Le cheminement du saxophoniste Raphaël Imbert dans la recherche des liens entre jazz et spiritualité l’a tout naturellement mené à New-York...
Après Bach-Coltrane, un projet ambitieux, audacieux et une réussite discographique indiscutable (les chiffres des ventes en attestent !), le saxophoniste-compositeur Raphaël Imbert opte pour une forme épurée : un trio sans fard ni artifices. Il poursuit ainsi une recherche qui le mobilise de longue date, un travail très sérieux autour du spirituel dans le jazz qui l’avait déjà amené à New-york en 2003. Ses disques accompagnent d’ailleurs sa quête intellectuelle : Newtopia Project, Pieces for Christmas Peace, Bach-Coltrane ont ouvert la voie à ce magnifique projet new-yorkais enregistré en janvier 2009. Et ce n’est qu’une étape !
Dans ce trio, il a convié deux musiciens remarquables, jeunes et déjà aguerris. Le contrebassiste Joe Martin sait faire swinguer une contrebasse avec assurance et musicalité (comme il le fait aux côtés de Jérôme Sabbagh...). Il sait aussi en tirer des sonorités surprenantes (The Zen bowman : Surrender). Gerald Cleaver est un batteur dont la compagnie est très recherchée, et pas seulement par Yaron Herman (...pianiste du Newtopia Project de R. Imbert... tout se recoupe ?) ou Miroslav Vitous ! L’entente semble parfaite dans le trio et dès les premières notes de Echoes of Harlem (D. Ellington) qui ouvre l’album, cette musique dévoile sa texture unique, un équilibre des voix et des timbres assumé avec autorité et restitué par une prise de son impeccable.
Aux saxophones alto, ténor et soprano, Raphaël Imbert développe un discours tout en profondeur. On perçoit une force intérieure enrichie par un amour qu’il porte aux grands saxophonistes du jazz. Il y a Coltrane, présent à travers Central Park West, en final, mais aussi Albert Ayler dans la sonorité et le chant du ténor, John Zorn à travers la liberté du propos jusqu’à l’éclatement, les saxophonistes Ellingtoniens (Paul Gonsalves, Johnny Hodges, sans doute) pour la rigueur et la beauté du son. On pense aussi à Rahsaan Roland Kirk lors du chorus incantatoire joué simultanément à deux anches, alto et soprano, dans NYC breakdowncalling. Tout cela se développe à travers les onze compositions signées par R. Imbert (dont un exquis Lullaby from the beginning), encadrées par les deux emprunts à ses maîtres.
Remarquablement réalisé et mis en forme par le label Zig-Zag territoires (dont nous saluerons une fois de plus la démarche exemplaire), ce nouvel opus de Raphaël Imbert est une œuvre forte, sensible, sans concessions portée par une foi véritable en la musique. Cette immersion new-yorkaise pour trois journées de studio qu’on imagine intenses est comme l’aboutissement d’un pèlerinage depuis les Alpes de Haute-Provence où il s’est établi jusqu’aux les sources de
Un grand disque, simplement libre !
> Raphaël IMBERT : "New_York Project" - Zig-Zag Territoires ZZT090801 - distribution Harmonia Mundi
Raphaël Imbert : saxophones ténor, alto et soprano / Joe Martin : contrebasse / Gerald Cleaver : batterie
01. Echoes of Harlem (Duke Ellington) / 02. Lullaby from the Beginning / 03. Cloisters Sanctuary Introduction / 04. Cloisters Sanctuary / 05. Albert Everywhere / 06. My Klezmer Dream / 07. Struggle for Manhattan’s Life / 08. NYC Breakdowncalling / 09. Zen Bowman : Prayer / 10. Zen Bowman : Surrender / 11. Zen Bowman : Target / 12. Zen Bowman : Arrow / 13. Central Park West (John Coltrane).
Compositions de Raphaël Imbert, sauf 1 et 13.
Enregistré à New-York les 12, 13 et 14 janvier 2009.
> Liens :
[1] cf. http://www.myspace.com/raphaelimbert // influences