y’a d’la joie bonjour bonjour les musiciens.

On va pour se régaler de la sortie d’un CD, preuve tangible du travail des musiciens. On y va fort des habitudes : s’asseoir pas loin de la scène, bien calé et prêt à apprécier ceci ou cela. Eh ben, c’est raté. Au Studio de l’Ermitage, il ne reste que le plancher nu comme Adam après la vendange. Ni tables ni chaises ce soir, retour aux sources : la musique, ça bouge, ça te fait bouger, t’es vivant. Amis arthrosiques, joggers au genoux niqués, sportifs de tout poil aux lendemains douloureux, bienvenue !!!
Un Brass Band, c’est quoi ? se demande le mec accroché à une des rares chaises de la mezzanine, ultime refuge des coincés du bassin et des avancés en âge.

C’est comme une fanfare !!! Avec des cuivres et des percussions et en plus ce soir, une paire de claviers. Un fanfare avec : Jonas MUEL, saxophone, composition et ambianceur, Fabien DEBELLEFONTAINE, sousaphone et compostition, Edash QUATA, rap et paroles, Julien SILVAND et Valentin PELLET aux trompettes, Simon ANDRIEUX, trombone, Mathieu DEBORDES aux claviers et Yvan DESCAMPS à la batterie.
Une fanfare qui démarre tambours battant et claviers nappant. Du Zawinul revisité. Thème, vrai solo de trompette, vrai solo de trombone, la musique chaloupe, et voilà qu’ils chantent aussi « dis-lui oh oui ». Sûr que se dandiner sur sa chaise, ça aurait fait invalide alors debout les braves. Des riffs puissants, millimétrés, un swing de grande houle, tous les ingrédients pour se dire que ce n’est pas la fanfare des Beaux Arts et que ça va donner.
Quand le black à casquette monte sur scène, on a le cliché vivant du rappeur qui râpe, casquette à l’envers, débit rapide d’un anglais insaisissable au groove impérial.
Là, on se dit qu’on se trouve dans un training de marche joyeuse déhanchée, légère, sexy, victorieuse mais pas revancharde pour fêter la mort-née de l’aéroport de Notre Dame des Landes. 30000 personnes déboulant dans les chemins creux, bâton à la main, poussées dans les reins par le swing du 112 Brass Band. Ça aurait de la gueule. Autant que faire danser CRS, gendarmes et autres représentants de l’ordre par la force sur cette musique !!!
Le titre éponyme de CD : « Ouesch ma gueule » nous vaut un gros rap épais, carré, sans fioriture ni bavures. Dash QUATA impose sa marque : le mettre devant les 30000, ce serait mieux que le joueur de flûte.
Puis, sur un tempo plus lent, tout de suite l’évocation de funérailles à La Nouvelle Orléans, on imagine les musiciens marcher les jambes écartées pour suivre le balancement lancinant de la musique. Bien sûr, le rappeur narre la bio du défunt. Bien sûr, le chemin est en pente et la musique ne peut s’empêcher d’accélérer. Pas sûr que le cercueil n’arrive pas avant le corbillard.

112 BRASS BAND : "Ouesh ma gueule"
Autoproduction

Et là, coup de fil live, sur scène, on arrête tout pour écouter : Beyoncé se décommande en direct. Quel drame !! Elle aurait bouffé un couscous avarié et comme les toilettes du Studio sont assez loin de la scène.... Bref, ils font sans elle... Intro clavier/trombone, gros riffs, leurs voix : c’est beau parce que simple et efficace.
On passe sur l’épisode kisskissbank et les talents d’ambianceur de Jonas MUEL : ouvrir les grandes fêtes étudiantes et les fermer , voilà un créneau tout trouvé.
Avec Star sign, ils en remettent une couche dans le groove qui fait frémir les petites cellules et déconner leur horloge interne, MC Quata se déchaîne : entre son texte débité fin menu et sa gestuelle, il a tout bon.
Un conseil : éviter les maisons de retraite et autres EHPAD, sauf à vouloir précipiter vers une fin heureuse les plus intrépides résidents.
Bonnes déambulations !!

Jeudi 3 novembre 2016
Le studio de l’Ermitage
8, rue de l’Ermitage
75020 Paris