en quadriphonie et en relief

Ça va être difficile de ne pas espoillier ce concert, de n’en pas décrire les dispositifs, les manigances, les surprises. Une seule vérité : on se trouve privé du sens le plus utilisé dans notre monde, la vue et vazy Rémi, ouvre grandes tes esgourdes, plante tes pieds dans tes chaussures et tes chaussures dans le sol, laisse-toi ressentir.
Si on oublie les substances psychédéliques et les ivresses liées au pouvoir, à la domination ou à la position sociale ( plus on monte à l’échelle, plus on montre son cul... ), il y a bien le caisson d’isolation sensorielle ( en plein revival, qu’on se le dise !! ) qui nous prive de tous nos sens, certains massages qui saturent ( et affolent) le cerveau d’informations délicieuses, des pratiques méditatives aussi.
Là, on t’invite à t’occulter les yeux et démerde-toi.
Une cure épatante pour les accros du contrôle pointilleux, les suspicieux-méfiants et ceux qui ne vivent que dans la répétition répétitive des mêmes aventures.
Imagine : sans la vue qui met des bords à ton horizon, voilà que tu entends le monde en quadriphonie et en relief, que tu ressens le monde des pieds à au-delà de la tête et que tu erres dans l’immensité de ton écoute sans limites. Tu entres en expansion. Quoi ? On serait plusieurs dans la salle ? Chacun le centre de l’univers ?
Ah oui, ça te rafraichit les sous-modalités de l’imagerie auditive : loin, prés, très près, à droite/à gauche, devant-derrière, dans la tête, doux, sifflant, pointu, martelé, rythmé, a-rythmé, murmuré, chuinté, hué, hurlé, frappant, frappeur, frappé... Inutile de perdre du temps à analyser ce qui se passe, lâcher, glisser, s’immerger, laisser les choses se faire.
Tu sais quoi ? Pour une fois, ton immobilité vaut toutes les ubiquités. Tu ne sais où donner de la tête immobile. Et si tu as écouté La Grande Table ce midi, Olivia Gesbert s’entretenant avec Antonio DAMASIO, tu te dis : « incroyable, je viens de vivre une expérience qui confirme leurs dires.... »
On enlève le bandeau, on ouvre les yeux, on se sent autre. Un genre de silence nous accompagne qui enlève toute envie de faire du bruit avec la bouche.

Erwan KERAVEC à la cornemuse et trompette à anche, Philippe FOCH à la batterie et percus, Élise DABROWSKI à la contrebasse, Raphaël QUENEHEN au sax alto et aux bidouilles électroniques Kénan TRÉVIEN.

Mercredi 22 novembre 2017
Théâtre 71
3 Place du 11 novembre
92240 Malakoff


Une vidéo à propos de Blind (avec la contrebassiste Hélène Labarrière)