Comme chaque année, l’Académie du Jazz a décerné ses prix : distinctions honorifiques pour les meilleurs talents... Que penser de tout cela ?
Institution historique dans le microcosme du jazz français, l’Académie du Jazz réunit, selon son slogan, "les meilleurs professionnels" dans le but de "distinguer les meilleurs talents" et ce, depuis plus de cinquante ans.
Cette association de type loi 1901 [1]. est née de la rencontre d’une poignée de collectionneurs-amateurs qui voulaient "récompenser chaque année le meilleur de la production discographique" comme l’écrit André Francis dans son historique de l’Académie. En outre, chaque année, elle veut "honorer par un prix particulier le jazzman français le plus créatif...".
Aujourd’hui, l’Académie du Jazz a pour mission de "promouvoir les musiques de jazz par l’attribution annuelle de distinctions honorifiques" et elle "décerne ses prix à des musiciens, des disques et des livres de tous styles de jazz, y compris de blues, soul et gospel".
Il y a cinquante ans cette démarche passionnée et militante pour la reconnaissance d’un courant artistique trop sous-estimé avait sans doute un sens. Aujourd’hui, on s’interroge sur sa signification au regard de l’abondance et de la diversité des productions sous l’étiquette "jazz". Les musiciens et les authentiques créateurs sont si nombreux à mériter la reconnaissance de leurs qualités qu’on se demande bien comment une institution peut effectuer une telle sélection.
Avant de vous donner la liste de "primés", nous aurons donc une pensée sincère pour tous les artistes qui restent au pied des marches d’un système paradoxalement pyramidal. On s’étonne encore que le jazz cherche à glorifier ainsi ses héros de l’année. Selon quels critères ? En fonction de quels indicateurs objectifs ? Il y a longtemps que des pédagogues s’opposent à des pratiques de valorisation de l’élite souvent trop subjectives relevant d’un certain conservatisme. Pourquoi le perpétuer dans le jazz, univers artistique et créatif qui devrait briller par son esprit libre, indépendant, impertinent ?
On nous rétorquera que les cinquante Académiciens du jazz réunis sous la présidence de François Lacharme représentent un large panel des sensibilités "jazzistiques" et qu’ils sont tous de grands connaisseurs de l’histoire et de l’actualité de cette musique.
L’interrogation sur le sens de cette démarche nous semble néanmoins légitime. Et elle ne remet surtout pas en question la valeur des artistes et des œuvres primées. On notera, en particulier, que l’Académie sait garder ses distances par rapport aux acteurs économiques "majeurs" de l’édition en récompensant des disques auto-produits ou publiés sur des labels indépendants. C’est le cas, en particulier pour les albums du Michel El Malem Group et de Guillaume Nouaux. Il fallait le souligner !
La présentation du palmarès 2012 a eu lieu le 11 janvier, à Paris dans le Foyer du Théâtre du Châtelet... et Christian Ducasse était présent pour saisir quelques instants de cette sympathique cérémonie de remise des prix.
.::Thierry GIARD: :.
Show de Jean-Louis Chautemps évoquant Stan Getz. | François Lacharme et Guillaume Nouaux. |
Le guitariste Nguyen Lê | Un étonnant duo inédit a réuni Christina Zavalloni et Francesco Bearzatti. |
Un duo de NGuyen Lê et Lynley Marthe interprétant une composition de Stevie Wonder. |
Photos et légendes © Christian Ducasse.
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> Lien :
[1] Association sans but lucratif