Émile Parisien couronné aux victoires du jazz 2009...

Mesdames et Messieurs, après Yaron Herman et Géraldine Laurent en 2008, l’ Émile Parisien Quartet remporte le Trophée de la Révélation 2009. Applaudissements et
consécration définitive du Label de disques Laborie de Jean-Michel Leygonie.

C’était au cours de la Cérémonie des 7èmes Victoires du Jazz à la Cité de la Musique le mardi 1er septembre.

En même temps donc que la première soirée du Festival Jazz à La Villette où Ornette Coleman se produisait le lendemain. Ouf ! On l’a échappé belle.

Spectacle exceptionnel, le plus souvent, présenté par la sculpturale Isabelle Giordano et Sébastien Vidal, très à l’aise. Grâce à la direction artistique de Jonathan Duclos-Arkilovitch,
presque toute la fine fleur du jazz français était là pour nous régaler, d’autant que pendant
les changements de matériel, des projections ne nous faisaient pas patienter, elles nous captivaient. Billie Holiday, Nina Simone, fascinantes, John Coltrane dans un de ses plus grands soli sur le So what avec Miles Davis dans les studios CBS en avril 59. On aurait aimé voir ne serait-ce qu’un peu du grand Lester Young, le meilleur Président de tous les temps.

Les Victoires du Jazz 2009 vues par Christian Ducasse
© Christian Ducasse 2009 / CultureJazz

Les autres vainqueurs de cette cérémonie furent Marc Ducret – artiste instrumental –, Bernard Lubat – artiste vocal ( Musica Nuda aurait bien mérité aussi ), ONJ Daniel
Yvinec
– album instrumental ( Muse de Yaron Herman était mon préféré ). Un nouveau
Trophée, celui du Public avec vote sur internet, désigna Patrick Artero. Ainsi tout le monde ou presque était récompensé, à l’exception notable d’ Eric Legnini, pourtant nommé deux fois comme Yaron, et surtout de Stéphane Kerecki avec le formidable Matthieu Donarier. Barré il est vrai par l’ Emile Parisien/Julien Touéry/Ivan Gélugne/Sylvain Darrifourcq Quartet.

Une Victoire d’Honneur était décernée à Aldo Romano, à juste titre tellement cet artiste est
grand instrumentiste, grand compositeur et grand Monsieur.

Du spectacle, j’ai surtout retenu la prestation du quartet Émile Parisien, renversante, de
Yaron Herman, limpide, de Géraldine Laurent, généreuse aussi bien avec Aldo Romano – et
Henri Texier – qu’avec ensuite Médéric Collignon – et Stéphane Belmondo . Des trois de Stéphane Kérecki, qui comme les Mousquetaires sont quatre - bien que Tony Malaby ne fasse pas le moine : Matthieu aurait suffit. Encore de Caravan Palace, qui ouvrit et ferma le bal, un ouragan de musique primaire en mini short bandant, et surtout des Volunteered Slaves d’ Olivier Témime, un bloc de granit. Il serait temps que ce groupe si soudé et si brillant soit distingué. La très troublante Yaël Naïm caressa le sublime A case of you de Joni Mitchell, chanteuse américaine qui honore mille fois plus la musique que la trop célébrée Diana Krall ou bientôt Melody Gardot. Tout le monde se pâme devant cette beauté hollywoodienne -Mélody Garbo – et je me demande : aurait-elle eu un succès aussi fulgurant si elle était moche et si elle n’avait pas eu un grave accident ? Dommage que Joni ne voyage pas. En tous cas ce fut un des grands moments de la soirée, avec un Stéphane Belmondo soyeusement lyrique au bugle. On écoutera à nouveau son solo miraculeux dans le Notre Père du CD Hymne au soleil.

L’année 1959 était également à l’honneur, cinquante ans déjà, qui vit la naissance de Kind of blue, de What’d I say, la mort de Sidney Bechet et du « couple » Billie Holiday/Lester Young. C’est Medéric Collignon qui trompinetta All blues avec son génie foutraque habituel, Robin McKelle qui entonna l’hymne de Ray Charles et Evan Christopher qui effeuilla Petite Fleur en faisant surtout apprécier l’accompagnement d’une délicatesse mélodique inouïe de Pierre Christophe.
Sébastien Vidal se fit récitant pour un beau texte/hommage à nos chers disparus récents
( style Ben Sidran ), souligné par le sombre bugle d’Alex Tassel.

Enfin, cherry on the cake, open bar et boeufs à gogo au New Morning jusqu’à 3 du mat.
Tout le monde y était, comme quoi un jazzman, ou jazzwoman, doit vivre, ou périr ( la victoire en jazzant ), à Paris. Cela crée ensuite des associations hors groupe permanent, comme Emile Parisien avec Daniel Humair ou le Zawinul Syndicate de Paco Sery, comme Géraldine Laurent avec Aldo Romano ou Christian Escoudé. Céline, do you hear me ?

Et quel plaisir de retrouver de vieux complices avec qui on a usé ses fonds de culotte sur les tabourets du Chat Qui Pêche, comme Pierre Bouteiller ou Bernard de Bosson.

Julien Touéry (piano) et Emile Parisien (sax soprano)
A Coutances, le 22 mai 2009 / Photo © CultureJazz/TG

Pour clore, avez-vous jamais remarqué comment le grand gagnant de ces Victoires 2009 tient son soprano les bras grand ouverts, comment il apostrophe ainsi le micro ? Et comment, une jambe devant l’autre, il a toujours l’air de prendre le départ d’un 100 mètres olympique, façon Usain Bolt. Cela veut tout dire. J’ai bien-sûr nommé Émile Parisien.

Après la retransmission en direct sur France 3 ( vous pourrez voir l’intégralité de la soirée sur www.france3.fr jusqu’au 8 septembre ), après la diffusion des meilleurs moments sur France Inter le dimanche 6 septembre à 23H dans l’émission de Julien Delli Fiori, rendez-vous en 2010. Hormis le Slaves, je ne serais pas étonné d’ assister à l’émergence de pianistes comme Perrine Mansuy et Murat Öztürk.


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Jazz magazine/ Jazzman et le Tribute to Miles du Wayne Shorter Magic Quartet en ouverture
de Jazz à Pleyel le 29 octobre.