RANDY INGRAM . Aries dance

Sounderscore Records

Randy Ingram : piano
Drew Gress : contrebasse
Billy Hart : batterie

Sortie le 18 octobre

Les compositions du pianiste Randy Ingram appartiennent à une tradition jazz qui leur donne l’apparence de la simplicité, juste l’apparence. Elles offrent aux accompagnateurs (luxueux) qu’il a choisis de l’espace pour s’exprimer pleinement et nourrir le fil musical du discours. Son jeu possède une finesse rythmique fort intéressante et une propension à l’harmonisation contemporaine qui n’empêche aucunement ses compositions de sonner parfaitement jazz. Il en va de même avec ses interprétations de standards ou celle d’une pièce de Wayne Shorter, Penelope. Drew Gress est fidèle à son niveau d’exigence habituel et l’on ne s’étonne pas qu’il trouve avec Randy Ingram un collègue musicien qui le stimule. Il en va de même de Billy Hart qui ne cesse de se bonifier avec l’âge en éclaircissant et en aérant son jeu de manière extrêmement inspirée. A propos d’inspiration, le contrebassiste et le batteur ne font que les soli nécessaires (mais on ne saurait s’en passer). Randy Ingram, en maître d’œuvre élégant, est à l’écoute et le disque est au final une très grande réussite. Absolument indispensable.


https://www.randyingram.com/


  DANIEL GARCIA TRIO . Wonderland

Act Music

Daniel Garcia : piano, voix (10)
Reinier EL Negrón : contrebasse
Michael Olivera : batterie, voix (6)

Invités :

Gilad Hekselman : guitar (3)
Lau Noah : voix (7)
Verónica Ferreiro : voix (11)

Plus ouvert que ses deux précédents disques qui étaient ancrés dans la tradition espagnole et notamment flamenco, Ce « Wonderland » du pianiste natif de Salamanque Daniel Garcia n’en est pas moins un bon disque. La formule de base du trio est enrichie sur quelques titres par des invités convaincants et cela ajoute à l’impression de diversité qui se dégage dès la première écoute. Sa rythmique cubaine permet d’aborder la musique caribéenne avec une justesse épatante. On retrouve d’ailleurs des accents de Danilo Perez (son mentor) dans son jeu. Si l’album est agité par un désir irrépressible de musique fondamentalement tournée vers le rythme, il n’en demeure pas moins que le jeu du pianiste possède une largeur palette et qu’il sait colorer ses mélodies avec brio. Si l’on en croit les notes du disque, « Wonderland » serait comme un havre secret où résident nos illusions les plus profondes et nos espoirs les plus fervents, nous guidant à travers le labyrinthe de la vie. Pourquoi pas ? C’est néanmoins du très bon jazz mêlé d’influences variées et ensoleillés qu’il est plaisant d’écouter.


https://www.danielgarciadiego.com/


  L’ODYSEE DE PAUL LAY

Gazebo

Paul Lay : piano
Matyas Szandaï : contrebasse
Donald Kotomanou : batterie

Paul Lay refait le voyage d’Ulysse à sa manière, en trio (pour mieux résister aux sirènes ?). Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a aucune peine à nous embarquer avec lui. Ce qui nous captive dans ce disque est ce qui nous interpelle chez le pianiste, à savoir son inventivité harmonique, sa science du jazz et un désir patent d’être au monde par ce biais. Il y a bien des musiciens qui font de la musique, Paul Lay, lui, la vit. C’est du moins ce que nous ressentons, qu’on l’écoute sur disque ou en concert. C’est ainsi et cet album ne fait pas exception à la règle. Les paysages antiques déployés ici sont, entre autre, le fruit d’une écoute intelligente entre les trois membres du trio. Donald Kotomanou, dont la solide légèreté n’est plus à démontrer, Matyas Szandaï, dont la justesse inspirée à toujours été l’une de ses marques de fabrique, sont des complices idéaux pour le pianiste. Les trois portent le chant d’Homère dans un lyrisme musical qui est tour à tour apaisé, vibrionnant ou survolté. Ce disque absolument magnifique est hélas le dernier enregistrement de Matyas Szandaï avant qu’il décide, beaucoup trop tôt, de continuer son odyssée personnelle dans un ailleurs lointain. On se console en sachant avec Bill que we will meet again. Aussi, quitte à lire L’Odyssée, on se permet de vous conseiller vivement la traduction de Philippe Jaccottet (La Découverte, 2004).


https://www.paul-lay.com/