Cent cinquième étape

Le 22 avril 1451, Isabelle 1ère de Castille, dite la catholique, naquit à Madrigal de las Altas Torres. Dans l’absolu, cela n’a rien à voir la musique qui nous intéresse, sauf si l’on sait qu’en 1492 elle a financé l’expédition de Christophe Colomb menant à la découverte des Indes occidentales, plus connues de nos jours sous l’appellation « Amérique », terre lointaine qui exporta le jazz par chez nous au début du siècle dernier.

Delphine Deau

525 ans plus, nous voici donc au Chien à Trois Pattes de Montmerle sur Saône pour écouter le Néfertiti quartet (Delphine Deau au piano, Camille Maussion aux saxophones, Pedro Ferreira à la contrebasse et Pierre Demange à la batterie), un quartet de jeunes musiciens issus du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris. Ce quartet aurait pu n’être qu’un énième quartet de jazz mais fort heureusement, porté par les compositions de la pianiste, il s’affranchit de la fadeur. Delphine Deau, même s’il nous sembla à quelques moments qu’elle compliquait à l’excès sa créativité musicale, sait donner des couleurs assez originales à sa musique. Ses canevas bien ficelés savent également promouvoir la surprise sans omettre d’ouvrir l’espace à l’improvisation et notamment à la saxophoniste Camille Maussion (dont le tempérament est très orienté vers des aventures où la sagesse perd de sa superbe) qui aurait pu à elle seule dynamiter l’ensemble. Mais là n’était pas le but de l’exercice d’autant que la rythmique occupait fort bien l’espace. La connexion patente entre les quatre protagonistes, leur répertoire non dénué d’un lyrisme joyeux, donnèrent au public la possibilité d’exprimer pleinement son plaisir d’écoute et d’obtenir ce faisant deux rappels menés tambour battant, le dernier étant l’occasion pour ces jeunes instrumentistes de détricoter le Kiss du kid de Minneapolis, un titre de 1985. Pas sûr que les membres du Néfertiti quartet étaient déjà de ce monde !


Cent sixième étape

Will Vinson

Au mâconnais Crescent pour écouter le Strio (Romain Nassini au piano, Ben Guyot à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie) avec l’invité anglais francophile (basé à New York) Will Vinson et son saxophone alto en ce 29 avril 2017 où Ellington aurait eu 118 ans ! Deux sets pour une musique centrée autour des compositions mélodiques et lyriques de Ben Guyot et Romain Nassini, une musique assurément servie avec chaleur et détermination. Will Vinson connaît bien le trio avec lequel il entretient une relation forte depuis déjà trois ans. C’est assez rare pour être noté. D’habitude, l’invité anglo-saxon vient, enregistre, fait les dates et disparaît ensuite. Là, ce n’est pas le cas et la collaboration est prévue pour perdurer. Sur scène, cela se sentit d’entrée de jeu et le saxophone alto n’eut aucune hésitation. Plus, le jeu fluide et net du londonien ajouta au trio ce qu’il fallait d’énergie et de précision pour générer une musique ample et attractive bien que ce ne fut que la première d’une conséquente tournée. Le disque, d’ores et déjà enregistré [1] fixe le travail de ce quartet attrayant (où la complicité est une constante) et ne manquera pas de plaire à celles et ceux qui aime le jazz mainstream à la sauce XXIème siècle.


Dans nos oreilles

Ursus Minor - What matters now


Devant nos yeux

Lee Harper - Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur


[1Retrouvez ce disque désormais paru (Départ), dans la Pile de disques de mai 2017 sur CultureJazz.fr... ici... (Gaya Music Production - GAYA039 / Socadisc) - NDLR