ANDRE VILLEGER QUARTET . Benny’s keys

Camille Productions

André Villéger : saxophone ténor
Alain Jean Marie : piano
Thomas Bramerie : contrebasse
Antoine Paganotti : batterie

Quand quatre musiciens français se réunissent pour rendre hommage à Benny Golson, on se dit que c’est une bonne idée. Quand le saxophoniste et le pianiste ont dépassé la maturité et qu’ils s’appellent André Villéger et Alain Jean Marie, on ne s’inquiète pas, d’autant que Thomas Bramerie et Antoine Paganotti, « des jeunes » en pleine maturité, eux, font une rythmique épatante, de celles que Benny aurait adoubées à coup sûr. Une composition hommage du saxophoniste, une autre de Benny jamais enregistrée sur disque auparavant, et les compositions immortelles du maître constituent une playlist de rêve. Un grain de ténor aux petits oignons qui reflètent bien l’époque où le philadelphien a sévi, la science économe du pianiste (qui l’a souvent croisé) et la rythmique souple et solide à la fois pour asseoir le tout dans une ambiance parfaitement golsonienne, faite de swing débonnaire, d’ombre et de lumière presque mélancoliques célèbrent avec justesse les thèmes du saxophoniste déjà entrés dans le great songbook depuis quelques décennies. Le quartet réalise un travail d’orfèvre à la mesure du génial et si gentil, (on adorait l’écouter raconter ses histoires de jeunesse avec Coltrane et les autres) Benny Golson. Well done !


https://camille-productions.bandcamp.com/album/bennys-keys-a-tribute-to-benny-golson


  DANIEL HUMAIR . Prismes à l’eau

Le Triton

Daniel Humair : batterie
Vincent Lé Quang : saxophones
Stéphane Kerecki : contrebasse
Samuel Blaser : trombone

En expert des fourneaux musicaux, Daniel Humair a pris la crème de la crème (d’une autre génération que la sienne) pour concocter une de ses recettes dont il a le secret. Parmi les ingrédients majeurs, on retrouve sa science musicale, sa liberté, son humour et son goût du partage. Avec baguettes et balais et sa souplesse habituelle, il interagit avec des musiciens qu’il connaît très bien au service d’une esthétique sonore colorée où les rythmes alternent entre fixité et variabilité. Quant aux harmonies, elles savent s’ouvrir sur l’inconnu, source toujours renouvelée de révélations au sein desquels l’insolite a sa place. Entre écriture et improvisation, chaque élément du quartet à la liberté d’être lui-même sans omettre d’écouter les autres (la base). C’est donc au final un jazz aventureux qui n’oublie pas les fondamentaux et qui offre à l’auditeur une expérience auditive particulièrement riche que seuls les cerveaux étroits ignoreront.


https://letriton.bandcamp.com/album/prismes-leau


  STAN TRACEY QUARTET . The return of Captain Adventure

Tentoten Records

Art Tremen : saxophones tenor é soprano
Stan Tracey : piano
Dave Green : contrebasse
Bryan Spring : batterie

Voici une réédition bienvenue, d’autant qu’elle est très augmentée, d’un disque live du quartet de Stan Tracey enregistré en 1975 et qui est décliné là en double Cd. Ce dernier fut longtemps le pianiste attitré du célèbre et londonien club de jazz Ronnie’s Scott. Il y joua avec nombre de pointures de passage (Rollins, Griffin, byas, Getz, etc). Avec ce quartet, il délivre un jazz hard bop qui tend vers le futur. Le disque en toute circonstance généreux. Le saxophoniste est rugueux à souhait, le batteur très présent, le contrebassiste élastique comme il faut et le leader vif et percussif, assez monkien, (bien qu’il nous ait fait pensé par certains côtés au Brubeck de « Live at Newport »). Tous font preuve d’une audace souvent débridée, avec une bonne dose d’espièglerie, une écoute parfaite et une joie de jouer évidente. Leur créativité est exaltée sans jamais être lourde et l’aventure du capitaine est ma foi fort belle.


https://en.wikipedia.org/wiki/Stan_Tracey


  OSCAR PETERSON . City lights

Two Lions Records

Oscar Peterson : piano
Lorne Lofsky : guitare
Niels Henning Ørsted Pedersen : contrebasse
Martin Drew : batterie

Un nouveau disque d’Oscar Peterson (1925-2005) ? Ben oui, un concert de 1994 avec sa rythmique habituelle de l’époque et un outsider à la guitare, Lorne Lofsky. Notez que ce concert a lieu en Allemagne à peine plus d’un an après que le canadien ait subi un Avc qui handicap définitivement sa main gauche. Alors quoi ? C’est du Peterson, plus posé que par le passé (quand il faisait passer le Tgv pour une Micheline), avec une main et demie. Rassurez-vous, cela suffit amplement pour satisfaire un amoureux du swing. Le guitariste tire son épingle du jeu, derrière ses fûts, Martin Drew (1944-2010) fait ce qu’il sait faire et il le fait bien. Évidemment, c’est le contrebassiste danois Niels Henning Ørsted Pedersen (1946-2005), fidèle entre les fidèles, qui tient la baraque et démontre en passant (Samba petite) quel génial virtuose il était. L’originalité de ce disque, on la trouve dans la playlist où cinq des neuf titres sont composés par le pianiste, ce qui est assez rare, somme toute. Et le bon géant résilient qu’il était alors possède encore un sacré groove. Cadeau de noël.
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https://en.wikipedia.org/wiki/Oscar_Peterson