Quand on y songe, quarante années de jazz en Clunisois, cela se fête... et cela s’est fêté par une belle nuit d’été...
Cent vingt deuxième étape
Nous fûmes, cette année, moins présents qu’à l’habitude au festival Jazz Campus. Nous aurions aimé plus. Quoi qu’il en soit, nous ne manquâmes pas la dernière soirée qui célébrant les quarante années d’existence de cette manifestation dont l’atypisme se niche dans une exigence et une excellence musicales consacrées au jazz ; un exploit véritable de nos jours. En cette soirée fort heureusement très estivale, nous eûmes donc le bonheur de déambuler dans les jardins de l’abbaye de Cluny guidés par un « Musicabrass » (Jean Paul Autin, Laurent Bigot, Astrud Garnier, Patrick Charbonnier, Etienne Roche, Nathalie Goutailler, Julien Latapie, Cyril Gilibert & Michel Deltruc) à la découverte d’îlots musicaux où opéraient d’autres musiciens. Tout débuta avec les Snoopies, un quatuor énergique de saxophones augmenté d’une batterie au répertoire varié (Laureen Osseland, Yonothan Hes, Simon Hannouz, Fabien Dubois & Loup Godfroy). Veuillez noter au passage, sans obérer pour autant la prestation des collègues, que le saxophoniste leader et arrangeur n’a que seize ans et une furieuse envie de jouer qui devrait le mener loin.
Le Musicabrass, sous les hautes voûtes imposantes de la chapelle Saint Martial, nous mena à un trio composé de Jean Philippe Viret, Vincent Courtois et Didier Levallet. Devant une œuvre contemporaine d’Anne Poivilliers, ces derniers explorèrent les sonorités acoustiques de l’endroit et nous laissèrent avec une envie insatisfaite, celle de les écouter plus longtemps. Plus loin encore, sous la voûte ancienne d’un arbre riche d’histoire, François Corneloup et Simon Goubert réinventèrent le dialogue musical avec un propos survitaminé qui contrastait avec la paix du lieu. Et lui là-bas, Fidel Fourneyron sur son perron, plus avant dans la soirée, trombonisa l’atmosphère nocturne du lieu par une introversion mélodique de haute voltige qui nous envoya ébaubis devant le farinier où Céline Bonacina, d’abord en solitaire, puis accompagnée de Hari Ratsimbazafy, fit trembler les lignes sans que l’on fût réellement touché. Puis la soirée s’acheva avec Le peuple étincelle, formation festive qui, à la fin, nous laissa sur notre faim. La fatigue certainement. Cela ne doit pas cependant vous laisser croire que notre soirée du 26 août, jour de naissance de Guillaume Apollinaire (1880), fût gâchée. Avec une telle offre musicale, dans un laps de temps restreint, il était inévitable que nous, et d’autres à différents moments, fûmes incapables de profiter comme il se devait d’un patchwork aussi dense. Alors, en attendant la quarante et unième édition, l’on se dit une fois de plus que ce festival a su traverser les décades avec une telle constance (une vraie chevauchée sur le lac), en dépit de biens des aléas visant à lui nuire, qu’il est devenu aujourd’hui, de manière définitive, un exemple et une référence.
Dans nos oreilles
Pas grand chose ces temps-ci....
Devant nos yeux
Boris Khazanov - L’heure du Roi