SIGNE EMMELUTH . Banshee

Motvind Records

Jennifer Torrence : percussions, vibraphone, voix
Guro Skumsnes Moe : basse, contrebasse, voix
Maja S.K. Ratkje : violon, voix, électronique
Heida Karine Johannesdottir Mobeck : tuba, électronique, voix
Guoste Tamulynaite : piano, synthés, voix
Anna “Efternøler” Andersson : trompette, voix
Signe Emmeluth : saxophone alto, électronique, voix, compositions

Bienvenue dans un espace de création musicale entre avant-garde et musique contemporaine, musique improvisée et transe. Signe Emmeluth ne fait pas les choses à moitié (je l’ai constaté sur scène par le passé) et l’auditeur ne trouvera pas une trace de compromission dans ce disque. La figure de Banshee, dans la mystique irlandaise, est une voix forte qui prévient de la mort et du chagrin. Pourquoi pas. Il y a bien évidemment dans cet enregistrement des questionnements existentiels, si l’on en croit les notes d’intentions, qui sous-tendent cette musique des confins. C’est l’alliance fine entre l’électronique et l’acoustique qui a d’abord retenue notre attention, puis le travail introspectif sur les timbres et, enfin, la cohérence de l’ensemble. Deux titres chantés a capella par le septet éclairent la démarche et la place dans un ensemble musical parcourant un univers original profond, riche de détail, et qui donne au silence comme à son ombre un poids et une force organique remarquable.


https://signeemmeluth.bandcamp.com/album/banshee


  PHILIP / HAUG / OSWALD . Xanthic Tales

Sonic Teransmissions North

Axel Philip : batterie
Oscar Andreas Haug : trompette
Margaux Oswald : piano

Voici un trio international, une franco-philippine, un argentin et un norvégien, qui propose un album de sept titres improvisés qui ont retenu notre attention. Travaillée à l’os, la musique exposée emprunte à tous les codes du free jazz, de la rupture rythmique et de la dissonance notamment, et s’épanouit dans des envolées furieuses, lyriques uniquement par essence, enchâssées dans des zones plus introspectives où chacun des protagonistes fait la part belle à l’écoute et à la création instantanée qui en découle. Il arrive ici et là que des mélodies surnagent, orientant l’auditeur vers une écoute passagèrement apaisée. Une chose demeure certaine, d’un bout à l’autre du disque, on constate que ces trois musiciens sont faits pour s’entendre et développer un univers musical intense fréquentant des climats fouillés où l’insondable le dispute à l’éclat, où la note s’oppose au silence. C’est le plus souvent clair comme de l’eau de roche, presque évident, et la collaboration de ces trois artistes augure d’un bel avenir dans un espace ouvert à tous les possibles.


https://www.axelfilip.com/
https://margauxoswald.com/
https://www.facebook.com/oscarandreas.haug/


  MOPPA ELLIOT’S ADVANCING ON A WILD PITCH . Disasters Vol. 2

Hot cup Records

Moppa Elliot : contrebasse
Charles Evans : saxophone baryton
Sam Kulik : trombone
Danny Fox : piano
Christian Coleman : batterie

En quelques mots : Moppa Elliot est un drôle de musicien qui publie deux disques le même jour, un en quintet et un autre avec un nonet (voir ci-dessous). Dans ses « désastres », il offre un quintet a priori plutôt classiquement jazz, entre Be bop et Hard bop. Cependant, chaque titre porte le nom d’une ville de Pennsylvanie qui a connu une catastrophe, qu’elle soit ferroviaire, industrielle, chimique, etc, ce qui dénote un aspect conceptuel que les formations du début des années soixante ne promouvaient pas forcément. Une chose est sûre, la musique swingue terriblement avec une vitalité et une musicalité tout à fait convaincantes. Les chorus et les soli sont redoutables de précision, tout comme les changements de rythme qui sont impeccablement fluides. Le leader quant à lui tient la baraque avec une efficacité impressionnante. Pour une fois, la copie vaut très largement les originaux, parce que c’est bien plus qu’une copie. Ce disque possède un charme fou avec un petit quelque chose en plus qui n’en fait pas un disque passéiste. Vous nous en direz des nouvelles.


  MOPPA ELLIOT’S ACCELERATION TO GRAVITY . Jonesville

Hot cup Records

Moppa Elliot : basse
Bobby Spelman : trompette
Dave Taylor : trombone,
Matt Nelson : saxophone alto
Stacy Dillard : saxophone ténor
Kyle Saulnier : saxophone baryton
Ava Mendoza : guitare
George Burton : piano
Mike Pride : batterie

On prend le même leader que ci-dessus et, surtout, on ne recommence pas. Le nonet présent dans cet enregistrement n’emprunte pas la voie du jazz classique bien que son point de départ soit Sam Jones (1924-1981) qui aurait eu cent ans cette année. Chaque morceau possède trois soli et jamais de refrain à proprement parler. Ils sont constitués de quelques phrases musicales se répétant avec des variations, entrelardées d’improvisations qui sont proches de l’univers Hip Hop. Il se trouve pourtant que pour cette musique flirte avec un swing indéniable et un groove xxl (funky à la Roy Hargrove). Bien évidemment, à la vue des contraintes exposées ci-dessus, le résultat s’avère hautement original et somme toute inclassable. Cela ne manque aucunement de liberté, ni d’âpreté. C’est même joyeusement féroce et festif en diable (allez savoir pourquoi nous avons pensé au Thad Jones / Mel Lewis Orchestra…). Plutôt imprévisible au final, ce qui nous convient parfaitement, ce disque sacrément bien foutu possède un ensemble de qualités singulières qui lui donnent toute son originalité. On aimerait bien les voir sur scène dans nos contrées !


http://www.moppaelliott.com/