JAZZ ME BLUES

  • Anthologie proposée par Jean Paul Gratias
  • Editions moisson Rouge, 18 €

Quiconque écrit sur le jazz du XXème siècle érige la noirceur en théorème. Si l’icône, sujet du texte, est toujours lumineuse par son talent, l’ombre portée de son itinéraire, et souvent sa fulgurance, écrasent sous une chape mortifère toute tentative d’optimisme. La fêlure et ses conséquences sont un axe hors duquel la dramaturgie ne peut s’accomplir. Les jazzmen, à l’évidence, facilitent la tache des biographes, des romanciers et autres nouvellistes : alcool, stupéfiants, racisme, violences sexuelles, pauvreté, sont le lot de ces artistes majeurs dont les vies valsent en mineur dans des textes cousins de la Série Noire. Le jazz serait-il donc une fatalité et l’absolu de la quête artistique celé dans l’improvisation une sorte de malédiction pour humains interlopes communément nommés anges déchus ? Si tel est le cas, Oscar Peterson devra se contenter de notices biographiques dans les encyclopédies pour une éternité au moins.

Jazz me blues
Editions Moisson Rouge, 2009

L’ouvrage que nous avons reçu ne déroge pas à la règle. Les nouvelles sont à l’aune de ce que nous évoquions ci-dessus. La qualité des textes est une constante et le large éventail d’auteurs présenté dans ce recueil est représentatif des divers aspects du genre. On déambule entre meurtres et amours contrariées, quête de la note ultime et jalousie de bas étage. Dieu et le diable sont à portée de la main. Sur les jazzmen souffle le vent mauvais des jours sans gloire où le cacheton ne remplit pas l’assiette. C’est d’une telle sombreur, épaissie à la misère humaine, que l’on se demande une fois encore d’où peut bien venir le miracle du jazz.

A lire donc...


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