Du neuf et de la réédition indispensable, de quoi nourrir les amateurs de (très) beau jazz
Palmetto Records
Brian Landrus : saxophones baryton et basse, clarinette basse, clarinette contre alto, piccolo, flûte C, flûte alto, flûte basse
Dave Stryker : guitares électrique et acoustique
Jay Anderson : contrebasse
Billy Hart : batterie
Brian Landrus utilise dans ce disque les possibilités techniques existantes pour jouer de plusieurs instruments (voir ci-dessus). Du souffle en multicouche donc. Accompagné par Dave Stryker à la guitare, Jay Anderson et Billy Hart en rythmique de luxe (une bande de musiciens pas nés de la dernière pluie avec des curriculums longs comme un jour sans pain), il propose sa lecture personnelle des quelques titres du Duke E. et du Billy S. dans un mood mainstream. Bien arrangée et pas réécrite, leur musique s’écoule avec une quiétude non feinte, une pondération proche de l’ataraxie. Rien ne semble pouvoir perturber ces musiciens qui jouent au plus juste d’un bout à l’autre de l’enregistrement. Nous ne disons pas qu’ils sont mous, non ! Ils font juste dans la dentelle haut de gamme, celle nécessaire au tapis sonore imaginé par le leader. Au bout du compte, c’est un disque sans esbroufe qui privilégie la sensibilité musicale avant toute chose, celles des compositeurs et celle des musiciens qui l’interprètent. Et c’est plus qu’agréable à écouter. On dira même que c’est vachement bien ! Allez-y gaiement…
Open Minds Records
4 Horns & What ? (titres 1-8), avec :
Paul Smoker : trompette
Ellery Eskelin : saxophone ténor
Andy Laster : anches multiples & flûte
Joe Daley : cuivres graves
Phil Haynes : batterie et compositions
4 Horn Lore (titres 9-17), avec :
Paul Smoker : trompette
Clarence ’Herb’ Robertson : anches multiples
Ellery Eskelin : saxophone ténor
Andy Laster : anches multiples & flute
Phil Haynes : batterie et compositions
Live at B.A.M (titres 18-28), avec :
Paul Smoker : trompette
Clarence ’Herb’ Robertson : multi-brass
John Tchicai : saxophone ténor
Andy Laster : anches multiples & flûte
Joe Daley : cuivres graves
Phil Haynes : batterie et compositions
Voilà une réédition réunissant trois disques en un qui fait du bien par où ça passe. Souvent joyeuse, et même endiablée, la musique proposée ici possède toutes les qualités nécessaires pour séduire. Inventive et définitivement libre, elle évolue dans des sphères où les qualités des musiciens peuvent se révéler sans détour. C’est plus encore audible dans les morceaux plus lents ou plus sombres. Derrière ses fûts le leader n’est pas en reste. Son jeu dynamique, finement ouvragée et léger fait merveille. Ses condisciples s’appuient sur cette base pour partir à l’aventure ; Paul Smoker et Ellery Eskelin (que devient-il ?) sont au sommet de leur art, tout comme John Tchicai qui remplace Eskelin sur le « Live at BAM ». Bien évidemment, les autres cuivres ne font pas de la figuration, loin de là, et ils apportent à l’édifice une force et une rigueur épatantes. Dans l’ensemble, c’est direct, inaccoutumée, furieusement vivant et dénué de toute banalité. Enregistrées en 1989, 1991 et 1995, ces sessions (deux studios et une en public inédite à ce jour) sont un vrai bonheur grâce à la parfaite interaction entre les membres de la formation, tout comme aux dialogues féconds qu’ils exposent (explosent) non sans jubilation. Un must !
Imani Records
Sean Jones, Josh Lawrence : trompette
Todd Bashore : saxophone alto, flûte
Caleb Wheeler Curtis : saxophones tenor & soprano
David Gibson, Reggie Watkins : trombones
Vicente Archer, Madison Rast : contrebasse
Anthony Tidd : basse électrique
Anwar Marshall, Mark Whitfield II : batterie
Orrin Evans : piano
Lisa Fischer : chant (4)
Bilal : chant (3.6)
Paul Jorst : chant (1)
Joanne Pascale : chant (2)
Guest soloists :
Nicholas Payton : trumpet
Jesse Fischer : organ
Sortie le 16 août
Orrin Evans le dit sans ambages : « Mon parcours musical est étroitement lié à mon parcours médical, et cet album me permet d’ouvrir la porte à ce avec quoi j’ai vécu pendant des années ». Atteint de neurofibromatose au pied gauche, il se déplace avec une canne. Le titre de l’album fait donc référence à ce handicap. Il ajoute « Nous vieillissons un peu et j’ai commencé à y penser. Je me suis mis à penser à Phyllis Hyman, qui n’a pas atteint mon âge. Charlie Parker et Jésus n’ont pas atteint mon âge, vous savez ? Il s’agit donc de marcher malgré tout, et de marcher la tête haute, avec la fierté de mériter tout ce pour quoi on a travaillé. » Dans ce disque fermement ancré entre tradition et modernité, le big band déploie une musique aux arrangements créatifs qui capte sans mal l’attention. Chacun des musiciens tient son rang et les puissants solistes qui interviennent savent faire ce qu’il faut pour colorer sans défaut une base qui va du jazz pur au groove. L’inspiration est bien au rendez-vous dans cet album qui séduira même les plus exigeants des auditeurs. Une magnifique version de « Smoke gets in your eyes » sans rythmique vous donnera assurément le frisson, entre autres.
Enja Yellowbird
Myra Melford : piano
Allison Miller : batterie
Dayna Stephens : saxophones soprano, alto &tenor
Scott Colley : contrebasse
Le Lux Quartet est constitué de pointures, comme on dit. Voyez ci-dessus. Co-dirigé par Myra Melford et Allison Miller il offre à l’écoute un jazz qui est à leur image, savant. Mais savant ne veut pas toujours dire ennuyeux, fort heureusement. Dans le cas qui nous occupe, la profondeur de l’ensemble musical créé suffit à en faire une référence dans le haut de gamme. Leur musique n’étant pas unidirectionnelle, elle aime à prendre des chemins de traverses plus ou moins inusités et elle donne à entendre le meilleur d’un jazz actuel bien assis sur les basses solides d’un savoir nécessaire à ce type d’exercice. Chacun des musiciens est, dans son jeu, d’une limpidité assez impressionnante. Ces quatre-là étaient fait pour unir leurs forces et inventer un de ces jazz original qui a tout pour séduire les auditeurs. Et si tant est qu’il est complexe dans ses constructions, il n’est jamais abscons ; peut-être est-ce la marque des grands, non ? Une chose est certaine, la richesse intrinsèque du Lux Quartet est notable et la qualité des compositions typique d’une exigence musicale rare. Ne vous privez pas…