Loin dans les terres

« La seule loi immuable de l’univers, c’est le changement » comme on dit là-bas, au loin, plein est. Louis SCLAVIS a dû faire son miel de cet adage et se présente avec un nouveau quartet tout beau tout chaud : lui-même aux clarinettes, Benjamin MOUSSAY au piano, Sarah MURCIA à la contrebasse et Christophe LAVERGNE à la batterie. Nouveau quartet et donc nouveau programme : « Loin dans les terres  ».

Ils se mettent en route avec Avant la marche et Loin dans les terres. Tout de suite un choc : la présence de Lavergne qui met un brol terrible dans le groupe : il est devant, derrière, à côté, partout et ça ne rigole pas question variété : ne pas rejouer à l’identique semble son credo. Alors il creuse. Parce que loin dans les terres, c’est pas forcément à l’horizontale. Et le trio de base aussi, piano-basse-batterie, joue terrible et a l’air de survivre à 50 ans de scène avec l’ardeur, l’enthousiasme et la naîveté de minots à peine sortis de leurs housses.
Murcia introduit Albion Fields  : pas d’esbroufe genre regardez comme je le dévale dans les deux sens le manche. Des silences, de l’écoute, de la parcimonie juste. On entend comme un flux incessant, un mascaret puissant où Sclavis virtuose soloïse dans une tessiture étroite. Vazy l’imiter, tiens, en te donnant une contrainte genre tout contenir dans pas plus d’une octave. Lui non plus ne dégouline pas des arpèges-comme-dans-la-méthodamimile.
Long duo clarinette-contrebasse pour exposer Bandes étalées, ils ont des trucs à se dire, fais gaffe, je le sens pas ce petit bois, mais non, on craint rien, on va leur jouer un truc, la musique adoucit.... et Lavergne y met son grain de gros sel. C’est très beau. Puis Moussay, solo. As usual. Prend son temps. Tortillonne une idée. La reprend. L’étire. La renverse. La plaque sur le clavier. Qu’est-ce qu’elle y peut l’idée ?
Tiens, la pièce suivante, elle est de lui : Shadows and lines. Superbe écriture, une pièce qui prend son temps, pas du tout chronologique l’histoire. Deux entrées au moins. Sclavis nous offre un grand solo grand. Comment il s’y prend pour se ré inventer çacom’ et trouver ce qui va bien avec le groupe quel qu’il soit ? Parce que ce groupe a un son, déjà. Loin de celui du trio Atlas.
Avec sa petite clarinette ( en mib ? ), il cause en mode intimiste avec Moussay ( Neige ), et c’est vrai qu’on n’est pas loin de l’entendre, le bruit de la neige qui tombe.
Welcome offre à Moussay et Lavergne l’opportunité d’une belle bagarre et là, une seule question, où c’est qu’on se retrouve.
On les rappelle of course.
S’ils sont Loin dans les terres, nous on est loin dans l’éther.

Vendredi 16 septembre 2016
Le Triton
11 bis rue du Coq Français
93260 Les Lilas