Pour sa quatrième édition le festival Jazz Campus en Clunisois ne varie pas d’un pouce : défricheur impénitent privilégiant créativité et originalité, exigence et engagement...
Pour sa quatrième édition le festival Jazz Campus en Clunisois ne varie pas d’un pouce sa position de défricheur impénitent privilégiant créativité et originalité, exigence et engagement, loin du clinquant des « grands rendez-vous » festivaliers de l’été qui semblent, pour leur majorité, avoir pactisé avec le mercantilisme ambiant.
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Les athlètes du hasard (Lia Kurts)
avec Clémentine Yelnik & Médéric Collignon
Matour, dimanche 21 août 2011
De cette performance où se conjuguent les talents joueurs de Clémentine Yelnik et Médéric Collignon, on retient que les mots interpellent l’émoi, que l’échange est possible, que le duel vit dans le duo et que la sonorité primale d’une syllabe est aussi évocatrice que la rhétorique discursive au long cours.
Dans une mise en scène minimaliste le musicien et la comédienne apposent chacun leur filtre sur les rebonds langagiers de l’auteur. Habilement inédit dans sa forme, le champ lexical requiert une oreille attentive. Plus attentive à l’écho du verbe qu’au sens de la phrase, Lia Kurts donne aux artistes l’occasion linguistique d’exacerber le logos. A ce jeu, les deux protagonistes se piquent et s’épinglent de timbres harmoniques en hachis sonore, jusqu’à lier l’essence du sens dans un écheveau verbal informel où la résonance mène le je et l’autre dans un même jeu. Drôle et soutenu, l’ensemble laisse le spectateur entre deux phrases, là où la ponctuation livre ses secrets.
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Jean Luc Cappozzo trompette solo
Dompierre Les Ormes, Lundi 22 août 2011
Inhabituel et habité, le solo de Jean Luc Cappozzo cumule, pour le bonheur de l’auditeur, les qualités attendues d’un grand musicien sachant oser. L’attaque est nette, le phrasé imaginatif, la technique impressionne, les mélodies sont lumineuses et les idées se bousculent à l’embouchure.
Peut-être est-ce une une musique de delta d’ailleurs que celle du trompettiste tant les sonorités confluentes en constituent le matériau premier. L’unité de ton par la différence, une incartade tonale, l’infime variation d’un souffle, suscitent toujours la curiosité. De fait, Jean luc Cappozzo rend à ceux qui l’écoutent le pouvoir d’être curieux. Auteur instantané d’histoires poétiques délivrées sans artefact, il impose subtilement sa singularité. Ses paysages ont les vertus d’un bocage cachant dans une structure aux contours a priori simplissimes la diversité et la richesse d’un univers fourmillant de secrets avantageusement préservés par leur habitat naturel. En promenade musicale, Jean Luc Cappozzo habite ses vents mystérieux avec l’humilité qui sied à ceux interrogeant le point d’interrogation qui parcourt la musique et le musicien.
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