ALISON BURNS & MARTIN TAYLOR . Song for nature

P3 Music

Alison Burns : chant
Martin Taylor : guitare

Mi-écossaise, mi-canadienne, Alison Burns fait partie de ces chanteuses superbement ignorées dans nos contrées. Concernant le guitariste anglais Martin Taylor qui l’accompagne dans ce disque indispensable, même constat. Pat Metheny le décrit pourtant comme «  l’un de soliste les plus spectaculaire dans l’histoire de l’instrument », mais cela ne suffit apparemment pas aux programmateurs. Pour l’avoir vu en concert il y a longtemps, on peut vous dire que son jeu est effectivement époustouflant. D’une musicalité impressionnante, ses lignes sont des éléments d’orfèvrerie guitaristique qui génèrent dans un seul mouvement une force et une fragilité mélodique d’une profondeur et d’une humanité captivante. En duo avec Alison Burns, dont on pourrait dire les mérites de la même manière, l’entente est parfaite, quasi télépathique, et chaque titre interprété contient sa part de magie. Ajoutez à cela que le timbre voilé et les graves de la chanteuse nous ont fait croire un instant que Julie London était encore de ce monde et vous comprendrez notre plaisir (même le Moon River qui clôt l’album ferait pleurer Audrey Hepburn). Il devrait être celui de tous les amateurs de musique sans distinction de genre. On ose dire qu’en matière de duo chant/guitare on n’a rien écouté d’aussi beau depuis Joe Pass et Ella. Ceci dit, en France, on invite Régulièrement Stacey Kent et Diana Krall dans tous les festivals et on se demande encore pourquoi. On se dit même qu’il ferait mieux d’écouter Alison Burns et de la faire connaître au public hexagonal. Il pourrait même l’inviter en duo avec Martin Taylor. Ca aurait plus de caractères et ça nous changerait.


https://www.alisonburns.com/
https://martintaylor.com/


  NORMA WINSTONE KIT DOWNES . Outpost of Dreams

Ecm

Norma Winstone : chant
Kit Downes : piano

Des pièces originales apportées par Kit Downes, ainsi qu’un ensemble de compositions de Carla Bley, Ralph Towner, et John Taylor. Le programme est complété par deux airs traditionnels, « Black Is The Colour » et « Rowing Home », transfigurés par des arrangements atypiques. Ceci est un extrait du communiqué de presse. Une chose est certaine, pour leur premier disque en commun, Norma Winstone (1941) et Kit Downes (1986) ont réalisé un sans faute. La chanteuse d’East London, toujours aussi subtilement aventureuse, et le pianiste, lui aussi anglais, très à l’écoute et très libre, se complètent magnifiquement. Si c’est leur premier disque, sachez toutefois qu’ils jouent ensemble depuis près d’une décennie et cela explique l’évidente osmose qui apparaît entre eux sur tous les titres de cet album poétique en diable. L’âge ne semble avoir aucune prise sur la chanteuse et sa voix et sa musicalité sont toujours aussi convaincantes. Quant à Kit Downes, il est habité par la musique et ses phrases serpentines et épurées habillent avec grâce le chant de Norma Winstone. A l’écoute, c’est un régal et une bonne occasion de se laisser aller à la rêverie sans but et regarder le temps passer. Indispensable.


https://www.normawinstone.com/
https://www.kitdownesmusic.com/


  ROBINSON KHOURY . Mÿa

Komos

Robinson Khoury : trombone, synthé modulaire, voix
Anisa Nehari : percussions, voix
Leo Jassef : claviers, voix

Invitées :
Natacha Atlas : voix
Lynn Adib : voix

Mais dites-moi donc, c’est du jazz ça ? Zut alors, c’est encore une de ces formes hybrides qui empêche le swing de vivre sa vie… Pff… Bon, on ne doit pas être encore assez vieux et assez con vu qu’on a bien aimé ce disque. Le tromboniste et ses complices explorent une cosmogonie qui leur est propre. Ils jouent sur le contraste et développe des mélopées au goût oriental. Entre électronique et voix humaines, le trio construit un univers au sein duquel chaque détail est une pierre à l’édifice. Leur musique, qui est étonnamment organique, évolue entre les ombres d’un temps musical ancien subodoré et l’infinitésimal sonore (dans toute sa grandeur) d’un actuel à réinventer, et porte en elle une forme de germination qui s’épanouit dans des lignes et des formes qui bercent l’auditeur dans une rêverie mélodique (quelquefois inquiète) plutôt envoûtante. L’ensemble des orientations prises par le trio est parfaitement maîtrisé et l’aboutissement est une des marques de fabrique de ce disque ambitieux qui ne prend pas la tête pour autant. A découvrir fissa.


https://www.robinsonkhoury.com/


  MICHAEL O’NEILL . Arrival

Green Bean Music

Michael O’Neill : guitare
John Leftwich : basse
Land Richards : batterie
Tom Keenlyside : saxophone
Ronnie Foster : orgue
Lorie V Moore : chant
Sadie O’Neill : chant

Michael O’Neill a joué entre autres avec Benson, Streisand, Wonder, Rickie Lee Jones, Aretha Franklin, et c’est une toute petite partie de liste des cadors qu’il a fréquentés. Le temps qui lui reste est consacré à la composition de musiques de films. C’est un des musiciens de studio les plus demandés sur la côte Ouest et ce n’est pas un hasard. Ne vous y trompez cependant pas, sur ce disque, on fait là dans le « Smooth Jazz », celui qu’on écoute sur une promenade de bord de mer en comptant les palmiers, les baraques à frites et les cornets de glace. Mais bon, c’est l’été ! Et quelqu’un a-t’il envie de lire Kierkegaard allongé sur le sable en écoutant Peter Brötzmann en mp3 ? Et puis on se doit de dire que c’est très bien fait, très musical. Les puristes trouveront ça trop facile, bien évidemment. Mais on emmerde les puristes et tout ceux qui ont des idées trop bien ancrées qui leur font faire n’importe quoi, notamment dans les urnes. Michael o’Neill, acoustique ou électrique, n’en fait jamais trop. Qui plus est, il est accompagné par des musiciens qui savent faire ce genre de musique. Alors pourquoi se priver d’un bon moment de groove ?


https://michaeloneillmusic.net/album/2761394/arrival