À Bouville, commune rurale de l’Essonne (oui, ça exite !) , l’association "Au Sud du Nord" invitait la vocaliste Camille Bertault en duo avec le pianiste Fady Farah. Alain Gauthier y était...
Ça se passe à Bouville. Bou-ville. Que personne ne se gausse. Il y a bien un Trouville. Celui-là, on le visualise à l’aise : un trou au milieu de nulle part. Mais Bouville ? Et oui, il faut aller jusqu’au bout de la route. Autant dire que l’association Au Sud du Nord, en pleine lubatitude uzestique, fait dans le rural. Plus rural, ça n’existe pas : ni caméras, ni flics, ni passages cloutés, ni feux tricolores, de la verdure verte, des maisons (pas trop), au milieu une église. Elle, on pourrait presque l’imaginer transformée en bar associatif-dépôt de pain-plat du jour ouvrier-jeux de société. La température a chuté autant que la pluie, il fait frisquet. Autant dire que la chanteuse a intérêt à coucouner ses épaules et sa gorge découvertes.
Camille BERTAULT, voix et Fady FARAH piano se risquent à propager la culture jazzy en ZAD ( zone à distraire ).
Et tout de suite, Quoi de plus anodin : thème, impro dans la foulée, ça ne rigole pas. Et en même temps ( macronisme ), Mimi Perrin doit se marrer : il y a une vie vocale après elle.
Herbie Hancock, Carlos Jobim, cette chanteuse ose tout. Son pianiste lui offre des plages de repos ( oui, il y a une plage à Bouville) et chorusse à l’aise. Par exemple sur l’Amertume, en mode délicat et élégant.
Non seulement elle chante et nous réjouit mais elle écrit les paroles en français s’il vous plaît. On a droit aux standards : Love for sale, But not for me avec un intense moment piano-voix dans le genre tu-me-lances-l’idée-je-te-la-chante-et-la-prolonge. Bon, d’accord, pas de big band ronflant ses riffs furieux ce soir mais, hein tout de même. Puis Prélude to a kiss. Pfff, la classe.
Elle rompt le rituel thème-impro pour se laisser aller à une fin inachevée qui rebondit a cappella. S’accrocher aux piliers est bienvenu. Le son lui coule de la goule comme ça, flux sans effort, ça coule, ça coule. Rien d’autre.
Et, moment superbe avec l’immortel Goodbye Pork Pie Hat de Mingus. Sans oublier son interprétation épatante et gonflée du solo de Coltrane dans Giant Steps. Même pas peur la fille.
Pourvu que le public propage son plaisir comme une épidémie.
Vendredi 19 mai 2017
Église Saint Martin
91880 Bouville