Où l’on découvre que la modification du timbre par un tréma assène à l’auditeur les effets engendrés par la modification du trio un soir au Périscope.
Umlaut Double Trio feat. Marc Ducret et Antonin Rayon
Le double trio d’Umlaut est particulier car avec lui, 2 fois 3 font 5. Voyez donc le line up ci-dessus. Mathématiquement, c’est donc Emmanuel Scarpa qui fait le joint entre les deux guitares et les deux claviers. Sur scène, pas de pitié. Il était écrit à l’entrée "Punk jazz". Mais alors du punk expérimental, du Zappa façon XXIe siècle. On ne s’en plaint pas d’ailleurs. Une fois l’oreille accoutumée aux tempi hybrides et déstructurés, on hisse les pavillons et on écoute avec attention.
De l’électricité dans l’air, il n’en manque pas. Marc Ducret jette ses éclairs féroces avec maestria . Les claviers poussent, Fred Poncet tient la corde et le batteur (dés)artcule l’ensemble. Cela bruit de toute part. Ça cogne. Cela remue. C’est un étrange animal musical qui s’agite. Ses soubresauts sont toujours surprenants et sur la durée, d’une perfidie certaine... D’ailleurs, le morceau inspiré par "Alice aux pays des merveilles" nous a fait craindre le pire pour l’intégrité de l’héroïne. Le dérèglement est la règle. Il est inutile de s’accrocher aux certitudes. Elles sont balayées à chaque accord. C’est une mécanique de précision qui accouche d’un débordement musical aliénant, une sorte d’étouffement kafkaïen, auquel on s’habitue peu à peu avant d’être séduit par l’austère violence qui s’en dégage. C’est également une musique qui taille dans la profondeur humaine avec des notes chirurgicales. On ne peut y être insensible, si j’ose dire.
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