Nucular

Dans l’espace musical de cet automne 2006, une constellation est de retour : Ursus Minor, la Petite Ourse. Ce nouvel album, Nucular, tout aussi inclassable que Zugswang paru en 2005..

Le précédent album faisait suite à la création de la formation en présence de nombreux invités. Cette fois, le groupe s’est rôdé sur de nombreuses scènes et se recentre sur son potentiel, éclaircit son discours et met ainsi en avant ses spécificités. Seul invité, sur deux titres, le rappeur de Minneapolis, Brother Ali, vient rappeler que ce groupe est en prise direct avec les musiques actuelles et que les textes et le chant occupent une place importante dans ce répertoire.

Ursus Minor - Nucular
Ursus Minor - Nucular
Hope Street - 2006 - dist. Nocturne

L’arrivée du batteur (et chanteur) Stokley Williams (en remplacement de Dave King) renforce l’ancrage dans les musiques aux croisements du rock, du funk, de la soul et... du jazz. Il faut dire que Williams a fait ses armes dans la mouvance de Prince et ça s’entend dans les inflexions du chant et un son de batterie en béton moelleux !

Nucular est un album surprenant et facilement déroutant. Il est construit comme un récit de voyage à travers la vie du groupe. Ouvert sur une brève parodie de bel canto le disque enchaîne sur la matière dense et lourde de Doin’ The Do avec Brother Ali. La suite se construit autour d’atmosphères variées ponctuées par les trois versions de Pressentiment, leitmotiv basé sur des improvisations collectives.

Cette fois encore, Ursus Minor nous gratifie de quelques thèmes superbement accrocheurs, des tubes potentiels, en particulier Baby Come Home (avec Brother Ali, encore) et The Choice, en clôture, dans la même veine que The Letter dans le premier album. Référence interstellaire au milieu de la Petite Ourse : une composition de Sun Râ, Nuclear War. Sombre et effrayant !

Il faut écouter cette musique en oubliant un moment les codes du jazz. Ici, ce ne sont pas les performances individuelles qui comptent. Dans cette formation atypique, sans bassiste, chacun met ses qualités (et quelles qualités !) au service du collectif. On notera tout de même la brillante prestation de Jef Lee Johnson, guitariste aussi discret qu’efficace. Sans débauche d’effets, en toute simplicité, il apporte une pierre essentielle à l’ensemble.

Une mention spéciale, enfin, à François Corneloup qui passe avec le même brio du saxophone baryton au soprano et nous offre une composition fraîche et séduisante en forme de reggae poétique : Que la terre m’emmène.

Nucular s’inscrit tout naturellement dans la continuité des productions de Jean Rochard pour ses labels Nato et Hope Street. En permettant à des formations originales de produire leur musique dans la confiance et la sérénité, il a fait de ses labels de véritables collections d’oeuvres et non de simples catalogues.

Un conseil, donc, complétez votre collection avec cet album. A vous de voir où vous le classerez !


> Ref : Hope Street HS10059 - Distribution Nocturne

Tony Hymas : claviers / Jef Lee Johnson : guitares / François Corneloup : saxophones baryton et soprano / Stokley Williams : batterie, chant

Invité : Brother Ali : rap

Enregistré en 2005 et 2006 / Produit par Jean Rochard

1 - An honest appreciation of mystery / 2 - Doin’ the Do / 3 - Inside man / 4 - Luz entre deux eaux / 5 - Presentiment 1 / 6 - Almost saw you / 7 - Etincelle d’Angers / 8 - Presentiment 2 / 9 - Baby come home / 10 - Que la terre m’emmène / 11 - No tragic situation / 12 - The Second of May / 13 - Gitans d’Avignon / 14 - You tell it / 15 - Presentiment 3 / 16 - Nuclear war / 17 - Les étoiles de Langonnet / 18 - The choice


Liens :

>http://www.natomusic.fr/

>http://www.nocturne.fr

>Tony Hymas : des Lonely Bears à Ursus Minor, article publié en octobre 2005 sur CultureJazz.