Avec les disques de : Aurore Quartet, Big Four, Mélanie Dahan, Joëlle Léandre, Daniel Levin, Lifescape, Adam Linson, Nimbus Collective, Louis Winsberg.
Une rentrée qui chante avec Aurore Volqué, Mélanie Dahan, Olivier Régin (Lifescape) et les marseillais de Louis Winsberg.
Une rentrée à cordes aussi avec Aurore Volqué, également violoniste, Joëlle Léandre, Daniel Levin, Adam Linson et Louis Winsberg.
Et un anniversaire à fêter comme il se doit : Joëlle Léandre a 60 ans le 12 septembre 2011 et le label nato célèbre l’événement par une réédition emblématique.
Une fois de plus, l’univers du jazz est largement ouvert sur les couleurs musicales contrastées.
La rentrée de nos oreilles s’annonce belle !
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> Arts et Spectacles / distibution Anticraft-MVS
Aurore Volqué : violon et chant / Siegfried Mandacé : guitare / Thomas Orhesser : guitare / Basile Mouton : contrebasse / Stéphane Chandelier : batterie / Jérôme Etcheberry : trompette / Stépnane Sanseverino : chant et guitare (sur 1 titre).
16 titres : reprises et compositions originales des membres du quartet.
Un quartet élastique : de quatre à sept ! C’est que pour jouer sa musique enjouée, tonique et très décontractée, Aurore Volqué n’hésite pas à inviter des copains dont Stéphane Sanseverino qui apporte sa contribution désinvolte et survoltée au final.
Pour son cinquième disque, Aurore reste une accro du swing à l’ancienne qui chante et balance. Violoniste très alerte au jeu fluide et virtuose (Czardas, La Danse du Sabre...), elle possède un fort joli timbre de voix et interprète quelques chansons avec finesse et malice.
Une musique sans doute conventionnelle et peu inventive mais qui se démarque aussi du modernisme stéréotypé de bien d’autres. En tout cas, chez ces musiciens, on ressent le plaisir de jouer (avec) cette musique-là, populaire et simple. Ça suffit à donner le sourire.
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> Autoproduction - distribution www.bigfourquartet.com
Julien Soro : Saxophones, Compositions / Stephan Caracci : Vibraphone / Fabien Debellefontaine : Tuba / Rafaël Koerner : batterie
01. Dernière seconde avant la première / 02. Boule de neige / 03. Nos sons unis / 04. Automne à trois temps / 05. Bientôt l’heure / 06. S.V.P. / 07. La septième parole / 08. Boule de neige (alternate) // Enregistré au studio Lakanal (Montpellier) en mars 2011.
Les quatre messieurs de Big Four n’unissent pas que leurs sons (selon l’intitulé de leur second disque), ils sont soudés par une énergie et une entente artistique que donne à ce quartet une singularité qui retient l’attention et pas seulement à cause de l’alliance tuba-vibraphone.
La musique de ce nouvel album relève d’une démarche méthodique. Toutes les compositions signées de l’excellent saxophoniste Julien Soro ont été peaufinées en public pendant quelques mois avant d’être enregistrées. C’est toujours mieux ainsi !
À l’écoute de ce répertoire exigeant, sans complaisance (et, à ce titre, digne d’intérêt !), on perçoit le sérieux du travail de mise en forme qui n’entrave en rien la liberté de quatre brillants improvisateurs.
Dans cette petite formation, on retrouve la qualité artistique et le sens de la mise en valeur des individualités dans un même projet collectif qui font la force du big band Ping Machine dont Julien Soro, Fabien Debellefontaine et Rataël Koerner sont des acteurs très impliqués et Stephan Caracci un fréquent invité.
Big Four : une robuste quartet qui évolue avec souplesse dans un registre très personnel.
À écouter et à inviter sur les scènes un peu curieuses.
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> Plus Loin Music PL4544 - distribution Harmonia Mundi
Mélanie Dahan : chant / Giovanni Mirabassi : piano / Marc-Michel Le Bévillon : contrebasse / Lukmil Perez, Storycordes : Eve-Marie Bodet (1er violon), Johan Renard (2nd violon), Frédéric Eymard (alto), Clément Petit (violoncelle)
01. Utile / 02. Berimbau / 03. Retrato em branco e preto / 04. Vingt ans / 05. Que feras-tu de ta vie ? / 06. Luiza / 07. Le prochain amour / 08. El cosechero / 09. Flor de lis / 10. J’ai eu trente ans / 11. Catavento e girassol / 12. Que reste-t-il de nos amours ? // Enregistré en décembre 2010.
Julien Clerc, Brel, Nougaro, Léo Ferré, Maxime Le Forestier, Charles Trénet : pour cette rentrée 2011, Mélanie Dahan a pris l’option latin mais aime beaucoup la version française. On ne s’en plaindra pas car elle interprête ces chansons avec sensibilité... souvent aussi en portugais et en espagnol quand on voyage dans les territoires musicaux de Tom Jobim, Djavan, Ramon Ayala et d’autres.
Pour mettre du jazz dans son répertoire, elle a trouvé un latin de souche, Giovanni Mirabassi, habile habilleur de mélodies au doigté volubile.
Avec l’appui d’une bonne section rythmique au service d’une musique acoustique séduisante et d’abord facile, Mélanie Dahan déroule son chant talentueux fort bien maîtrisé pour proposer un agréable disque de variété jazzifiée. Le contenu souvent enveloppé dans la douceur veloutée des cordes n’effarouchera personne mais pourra laisser l’amateur exigeant un peu indifférent.
On apprécie cependant que les solistes (surtout Mirabassi) aient des espaces pour s’exprimer assez librement.
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> nato 82 (réédition) - distribution L’Autre Distribution
Joëlle Léandre : contrebasse.
Avec Les Solistes du Théâtre Dunois : Derek Bailey : guitare / George Lewis : trombone / Annick Nozati : voix / Barre Phillips : contrebasse / Ernst Reijseger : violoncelle / Irène Schweizer : piano / Miss Biscotte : chant (canin !).
01. Pavane / 02. Basses profondes / 03. Pierrot / 04. Ballade de chien / 05. Cadenza rare / 06. Trio en forme de bagatelle / 07. Grand duo concertant / 08. Les trois dames / 09. Instant opus 3 / 10. Sonate brève échappée / 11. Seriozo (pour cordes et trombone) / 12. Soupir // Enregistré les 9, 10, 11 et 12 juin 1983 au Théâtre Dunois (Paris)
Les disques nato rééditent Les douze sons, le 12 septembre, jour où Joëlle Léandre fêtera ses "5 fois 12 ans" !
En 1983, cette femme de caractère affirmait son identité de contrebassiste, soliste et improvisatrice en se confrontant à de fortes personnalités des musiques libres pour une série de douze échanges sans concessions mais non sans imagination. Quatre soirées au Théâtre Dunois dont les moments les plus précieux ont été réunis en un disque jamais ennuyeux qui restitue cette musique avec concision. Douze sons, c’est aussi un clin d’œil à Arnold Schönberg, inventeur du dodécaphonisme, ce qui apporte un éclairage sur le contenu musical qui évoquera souvent ce qu’il est convenu d’appeler la musique contemporaine mais libérée de tout académisme.
Dans ce premier "vrai" disque, elle dessinait déjà les grandes lignes d’une carrière qui met en avant l’échange, la rencontre, la spontanéité. Un disque qui apparaît aujourd’hui prémonitoire et à ce titre, essentiel. Une réédition de grande importance qui réunit quelques géants des musiques improvisées parmi lesquels les regrettés Derek Bailey et Annick Nozati.
Joyeux anniversaire, Joëlle, et encore beaucoup de bonheur en compagnie de ce bel instrument qui a encore tant à dire !
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> Clean Feed CF212CD - distribution Orkhêstra
Daniel Levin : violoncelle / Nate Wooley : trompette / Matt Moran : vibraphone / Peter Bitenc : contrebasse
01. Action Painting / 02. Zero Gravity / 03. My Kind of Poetry / 04. Lattice / 05. Kaleidoscope / 06. Old School / 07. Constellations / 08. Furliture as Sculpture / 09. Audacity / 10. Expert Set / 11. Wild Kingdom / 12. Active Imagination.
Apparemment, la musique s’appuierait sur les contrastes du genre "aérée/légère, profonde/réfléchie". Or, elle les dépasse pour atteindre une dimension et une plénitude créatives auxquelles peu de prétendues musiques contemporaines accèdent. Loin de rechercher la modernité à tout prix à l’aide de ficelles grossières, de complications inutiles et de prétendues ruptures destinées à épater les gogos, hélas nombreux, elle ne rejette pas l’essence du jazz — donc le rythme et le swing — et sait faire fructifier un riche terreau. Lorsque le violoncelliste Daniel Levin fonde son quartette sans batterie, il y a une dizaine d’années (seul le contrebassiste a changé), il tire le meilleur parti de ses inspirations de jeunesse, en particulier les travaux d’Eric Dolphy avec Ron Carter (précisément au violoncelle), ou avec Bobby Hutcherson (vibraphone) et Freddie Hubbard (trompette). On pensera également au quintette de Chico Hamilton, qui utilisait aussi le violoncelle et fit jouer Eric Dolphy. Tout est cohérent. Ce qui lui fournit une base solide pour former ce quartette original, et dont la durée d’existence lui a permis de développer et de faire évoluer sa musique. Leur a permis… devrait-on dire, car plus de la moitié des compositions ici présentées sont collectives. Dans une mise en espace très élaborée, trompette et vibraphone interviennent avec justesse et parcimonie, et permettent à la musique, un brin sophistiquée parfois, mais dont la finesse mélodique égale la richesse harmonique, de respirer. Non concrète, mais plutôt "visuelle", graphique, spontanément architecturée, il s’agit bien là d’une musique résolument "organique et moderne".
Signalons par ailleurs que Matt Moran joue dans le dernier disque de Rob Brown, chroniqué par ailleurs, et que ce dernier a enregistré à plusieurs reprises avec Daniel Levin. Ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on se situe dans l’exigence…
Notons enfin que ce disque est publié par l’excellent label portugais Clean Feed.
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> Out Note Records - OTN008 - distribution Harmonia Mundi
Olivier Régin : voix / Renaud de Lacvivier : piano & fender / Pierre-Yves Le Jeune : contrebasse, violoncelle / Arnaud Girard : batterie, percussions
1. Therapy / 2. Secret Little Sin / 3. Heaven Is Within Reach / 4. On the Wild Sidewalk / 5. Not Over You / 6. Niobe / 7. Norway / 8. Nothing to You / 9. Confession / 10. Light My Fire / 11. The Farewell Song
Hybride. Comme bien des productions actuelles, le disque de Thérapy aborde les genres par la croisée. Nous pourrions recenser et comptabiliser les influences qui soutiennent le travail entrepris par ce quartet de bonne facture dont on sent dès la première écoute qu’ils jouent ensemble, mais l’essentiel est ailleurs, là où la musique se suffit a elle-même. De ce point de vue, le contenu de cet enregistrement est original et cohérent. Ce n’est pas un mince atout.
Nous avons néanmoins diversement apprécié certaines pièces qui souffrent à notre sens d’arrangements par trop théâtraux. Cela demeure dans l’ensemble un excellent disque avec artistes aux qualités musicales évidentes. A découvrir.
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> Psi Records psi 11.05 - distribution Orkhêstra
Axel Dörner (trompette, electronics), Rudi Mahal (clarinette basse), Adam Linson (contrebasse, electronics), Paul Lytton (drums, percussion).
01. Swamp Delta to The Sky / 02.City Dissolved in Light / 03. Invisible Mronings. // Compositions collectives, enregistrées à Berlin, le 14 janvier 2008.
La musique de ce quartette organisé par Adam Linson, contrebassiste né à Los Angeles résidant à Berlin, s’inscrit dans ces démarches, pas si nombreuses que ça, qui tentent de dépasser le domaine, et le concept, de l’improvisation libre, pour se projeter au-delà de l’instant, de l’échange et de la simple rencontre ponctuelle. Nous sommes donc en présence d’une construction improvisée très spatiale où les instruments acoustiques se meuvent dans un contexte largement électroacoustique (selon le sens que l’on donnait à ces musiques il y a quelques décennies), des sons qui s’entendent en perspective, sur différents plans. Les quatre protagonistes bâtissent avec une maîtrise saisissante une architecture sonore et musicale — insistons là-dessus, il ne s’agit ni d’un habillage ni d’un environnement —, une véritable mise en espace qui conduit l’auditeur à déplacer son écoute en suivant la progression de la pièce musicale. Bien évidemment, la qualité des sons s’avère prépondérante : parfois rugueux, grinçants, métalliques, "industriels", parfois cosmiques, profonds, toujours disposés sur plusieurs plans, des plus proches aux plus lointains. De véritables courants d’air conduits avec maîtrise par ces improvisateurs hors pair que sont les Allemands Axel Dörner et Rudi Mahal, habitués à jouer ensemble, et le grand chercheur vétéran anglais Paul Lytton. Pour auditeurs hardis, aventureux et passionnés.
Remarquons la participation, à la production et au graphisme, d’Evan Parker.
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> Nimbus West Records NS 4257C - distribution Orkhêstra
Nate Morgan (piano), Jesse Sharps (sax), Rickey Kelly (vibraphone), Danny Cortez (trompette), Joel Ector (contrebasse), Derek Roberts (batterie).
CD1 : 01. Retribution, Reparation / 02. Personnel / 03. Big Spliff / 04. Well You Needn’t / 05. A Bientôt
CD2 : 01. The Goat and the Ram Jam / 02. Distant Vibes / 03. Mrafu / 04. Mfaconi / 05. Journey Into Nigritia
Même si la musique n’a pas grand-chose avoir avec celle de Daniel Levin (voir plus haut), sinon qu’elle vient également de la côte Ouest, je proposerais, comme dessert roboratif, l’épatant double disque du Nimbus Collective "Live in Lotusland".
Enregistré en 1987, il nous présente un sextette jouant une musique généreuse et dynamique, assez voisine par l’esprit des groupes post-coltraniens de McCoy Tyner ou autres qui donnaient le meilleur d’eux-mêmes en concert et provoquaient l’enthousiasme unanime du public. L’ayant fait écouter à plusieurs amis, je ne prends pas beaucoup de risques à le conseiller, sachant que ce sont sur ces valeurs essentielles que les amateurs de jazz finissent toujours par se retrouver. Leurs noms : Nate Morgan (p), Jesse Sharps (sax), Rickey Kelly (vib), Danny Cortez (tp), Joel Ector (b), Derek Roberts (dm).
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> Such Prod SUCH002 - distibution Harmonia Mundi
Louis Winsberg : guitare, mandoline, oud, bouzouki, voix / Mona ; Chant et oud / Manuel Gutierrez : danse, chant, palmas / Miguel Sanchez : cajon, percussions, palmas,chœurs, guitare flamenca / Antonio « El Titi » : guitare flamenca, palmas / Lilian Bencini : basse, contrebasse, claviers / Jean-Luc Di Fraya : chant, chœurs, batterie, percussions, vox fx
et les invités : Julien Lourau : saxophone soprano / Bijan Chemirani : zarb et bendir / Chrisophe Lampidecchia accordéon / Aziz Sahmaouni : bendir, karkabou, percussions / Stéphane Édouard : bendir, karkabou, percussions / Jean-Louis Fernandez : cajon et palmas / Nantha Kumar : tablas
01. Pourquoi cette ville / 02. La camarguaise / 03. Magic Méditerranée / 04. La belle de Mai / 05. Fiyach / 06. Différence / 07. La Marseillaise / 08. L’étranger / 09. Makountou / 10. Marcel Marcel
"J’ai vu Marseille, Marseille, Bouches-du-Rhône"... On a envie de paraphraser Gainsbourg en écoutant Louis Winsberg parler de Marseille dans "Pourquoi cette ville", l’intoduction de ce disque qui ressemble à la bande son d’un documentaire imaginaire.
Fidèle à sa quête d’harmonie métissée, le guitariste à voulu rendre hommage à la ville chère à son cœur, ce port qui accueille toutes les cultures. Il a constitué une formation de marseillais et concocté un disque façonné avec soin en studio. On notera cependant qu’il l’a réalisé à Eygalières, même département mais à 80km du Vieux Port... dans le calme d’un village provençal à l’écart des turbulences de la cité phocéenne.
Les couleurs vives du flamenco et des musiques de la méditerranée côtoient des sons de la ville et de la vie. Le disque s’achève sur la mise en scène d’une conversation très marseillaise où il est question de jazz, de l’OM, de Zizou et des cigales (Marcel, Marcel). Plus belle la vie, avec l’accent !
Ce disque au packaging couleur locale porté par une sympathique énergie est parfois un peu naïf et sombre de temps à autres dans le travers démonstratif de la guitare virtuose.
On retiendra ce que se disent Marcel et Marcel :
- Le jazz, Marcel, c’est la liberté ! Ça s’entend la liberté...
- beh moi, j’entends surtout les cigales... Elles font du jazz peut-être ?
- Eh ouais, écoute un peu ce rythme...
Ce n’est pas clair ? Allez, servez-vous un petit jaune (avec modération) en terrasse un jour de soleil... et écoutez Marseille, Marseille, peuchère !
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