité n’en est que plus grande, à l’image de l’interaction qui les unit d’un bout à l’autre de l’album. Un très beau disque.
Loyal label
Loren Stillman : saxophones ténor et soprano
Brandon Seabrook : guitare, banjo, mandoline
Eivind Opsvik : contrebasse
Vinnie Sperrazza : batterie
Le batteur Vinnie Sperrazza relate avec ses huit compositions les humeurs dominicales d’un homme ordinaire. C’est lui qui l’affirme, pas nous. Ceci dit, elles sont assez étonnantes et traduisent des états d’esprit successifs dans lesquels un individu normalement constitué peut se reconnaître. Mais l’important dans ce disque est à coup sûr la créativité musicale qui l’habite. Avec des points d’acmé assez rock, d’autres moments plus paisibles, des rythmiques variées et des sonorités aléatoires aux timbres quelquefois surprenants, le quartet promène sa musique sur un fil mélodique dont on sent qu’il faudrait peu de chose pour qu’il s’en sépare et flirte franchement avec un free de bon augure. Mais pour certains auditeurs, cela sera peut-être déjà free… Toujours est-il que le dimanche en musique chez Vinnie Sperrazza ne manque pas d’intérêt (ni d’humour) et que l’on vous invite à le partager avec lui et ses acolytes (qui sont tous impeccables). Vous ne devriez pas être déçus.
https://vinniesperrazzaapocryphal.bandcamp.com/album/sunday
Jazz Family
Vincent Touchard : batterie
Jean-Charles Acquaviva : piano
Gabriel Midon : contrebasse
Le trio piano / contrebasse / batterie de Vincent Touchard explore l’air du temps à sa façon. C’est de fait beaucoup plus poétique que l’époque dans laquelle nous nous démenons pour vivre au mieux. Les trois musiciens sont, sur chaque composition, aériens, d’une légèreté bienvenue qui leur donne le pouvoir de séduire l’auditeur. Ils sont précis et inspirés. Ils donnent à écouter des mélodies accrocheuses qui piochent dans différents genre. De ce désir de diversité sort une musique homogène qui sait être en toute occasion fluide. Chacun des musiciens exprime individuellement sa personnalité avec brio et toujours au service du collectif (ce qui signifie entre autre que le batteur n’en fait pas trop). L’auditeur glisse d’une composition à la suivante avec la même aisance que le trio démontre dans leur exécution. Pour la fine bouche, les douze titres de l’album sont des marqueurs de notre époque qui dans ce contexte musical sont presque humoristiques.
https://www.vincenttouchard.com/
Emouvance
Catherine Delaunay : clarinette
Pierrick Hardy : guitare
Claude Tchamitchian : contrebasse
Une musique ample, intime et épique à la fois, sous la forme de contes musicaux nés d’un imaginaire remontant à la nuit des temps, c’est ce qui attend l’auditeur dans ce disque qui plonge dans les racines arméniennes du leader. Le voyage tire de la nuance une expressivité densément nourrie de lenteur et de tension, d’emballement soudain et d’alanguissement céleste. La musicalité prime en toute circonstance. Rien de facétieux dans le propos, juste un engagement poétique à fleur d’épiderme et des fêlures puisées dans un monde enfoui sous les strates du temps dont le trio ressuscite une mémoire enfouie. Claude Tchamitchian, Pierrick Hardy et Catherine Delaunay porte dans les compositions de cet album une Arménie multiple. Ils la font ressurgir d’entre les profondeurs de l’oubli tel un esprit volatil, celui d’une culture ancestrale inscrite dans la temporalité humaine.