Trois disques dont une réédition vynile dans cette vitrine
Ecm
François Couturier : piano
Dominique Pifarély : violon
Sortie le 24 janvier
Un duo de géants discrets, deux musiciens incontournables depuis des décennies qui jamais ne se laissent aller à la facilité, cela donne forcément, quand ils se rencontrent, un disque indispensable. Qu’ils proposent leurs compositions originales ou des reprises d’Ellington, Gershwin, J.J Johnson et même Brel, leurs voix se parlent et s’entremêlent au service des thèmes joués avec l’expressive humanité qui les caractérise. Leur passé musical commun est tel que rien ne s’oppose à l’alchimie, que rien n’interfère avec leur désir d’absolue beauté. Sur leur chemin d’improvisation, les notes nées du silence produisent les plus douces vibrations mélodiques qui soient, enveloppent l’auditeur, le protègent des vicissitudes, de la fadeur, le livrent à l’harmonie, à la profondeur poétique, au chant. Rien n’est plus évident que cette parole partagée entre le pianiste et le violoniste. L’intimité du duo est convoquée sans fard, mais avec une pudeur nécessaire, celle qui laisse à l’auditeur son droit à l’imagination. Vous n’écouterez pas dans ce disque une musique de musicien pour musicien, ce qui peut être tragiquement ennuyeux quels que soient les mérites des artistes. François Couturier et Dominique Pifarély vous offrent dans ces Preludes and songs » un espace de communion où se retrouvent celles et ceux qui croient encore, avec Yves Bonnefoy, que la poésie peut sauver le monde.
http://www.francois-couturier.fr/
https://pifarely.net/dominique-pifarely/
Zoolman Prod
Zool Fleischer : piano, fender rhodes et séquenceur
Franck Agulhon : batterie
Marc Bertaux ; contrebasse
Zool Fleischer est de retour ! Une bonne vingtaine d’années après son dernier enregistrement, Zooloup (2002) en duo avec Denis Leloup, il réapparaît en trio avec Marc Bertaux et Franck Agulhon pour un disque contenant treize compositions originales et une reprise (Goodbye). Le moins que le puisse dire, c’est que dès les premières notes, il est là parmi nous, comme si de rien n’était et que le temps avait oublié de passer. Malgré les longues absences qu’il inflige à ses fidèles auditeurs dont je suis, l’originalité de sa voix pianistique perdure. Extrêmement doué pour la narration, il développe dans chacun de ses thèmes une dramaturgie mélodique dont les digressions se mêlent à un swing affûté. Ses acolytes partagent avec lui le savoir faire musical nécessaire à l’exercice, ce qui donne à l’ensemble une imparable limpidité. Qu’il soit au piano ou devant un Fender Rhodes, Zool Fleischer donne à ouïr un discours atypique au lyrisme discret qui génère une poétique n’appartenant qu’à lui. Ceci dit, s’il pouvait éviter de trainer vingt ans avant le prochain, ça me laisserait une chance d’écouter son futur sixième disque. Allez quoi !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zool_Fleischer
Ecm
Sortie le 24 janvier
Rainer Brüninghaus : piano, synthétiseur
Kenny Wheeler : bugle
Jon Christensen : batterie
Brynjar Hoff : hautbois, cor anglais
Ce disque initialement sorti en 1981 est une réédition vinyle uniquement. Ca, c’est franchement discutable… Toutefois, en parler dans ces colonnes, c’est signaler aux auditeurs potentiels que Rainer Brüninghaus n’est pas n’importe qui, loin s’en faut, et que sa musique, notamment celle de cet enregistrement, témoigne de l’esprit et du son d’une époque. Complice d’Eberhard Weber, De Jan Garbarek, Heinz Sauer ou encore de Charlie Mariano et Kenny Wheeler (présent sur ce Cd), il a donne à écouter une musique plutôt subtile avec des belles variations mélodiques et des continuums rythmiques idoines. C’est quelquefois connoté par un lyrisme assez marqué (pour ne pas dire plus) mais cela passe aisément car les musiciens présents sont d’un niveau qui frise la perfection, comme les propositions mélodiques du leader d’ailleurs. Il est conséquemment nécessaire de s’intéresser à cette réédition jazz fusionnelle que les plus jeunes découvriront et qui baignera les plus anciens dans les limbes de leur mémoire (ce n’est pas douloureux) ; elle est en outre écoutable en ligne, ce qui est mieux que rien.