Quatorzième étape

Au Hot Club de Lyon pour écouter le concert de Dreisam qui fêtait la sortie de son premier disque, Source, disque déjà abondamment chroniqué en bien, et même en très bien, voire en mieux que ça, par la presse spécialisée, les radios, la télé et… et quoi d’autre encore ? C’était le 12 décembre dernier et, au cas où vous ne le sauriez pas, il n’y eut pas de 12 décembre en 1582 car cette année-là, la France adopta le calendrier grégorien, ce qui fit que le jour suivant le dimanche 9 décembre fut le lundi 20 décembre. Étonnant non ? Mais vous vous en foutez certainement comme de l’an quarante. Et d’ailleurs, en perdant onze jours quasi moyenâgeux, qui sait si l’on a pas évité une débâcle ou un truc malsain qui aurait pu nuire au jazz d’aujourd’hui. Bon, on oublie Ronsard et les autres et on se concentre sur la soirée sous la voûte du Hot qui est toujours la plus ancienne institution jazzy de la ville.

Nora Kamm

Après trois ans d’existence et de nombreux concerts, Dreisam est une formation qui tourne comme un mécanisme d’horlogerie suisse haut de gamme. Un assemblage qui tient son caractère des trois sources qu’il mêle avec justesse, sources qui, prises individuellement, ne manquent aucunement de caractère… Des fonds baptismaux est sortie une entité synthétisant le rythme, la couleur et le lyrisme. Sur scène, ils sont heureux d’être ensemble, de partager leur musique avec le public, ce qui ne semble pas toujours évident pour tous les musiciens que nous croisons. Hier, dans un club plein comme un œuf, ils ont osé l’improvisation et la citation avec un goût certain, allant même jusqu’à faire participer un public très complice. Nora Kamm, Camille Thouvenot et Zaza Desiderio font plaisir à voir et à écouter. Nous ne leur souhaitons que du bien.


Quinzième étape

Si nous vous disions que nous savions ? Que nous savions que ce serait bon, hein ? Diriez-vous le contraire ? Oseriez-vous ? Enfin quoi, hier soir au Chorus, c’était Noël avant l’heure et c’était bien comme ça, voire mieux encore. C’était le 13 décembre 2014 et, au cas vous l’ignoriez, c’était le 461ème anniversaire de la naissance du bon Henri IV et jour de pas de pot pour les poules, anniversaire de naissance aussi pour Emily Carr (1871) peintre canadien que nous vous recommandons au passage.

Aaron Goldberg

C’était l’affluence des grands jours dans le club lausannois avec en sus un spectateur remarqué de tous en la personne de Dave Liebman. La fois précédente où nous avions vu le trio d’Aaron Goldberg, Reuben Rogers était à la contrebasse et Greg Hutchinson tenait les baguettes. Cette fois-ci, Eric Harland s’est emparé des fûts pour notre plus grand plaisir. Aaron Godberg proposa comme à son habitude avec un sens mélodique épatant des compositions qui accrochent immédiatement l’auditeur. Reuben Rogers tint la rampe avec une originalité empreinte d’histoire que nous connaissions déjà mais qui nous interpelle encore tant elle est créative. Celui qui fit la différence, ce fut bien sûr Eric Harland car son inventivité nous parait à chaque fois sans limite. Entre finesse, subtilité et intensité, il sait créer l’attente et la surprise, suspendre ou asséner les coups, les caresses aussi, et ne jamais relâcher la pression. Nous qui détestons les soli de batterie pouvons écouter Eric Harland sans faillir ni défaillir, sinon d’aise, car à l’image du pianiste, il est un mélodiste hors-pair doublé d’un incroyable conteur.

Ce fut notre dernier concert de l’année 2014, histoire de finir sur une pléiade de bonnes notes. Avant de vous abandonner à vos ripailles, on éprouve une pensée émue pour les oies, les dindes et les chapons. Gavez et fourrez en paix. Dieu ne vous le rendra peut-être pas. Tiens, cette année, on parie pour un petit Jésus à 3,450 kg. Et vous ?


Dans nos oreilles

Serge Lazarevitch / Sébastien François / Bruno Tocanne : Live at the LS JAZZ Project
Aaron Goldberg trio : The now

Sous nos yeux

Pascal Quignard  : Mourir de penser (encore…)
Sherman Alexie : La vie aux trousses