• INSENSIBLEMENT (Django)
  • ALAIN GERBER
  • Éditions Fayard, 350 pages, 18 € 05
Insensiblement (Django), Alain Gerber
Ed. Fayard, 2010

Découvre-t-on dans le dernier ouvrage d’Alain Gerber qui était Django ? Le peut-on alors qu’il est inscrit sur la couverture "roman" ? Il est clair cependant qu’entre intrigue romanesque et références exactes, on ne navigue pas en louvoyant dans ces lignes, non, on se laisse guider par le souffle du conteur et ses méandres textuels, si propices au déambulations jazzistiques. La chronologie malmenée donne à voir les reflets changeants du guitariste : son génie musical, son désir de reconnaissance, ses déboires face à la versatilité du public comme des critiques, ses regrets américains. Il est entendu que l’on attend toujours plus de nos héros, quitte à les déboulonner, à les tromper sans pudeur avec un autre, voire avec le suivant. Django Reinhardt l’avait peut-être compris. La relative brièveté de son parcours terrestre ne l’a pas autorisé à briguer le statut de légende vivante. Sous la plume d’Alain Gerber, le swing est là qui nous balance la vérité gitane d’un nomade qui privilégie l’improvisation (pléonasme). Les faits importent peu, ou peut-être, car c’est bien la sensibilité de l’artiste qui prime dans ce livre comme dans la vie de Django. Et quels que soient les maîtres du jazz qui passent dans ces pages, il en va de même. Certains en sont grandis, d’autres moins. Pendant ce temps-là, le jazz vit sa vie et moi qui n’ait pas d’accointance marquée avec le genre musical manouche, je me suis pris à éprouver quelque sympathie pour ce type étonnant tant la peinture est belle. Insensiblement.


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