Voici quatre nouvautés qui penche du côté du classicisme et qui pourrait même satisfaire un fan de Sardou ou de Michel Delpech. C’est bientôt Noël et on vous mâche le boulot. Qu’est-ce qu’on dit ?
Storyville Records
Michel Petrucciani : piano
Gary Peacock ; contrebasse
Roy Haynes : batterie
En 1988, à 26 ans, Michel Petrucciani est déjà au sommet de son art. Avec une rythmique luxueuse (voir ci-dessus), il dégoutera toux ceux qui n’étaient pas au Jazz club Montmartre le 03 juillet 1988, nous compris. Son lyrisme immédiatement reconnaissable, sa joie de jouer, sa science pianistique, sa qualité d’écoute, tout est là. C’est du live, alors il laisse pas mal de place aux soli de Peacock et Haynes : comme ils sont au taquet, ils ajoutent une plus value non négligeable au jeu du leader. Bref, entre compositions personnelles et standards revisités, le trio envoie du lourd. Les chevauchées s’enchaînent à toute allure et les quelques ralentissements de tempo mettent en valeur l’art de la nuance dont ils sont coutumiers. Michel Petrucciani était pressé de vivre et de jouer avec la gourmandise de ceux qui savent que cela ne durera pas aussi longtemps qu’ils le souhaiteraient. Ce beau disque, dont l’enregistrement est honnête, en est un exemple concret, un de plus dans la discographie du pianiste.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Petrucciani
Stunt Records
Scott Hamilton : saxophone ténor
Jan Lundgren : piano
Hans Backenroth : contrebasse
Kristian Leth : batterie
Scott Hamilton revient régulièrement à nos oreilles avec un nouveau disque. Dans ce dernier né qui fête ses 70 ans et rend hommage à quelques uns de ses amis jazzmen et pas des moindres (Rowles, Flanagan, Eldridge, mulligan, etc.). Ce gars-là, il n’a fréquenté que des pointures xxl ! Avec son quartet habituel (made in Septentrion), un gage de stabilité, qui compte dans son effectif un pianiste que l’on aime bien, Jan Lundgren, une rythmique aux petits oignons, le septuagénaire fait du jazz, comme au bon vieux temps diront les nostalgiques, et souffle dans son ténor avec une vigueur veloutée qui peut faire croire que Ben Webster est dans la pièce. Fier d’avoir raté le train de l’avant-garde, il joue comme il l’entend la musique qu’il aime. L’important, ce que ce n’est jamais mièvre ou daté, parce que ça coule de source, comme une évidence, et cela rend Scott Hamilton intemporel. Accompagné par des musiciens au diapason, il déroule tranquillement, sûr de son fait, l’étendue de son savoir, on dira même de sa philosophie. Coolissime.
http://www.scotthamiltonsax.com/
Jazz Eleven
Rosario Giuliani : saxophone alto
Giovanni Mirabassi : Piano
Un duo piano/saxophone à l’âme transalpine, qui donc pourrait refuser de l’écouter avec bonheur ? Sachant que Giovanni Mirabassi et Rosario Giuliani se connaissent depuis longtemps, une personne normalement constituée remarquera d’emblée l’alchimie évidente qui les unit musicalement. Bien calé entre modernité et mémoire vivante du jazz, les complices égrènent les thèmes à la perfection avec un lyrisme inhérent à leur commune italianité. Jamais on ne s’ennuie car l’échange est à tout moment fructueux. Le duo étant un format exigeant, il ne supporte que des grands musiciens. Ca tombe bien, ces deux-là savent moduler, raconter, digresser et surprendre l’auditeur à leur convenance sur le fil de l’improvisation ; et comme ils n’ont plus rien à prouver à qui que ce soit, ils se font plaisir, nous font plaisir et tout le monde est content. Qui a dit que le jazz était compliqué ?
https://www.giovannimirabassi.com/
https://rosariogiuliani.com/
Stunt Records
Jim Mullen : guitare
Ben Paterson orgue
Jan Harbeck : saxophone ténor
Kristian Leth : batterie
Allez quoi, un autre de dose de jazz classico-classique, ça vous dit ? Un guitariste écossais qui fêtera bientôt ses 79 printemps, qui joue avec le pouce et qui ne s’appelle pas Wes Montgomery, accompagné par un organiste, un batteur et un saxophoniste fils spirituel ou presque de Scott Hamilton, cela promet une bonne dose de groove, non ? Tout à fait. C’est tranquillement swing, format thème improvisations et thème, sans réelle surprise mais réalisé avec un goût sûr dû à quelques décennies d’expérience. Jim Mullen, à la fois journaliste le jour et musicien à la nuit tombée, a pas mal galéré dans les années soixante-dix. Il est toujours là, aux commandes d’un quartet qui fait le boulot avec sérénité. Pour accompagner un pur malt bien iodé, ce sera parfait.