Une vitrine qui ratisse large, histoire que chacun à sa guise puisse alimenter les pieds des sapins
Label Bleu
Edward Perraud : batterie
Bruno Angelini : piano
Arnault Cuisinier : contrebasse
Ce nouveau disque d’Edward Perraud, dernier d’une trilogie qui a d’abord abordé l’espace et le temps, est voué à la lumière. Quoi de plus volatil que la lumière ? Comment capter avec des notes ses irisations multiples ? Comment piéger dans une mélodie ses températures si variables ? Comment agir pour qu’elle éblouisse de ses clairs-obscurs l’auditeur (comme le musicien) ? Il a fallu au photographe caché derrière le musicien emprunter des chemins de poésie et accepter une déambulation qui est toujours initiatique, quelles que soient les influences assimilées pour (et par) le projet. Il lui a également fallu partager avec ses complices, poètes accompagnateurs, les spectres chromatiques. Mais comment donc partager la lumière ? Comment la découper en pièces musicales emplies d’interactions humaines ? Comment faire en sorte qu’elle soit prégnante, qu’elle imprime la face cachée de l’oreille, à vue d’œil ? Afin d’être trompés, la lumière est un mirage, nous avons ignoré les notes d’intention de l’artiste et avons chu entre deux rais dans son oasis musicale. Et devinez quoi, ce fut lumineux. Vous devriez essayer.
https://www.edwardperraud.com/Home.html
Act
Vincent Peirani : accordéon
Federico Casagrande : guitare
Ziv Ravitz : batterie
Quand trois jazzmen de haut vol décident d’aller faire un tour vers une musique plus pop-rock que jazz, à l’écoute, soit on s’emmerde, soit on s’éclate. Il n’y jamais d’entre eux. Avec Vincent Peirani, Federico Casagrande et Ziv Ravitz, on se paie une bonne tranche de plaisir musical car ils savent où se situe la limite entre le lyrique et l’emphatique. Lyriques ils sont donc, et capables de développer des atmosphères variées sans omettre de coller à la mélodie première de chaque thème. Et comme ce type de musique est bien souvent plus expressif sur scène qu’en studio, ils ont enregistré cet album en public. Ils ont bien fait. Cela nous rappelle les grandes heures de la pop seventies avec tous ces groupes composés de musiciens hors pairs, capables de toutes les finesses, qui nous faisaient décoller, planer, chacun dans leurs univers respectifs. Si c’est bien évidemment la sonorité de l’accordéon qui définit l’ambiance générale, les apports du guitariste et du batteur sont indispensables à la conception du projet musical. Et comme ce sont trois furieux, ils créent une de ces musiques qui reste coincée dans les oreilles, morceaux de bravoure live compris. Pourquoi se priver ? Je vous le demande…
https://vincent-peirani.com/
https://www.federicocasagrande.com/
https://www.zivravitz.com/
Whirlwind Recordings
David Preston : guitares
Kit Downes : piano
Sebastian Rochford : batterie
Kevin Glasgow : contrebasse
David Preston est un guitariste basé à Londres et dans cet album, il s’entoure de pointures tel le batteur Sebastian Rochford ou encore le pianiste Kit Downes, sans oublier son complice bassiste Kevin Glasgow. Mélodique en diable, sa musique traverse des contrées sonores apaisantes où l’espace est vaste, les résonances subtiles et la virtuosité discrète. Malgré la douce complexité du jeu, une grande lisibilité parcourt l’entièreté du disque et elle n’est pas sans évoquer, par certains côtés, le travail de grands anciens dans le jazz rock, John Abercrombie par exemple. C’est fichtrement bien fait, toujours très inspiré, et on se laisse attraper sans retenue par l’univers magnifiquement développé du quartet. Pas une note ne dépasse, tout est parfaitement en place, dans cet ensemble musical aussi intense qu’aérée, même quand la guitare s’oriente vers des sons plus distordus. Comme l’indique le titre de l’album, vous disposez d’un premier volume, paru en 2023, pour compléter avec bonheur l’écoute du présent enregistrement. Une belle découverte que l’on vous recommande sans ambage.
https://www.davidprestonmusic.com/
Sunset Records
Rhoda Scott : orgue hammond
Sophie Alour : saxophone ténor
Lisa Cat-Berro : saxophone alto
Julie Saury : batterie
invités :
Hugh Coltman : chant
David Linx : chant
Emmanuel Pi Djob : chant, guitare
Une grosse petite dose de swing avec l’inusable et intemporelle organiste Rhoda Scott et son Lady quartet qui pour fêter ses 20 ans invite trois chanteurs (voir ci-dessus) aux univers musicaux différents. Mettre des couleurs supplémentaires sur un quartet aisément identifiable, c’est une bonne idée qui rehausse l’ensemble avec un goût certain puisque les invités ne sont pas des lapins de trois semaines, loin s’en faut. Ce n’est certes pas révolutionnaire, mais c’est musicalement très bien fait. Il y a de la place pour tout le monde, la diversité des solistes et leurs qualités intrinsèques sont un excellent remède contre l’ennui et même un auditeur néophyte sera attrapé par le groove qui parcourt cette musique. Dans les ballades comme dans les morceaux les plus allègres, le feeling est au rendez-vous. Cela suffit amplement pour que ce disque finisse au pied du sapin.