du jazz à tous les étages et sous toutes ses formes
Blue Room Music
Alex Sipiagin : trompette, bugle
Chris Potter : saxophones
John Escreet : piano, claviers
Matt Brewer : contrebasse
Eric Harland : batterie
Arrivé aux États-Unis en 1991 de sa Russie natale, Alex Sipiagin n’a eu de cesse depuis, et à juste titre, de poursuivre une brillante carrière, toujours entourés de cadors, le line-up ci-dessus en témoigne. Sa musique est riche de son parcours et elle est traversée par une forme de lyrisme slave qui n’appartient qu’à lui. Elle est en outre généreuse, tout autant qu’elle est parfaitement architecturée. Doté d’un art de l’improvisation singulier, fait de puissance et de complexité harmonique, Alex Sipiagin est à même de développer des motifs très personnels qui sont souvent la base de nouvelles compositions. Ces dernières sont d’ailleurs toujours empreintes d’un goût du risque qui leur évite la fadeur académique (des bons élèves). Accompagné par des musiciens au sommet de leur art sachant mêler leurs sensibilités à celle du leader, le trompettiste aujourd’hui basé en Italie fait vivre sa musique avec brio. Il est à noter que deux morceaux ont été composés par Pat Metheny (qu’Alex Sipiagin écoutait pour tenir le coup avant que l’URSS s’effondre) spécialement pour ce projet. Au final, ce onzième album du leader représente une somme musicale étonnamment dense et au grand jamais lassante. Ne pas rater bien sûr.
Sonic River Records
Tobias Meinhart : saxophone
Rick Rosato : contrebasse
Jesse Simpson : batterie
Il arrive que la musique coule de source. C’est en tout cas l’impression qu’elle nous fait à l’écoute de ce trio sans instrument harmonique du saxophoniste bavarois émigré depuis longtemps dans la grande pomme. Plutôt respectueux d’une tradition qui fit les beaux jours de Sonny Rollins, les trois instrumentistes partagent une vision commune d’un jazz que l’on considère aujourd’hui comme classique (ce qui était loin d’être le cas une soixantaine d’années auparavant). Ceci dit, Tobias Meinhart et ses deux excellents collègues ne cherchent pas plus que cela l’aventure. Inscrits dans un cadre qui leur est confortable, ils travaillent au corps et en finesse leurs compositions ou les standards choisis. Il n’y a aucune lourdeur dans leurs jeux respectifs, ce qui leur permet des soli toujours en phase avec le propos initial (et non des exploits techniques insipides), une maturité déjà bien affirmée, bref de quoi faire un disque très musical, jamais ennuyeux et qui ne manque nullement de cette finesse qui fait les disques ouvragées que l’on remarque.
https://www.tobiasmeinhart.com/
L’horizon violet
Hugo Diaz : saxophone soprano
Alexandre Cahen : piano
Vladimir Torres : contrebasse
Louis Cahen : batterie
Pour son premier disque, le franc-comtois Hugo Diaz démontre qu’il possède déjà un univers bien à lui. A la croisée des genres, ses compositions relèvent de la broderie la plus fine, avec des variations de timbres bien senties et quelquefois intrigantes au bon sens du terme. Toujours mélodiques, les dites compositions sont en outre construites dans une fluidité proche de l’écoulement liquide qui donne à l’écoute du disque une forme de continuité aussi séduisante qu’apaisante. Offrant en toute circonstance de l’espace, elles permettent aux membres du quartet d’exister pleinement. C’est donc un effort musical commun qui parcourt l’ensemble de l’album et il est évident qu’il donne tout son sel à l’interprétation de l’ensemble des titres. Le jeu du leader est suffisamment habité et profond pour embarquer avec lui ses collègues au profit de la musique, sans virtuosité excessive mais avec un à-propos certain. Nul doute qu’Hugo Diaz possède un bel avenir. Nous sommes curieux de voir où le mèneront ses nombreuses et déjà patentes qualités.
https://www.hugodiazmusic.com/
Artwork Records
Kenny Barron : piano
Immanuel Wilkins : saxophone alto
Steve Nelson : vibraphone
Kiyoshi Kitagawa : contrebasse
Johnathan Blake : batterie
Non content d’être une légende vivante, Kenny Barron est un octogénaire en pleine forme et ce nouvel opus le confirme très largement. Toujours raffiné, et même élégant, doté d’une attaque encore énergique et capable d’originalité dans ses choix, il embarque avec lui la sensation actuelle du saxophone Immanuel Wilkins, le vieux routard Steve Nelson et une rythmique solide et solidaire, histoire d’écrire une autre page du jazz. Quels que soient les détours empruntés, Kenny Barron n’oublie pas son swing et qu’il est l’un des derniers représentant d’une tradition pianistique au passé glorieux (le regretté Hank Jones et Tommy Flanagan étant selon nous ses ancêtres les plus proches). Le quintet de cet enregistrement est un parfait exemple des talents multiples du pianiste, notamment en matière de contraste. La dynamique d’ensemble est à l’image du maître, riche d’une culture jazzistique qui traverse de nombreuses décennies. C’est la force de ce disque de n’être jamais passéiste car souvent surprenant pour le meilleur. Ne vous privez pas de l’écouter.