La deuxième édition du festival clunisois de Didier Levallet a débuté le 15 août. La première grande soirée a eu lieu hier, 16 août.
Une soirée en plusieurs parties comme on les affectionne, en ce lieu magique qu’est le jardin de l’Abbaye de Cluny, a ouvert l’un des festivals de jazz les plus originaux qui soit, de par sa programmation et son engagement au service des artistes de la galaxie Jazz.
Le big band Chalon Bourgogne, 22 années d’existence, a débuté la soirée avec un répertoire latino. Emmené par Christian Villebeuf, cet orchestre, marqué par la complicité et la joie de jouer, a déroulé une suite de standards du genre de belle facture. Précision et qualité des solistes sont les atouts majeurs de cette formation.
Vint ensuite Y’en a qui manquent pas d’air, quintet fanfaronnesque de Catherine Delaunay, avec Lionel Martin, Daniel Casimir, Dider Havet et Etienne Plumer. Cinq joyeux musiciens ont hissé la voile d’un petit navire turbulent, prompt à tous les louvoiements, pourvu qu’ils tissent des parcours originaux et créatifs en diable. La qualité première de ces audacieux personnages qui n’hésitent pas à saborder la facilité est, là encore, la complicité. La maîtrise instrumentale est bien sûr de rigueur ( à Cluny, c’est banal...). L’ensemble est jubilatoire mais il ne masque pas les touches émotionnelles qui émergent au détour des notes. Catherine Delaunay tient là un bel équipage dont la liberté de ton touche au coeur.
En fin de soirée, pour achever de combler les oreilles festivalières, Didier Levallet avait convoqué Bozilo, soit Bojan Z, Karim Ziad et Julien Lourau.
Un trio de leader certes, comme l’a affirmé Bojan Z, mais qui tourne résolument le dos aux égos surdimensionnés. La musique d’abord, triplement métissée par les origines des musiciens. Et quelle musique ! Tonique et intelligemment construite, elle transmet à l’auditeur sa force intrinsèque sans coup férir. Si chacun des musiciens s’impose à l’évidence par ses qualités particulières (superbes soli), l’homogénéité demeure la règle d’un trio véritable qui transfigure avec alacrité les racines. Un trio "alter ethnique" sans affétérie aucune pour ceux qui pensent encore que la tolérance est une vertu créatrice.
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