De passage à Caen pour un concert dans le cadre de la tournée de son trio, le batteur Ari Hoenig avait invité Gaël Horellou, saxophoniste originaire de la capitale bas-normande.
> mardi 22 février 2011 - 20h00 - grand auditorium du Conservatoire de Caen
Qu’est-ce qu’il fabrique le gars de CultureJazz ? Voilà bientôt un mois que ce concert a eu lieu et toujours rien dans les pages de ce site... C’est vraiment pas professionnel !
Eh non, je vous l’accorde, ce n’est pas professionnel. Pour tout vous dire, nous ne sommes que des amateurs dans l’équipe ! Amateurs, du verbe aimer. Oui, on aime le jazz (et on le dit, on l’écrit). Amateurs parce que dans notre vie, nous avons aussi besoin de temps pour la décantation, la réflexion et pour souffler un peu. L’oxygène est indispensable au bon fonctionnement de nos cellules, les grises et les autres.
Je viens donc aujourd’hui vous parler, en différé, de ce concert. C’était bien ! C’était vraiment bien ! C’était même un de ces moments d’exception que le jazz nous délivre assez souvent, heureusement. C’est pour cela qu’on en est tant "amateurs" !
Et qu’est-ce qu’il avait de particulier ce concert ? direz-vous...
Premier élément : Le trio d’Ari Hoenig est vraiment épatant. On connaît les qualités du batteur de Philadelphie (né en 1973), son exceptionnelle musicalité (jusqu’à jouer la mélodie du Smile de Chaplin sur ses toms pour le rappel !). On connaît le sideman recherché, aimé des pianistes comme Jean-Michel Pilc, Bojan Z, Tigran Hamasyan côté Europe ou Kenny Werner aux USA mais on a moins l’occasion d’entendre le leader en concert, surtout en province.
Leader ? Ari Hoenig serait plutôt un "impulseur", un booster dans la langue de Shakespeare. Il pose le cadre (des compositions ouvertes) pour dessiner l’aire de jeu (le playground) et apporte l’énergie, le feeling et fait monter la pression créatrice dans un esprit qu’il intitule punk bop. Alors, tout s’éclaire et chacun donne le meilleur. La musique qui en résulte possède une âme et prend vie sous les doigts des remarquables complices d’Hoenig. Le guitariste israélien Gilad Hekelsman défie les conventions dans la lignée de Ben Monder ou de notre Manu Codjia et le contrebassiste anglais Orlando LeFleming rappelle son compatriote Dave Holland pour la stabilité libre et la musicalité. La modernité est toujours tempérée par des références aux formes plus conventionnelles du jazz.
Second élément : Gaël Horellou c’est la fougue et la sérénité rassemblées dans un jeu de saxophone flamboyant et volubile. Ce garçon ne semble jamais perdre le contrôle. Sa technique peut sembler atypique mais elle est totalement aboutie et portée par une imagination qui semble ne jamais tarir. Un vrai phénomène d’une sensibilité extrême. Pas surprenant qu’il ait tant de vrais amis qui pensent à lui. Voilà pourquoi Ari Hoenig ne voulait pas passer à Caen sans inviter son copain Gaël. C’est symbolique et fort.
Le troisème élément est la somme des deux autres.
Non, nous avons eu droit à un concert à quatre [1]. Un vrai quartet sur des compositions pas faciles, piègeuses et acrobatiques, mises en place vite fait bien fait au cours de l’après-midi... En une heure, guère plus...
Oui, vraiment, ce soir-là on pouvait vérifier que 3 + 1 = 1.
La symbiose réussie entre trois nomades faisant étape le long des routes d’Europe et un voyageur du jazz vivant qui a gardé dans le cœur l’attachement à la ville où il a grandi.
Un moment intense, fort et assez émouvant.
Merci.
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[1] Pendant le seul morceau du trio en trio, Gaël Horellou était près de ses complices, assis sans jouer... mais présent.