Encore du jazz... en notes et en mots.
Odin Records
Hanna Paulsberg : saxophone
Marius Klovning : guitare
Bárður Reinert Poulsen : contrebasse
Hans Hulbækmo : batterie
Un détour de plus par la Norvège où le jazz et les musiques improvisées se portent mieux que bien. Flutken, quartet réunissant une part de la fine fleur du jazz norvégien, nous avait intrigués pour le meilleur avec leur premier album. Le deuxième, qui vient de sortir, confirme tout le bien que l’on pensait de ce groupe remarquable qui oscille en permanence entre mélodies et dérapages free avec un aplomb éloquent. Ornette est quelquefois présent, le guitariste lui frisellise pour le meilleur (mais pas que), le contrebassiste et le batteur (motianesque) profitent pleinement de la liberté que leur donne la tournure des choses musicales mises en place. L’on peut entendre d’un bout à l’autre du disque une joie de jouer ensemble qui fait du bien aux oreilles. C’est inventif, très aéré, et empli de paysages sonores qui savent surprendre avec un bon goût et une intelligence que bien des formations pourraient leur envier. Il y a dans la musique de Flukten une part d’insaisissable qui sait mêler l’abstrait et le tangible avec une subtilité nettement palpable et c’est l’un des atouts majeurs de cet album qu’il est conseillé de ne pas rater.
https://www.facebook.com/Flukten.band
Ostinato
David Bressat : piano
Thomas Belin : contrebasse
Charles Clayette batterie
Invitées
Lou Rivialle : chant
Maud Fournier violoncelle
Caroline Bugala : violon
Pour son troisième disque, le trio de David Bressat exhume quelques vieilles chansons françaises, ajoute une couche de Fauré, une autre Satie et une once de Daft Punk, histoire de faire un mélange propre à surprendre un tant soi peu l’auditeur. Cerise sur le gâteau, le trio invite trois musiciennes qui viennent colorer ici et là la musique du trio. C’est donc un trio français qui réarrange et joue des standards de chez nous comme les jazzmen américains le font depuis toujours avec The Great Songbook et c’est absolument légitime. La formation ayant de la bouteille, on sent d’entrée de jeu que les musiciens ne se cherchent pas. Tout est en conséquence très fluide, le swing opère sa magie avec une belle efficacité et chaque morceau est le fruit d’une esthétique globale qui privilégie l’élégance d’une tradition du trio jazz mainstream, tradition notamment créée par des grands noms du piano ; on ne vous dit pas lesquels. Les invitées apportent une variété qui rehausse l’ensemble (même si le dit ensemble n’en a pas vraiment besoin) et le disque au final fait montre d’une belle homogénéité et d’une musicalité affirmée.
https://www.facebook.com/dBressat/
Stunt Records
Alvin Queen : batterie
Carlton Holmes : piano, synthétiseur
Danton Boller : contrebasse
On pourrait croire qu’Alvin Queen à cent ans ou plus car la liste de grands anciens avec lesquels il a joué est si longue qu’un rouleau de papier toilette ne suffirait pas à tous les contenir. Il est pourtant né en 1950 et représente aujourd’hui l’essence du jazz par le swing. Son mentor s’appelait Elvin Jones et, à 12 ans, il a joué avec Coltrane… Vu chez Peterson, chez Kenny Drew, Don Pullen, Horace Silver, Dexter Gordon… ok j’arrête, le résident suisse qu’il est en remet une couche avec ce disque où les standards côtoient la musique de film. Accompagné par un pianiste et un contrebassiste qui pensent le jazz comme lui, il offre à l’auditeur une petite leçon de swing pas piquée des vers où chacun des membres du trio s’exprime pleinement sans nuire au collectif. Et comme Alvin Queen est la joie de vivre incarnée, la jovialité, son approche de la musique est généreuse et exubérante sans cesser d’être juste. Assumant pleinement le fait que pour lui le jazz n’existe pas sans swing, il continue dans ce Cd son petit bonhomme de chemin en appuyant sur les temps faibles. Si vous aimez cette approche, vous sauterez sur cet enregistrement qui le mérite bien, si ce n’est pas le cas, on ne vous en voudra pas, mais le titre résume l’ensemble : feeling good.
Frémeaux et associés . 320 pages
Pour celles et ceux qui croient que le jazz est une musique d’ascenseur (une fois pour l’échafaud) et qui voudraient soudainement connaître, allez savoir pourquoi, l’histoire du Be Bop à travers quelques grands anciens, ce livre est fait pour eux. Tous les textes sont d’Alain Gerber (qui dirige l’ensemble), Alain Tercinet pour les notices discographiques et Daniel Nevers pour les discographies, ce qui est une triplette gagnante dont le sérieux en matière d’histoire du jazz ne peut être remis en cause. Sont mis à l’honneur Miles Davis, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Jay Jay Johnson, Bud Powell, Kenny Clarke, Max Roach, Roy Haynes et Sarah Vaughan. D’autres auraient pu être intégrés mais c’est un livre de 320 pages, pas une encyclopédie en huit volumes. Pour ceux qui ne le savent pas encore, la plume d’Alain Gerber est brillante, rythmée et précise. Rien que pour cela, vous pouvez acheter ce bouquin et, en sus, vous apprendrez plein de trucs qui font qu’aujourd’hui vous écoutez (peut-être) du jazz sans trop savoir de quoi il retourne.
https://www.fremeaux.com/fr/7242-alain-gerber-miles-davis-l-histoire-du-be-bop-fal8975.html