| 00- FLAVIO BOLTRO / FABIO GIACHINO . Things to say
| 01- ALTERNATIVE GUITAR SUMMIT . Honoring Pat Martino, Vol. 1
| 02- ENRICO PIERANUNZI QUINTET . The extra something
| 03- ALBERT AYLER . Revelations- OUI !


  FLAVIO BOLTRO / FABIO GIACHINO . Things to say

CamJazz
trompette
Flavio Boltro :
Fabio Giachino : piano

Si la promo du disque nous parle du duo Armstrong / Hines de 1928, quand il s’agit de duo piano/trompette, nous, nous pensons immédiatement à « Diane » de Paul Bley et Chet Baker (1985). C’est comme ça. Ceci dit, entre le très expérimenté trompettiste et le jeune pianiste doué, la mayonnaise prend plutôt bien. Très italien sur le plan mélodique, le disque est un dialogue au long cours qui ne manque à proprement parler pas de saveur. Dans ce ping-pong musical, Flavio Boltro et Fabio Giachino savent alterner avec justesse les ambiances. Dans un esprit post bop, comme on dit, ils échangent leurs vues et leurs points de vue sans jamais perdre le fil. Beaucoup d’écoute donc, ce qui somme toute peut sembler normal, et une façon personnelle de diluer les thèmes dans les improvisations qui leur permet d’approfondir l’aspect exploratoire du leur duo. Mais, pour une raison que l’on ignore, nous avons eu quelque peine à entrer dans leur univers ou, pour être précis, à demeurer attentif à leur discours. C’est ainsi et cela ne devrait pas vous empêcher de les écouter.

Yves Dorison


https://www.fabiogiachino.com/


  ALTERNATIVE GUITAR SUMMIT . Honoring Pat Martino, Volume 1

HighNote Records

Adam Rogers, Peter Bernstein : guitare (1)
Kurt Rosenwinkel : guitare, basse, Batterie (2)
Fareed Haque : guitare (3)
Sheryl Bailey, Ed Cherry : guitare (4)
Rez Abbasi, Jeff Miles : guitare (5)
Russell Malone : guitare (6)
Dave Stryker, Paul Bollenback : guitare (7)
Nir Felder, Oz Noy : guitare (8)
Joel Harrison : guitare (9)
Kevin Kozol : claviers (3)
Dezron Douglas : contrebasse (1,4,5,7)
Alex Austin : contrebasse (3)
Chulo Gatewood : contrebasse (8)
Allan Mednard : batterie (1,4,5,7)
Greg Fundis : batterie (3)
Tobias Ralph : batterie (8)
Richard Christian : tablas (3)

Rendre Hommage à Pat Martino est en soi une excellente idée. Neuf compositions du miraculé de la guitare constituent donc la playlist de cet enregistrement. Pas moins de quatorze guitaristes sont présents, certains que nous connaissons bien, d’autres dont on ignore tout. Trois rythmiques différentes avec la même observation que précédemment. Deux titres en solo, l’un par le trop discret Russell malone et l’autre par Joel Harrison, moins connu chez nous, et qui est accessoirement le fondateur du festival Alternative Guitar Summit (2010) dont le comité consultatif est dirigé par Pat Metheny. Quant à ce disque, avec une telle profusion de guitaristes, il nous a donné une impression de fouillis esthétique étrangement supportable car les musiciens sont tous excellents. Mais il faut une plasticité neuronale certaine pour passer d’un univers à l’autre, ce qui n’est pas notre fort, convenons-en, raison pour laquelle nous avons eu du mal à adhérer à la démarche. Nous avons cependant retenu les très beaux soli de Russell Malone, sur le titre « Lament », et de Joel Harrison sur le titre « Country Road ». A vous de voir. Mais vous pouvez toujours écouter les disques de Pat Martino.

Yves Dorison


https://alternativeguitarsummit.com/


  ENRICO PIERANUNZI QUINTET . The extra something

CamJazz

Enrico Pieranunzi : piano
Diego Urcola : trompette, trombone
Seamus Blake : saxophone ténor
Ben Street : contrebasse
Adam Cruz : batterie

Les européens qui jouent au Village Vanguard ne sont pas légion. Enrico Pieranunzi en fait partie et cela nous semble tout à fait logique. Accompagné par quatre lascars du crû (et pas des moindre) sur cet enregistrement en public datant de janvier 2016, Pieranunzi fait entendre son amour des structures complexes et, comme toujours, son sens inné de la mélodie. Lui est ses acolytes le font d’une manière survitaminée qui offre à chacun la possibilité d’exprimer pleinement sa technique, voire sa virtuosité. Et quand nous avons dit cela, nous avons tout dit. Tout à beau être parfait, nous avons fini par nous lasser de ce hard bop tonitruant qui, même sur les morceaux lents, nous a paru en faire un peu trop. En bref, c’est beaucoup de musique (que les musiciens apprécieront) et peu ou pas d’émotions. Il y a bien d’autres pépites dans la discographie pléthorique de maestro romain qui mérite un détour nettement plus marqué que celui que nous avons fait (c’est déjà du passé) dans ce Cd. Mais bon, ce n’est que notre avis. Libre à vous d’écouter et d’apprécier ce disque.

Yves Dorison


https://www.enricopieranunzi.it/


  ALBERT AYLER . Revelations : The Complete ORTF 1970 Fondation Maeght Recordings

Elemental Music, Ina

Albert Ayler : saxophones ténor & soprano, voix
Mary Parks : saxophone soprano, voix
Call Cobbs : piano
Steve Tintweiss : contrebasse
Allen Blairman : batterie

OUI

Bien que notre très estimé collègue Philippe Paschel ait déjà écrit un papier sur cette réédition augmentée (voir ici), nous ne résistons pas au plaisir d’en remettre une couche. Ces deux concerts à la Fondation Maeght ont été captés quatre mois avant qu’Albert Ayler soit retrouvé noyé dans le port de New York à seulement 34 ans. Il est là au sommet de son art, un art fort décrié de son vivant, et il y fait montre de l’originalité totale qui était la sienne. La présence de Mary Parks, sa compagne, ajoute encore à l’émotion violente qui se dégage de ces concerts. A ses débuts, en cette époque lointaine où l’académisme primait encore, Ayler fut très mal reçu. Trop radical, trop libéré des codes en usage, trop libre, trop écorché, Albert Ayler était trop Albert Ayler. Ce que l’on entend, dans ces quatre Cds, c’est une musique organique extirpée avec violence des tréfonds de son être, une musique connectée à une forme païenne de spiritualité. Elle emprunte des chemins cosmiques qui n’existent pas encore et qu’elle défriche avant tout le monde depuis déjà une petite dizaine d’année. Nous nous demandons souvent ce qu’il serait advenu de l’artiste s’il avait vécu quelques décennies de plus. Toujours est-il que lors ces deux soirées méditerranéennes au cœur d’un lieu magique, sa musique, enfin bien accueillie, a tutoyé des sommets créatifs insoupçonnés pour l’époque et qui nous paraissent, encore aujourd’hui, inaccessibles à bien des musiciens. La comète Ayler est passée, toute de fulgurance. Elle repasse, au gré de nos envies, grâce à ces enregistrements parfaitement documentés à l’incroyable qualité sonore. C’est heureux et parfaitement jouissif.


https://en.wikipedia.org/wiki/Albert_Ayler