Le pianiste suisse Nik Bärtsch avec son quartet Ronin était très attendu samedi 7 avril au Théâtre de Fontblanche par un public souvent connaisseur, curieux et surtout à la moyenne d’âge rajeunie.
Le pianiste et compositeur suisse Nik Bärtsch né en 1971 à Zurich où il vit toujours n’est connu que par les curieux qui cherchent aux frontières du jazz. Zen-funk, groove rituel, c’est ainsi que Nik Bärtsch définit sa musique rangée au rayon jazz chez les disquaires. Un look de ninja, passionné de culture et musique japonaise, le pianiste revendique l’influence du compositeur Toru Takemitsu (collaborateur de Kurosawa), des ostinato de James Brown et des minimalistes new-yorkais comme Steve Reich ou John Cage. Avec ses groupes Ronin ou Mobile, il joue tous les lundis soirs au Club Exil de Zurich dont il est un des fondateurs, ce qui explique la cohésion parfaite de ses musiciens.
Le samedi soir 7 avril 2018, c’est avec son groupe Ronin ( du nom des guerriers japonais sans maître) créé en 2001, passé de quintet en quartet, qu’il a décidé de nous hypnotiser (actuellement Sha (Stefan Haslebacher) au saxophone alto et clarinette basse, Kaspar Rast à la batterie et Thomy Jordi à la basse qui a remplacé Björn Meyer en 2011). Chez ECM depuis 2006, ses disques sont enregistrés au Studio de La Buissonne à Pernes les Fontaines, chez Gérard de Haro dont Nik Bärtsch a salué la présence parmi les auditeurs après son premier morceau, soulignant que ce dernier avait reçu l’an passé le prix du meilleur ingénieur du son (ex-aequo avec Vincent Mahey pour Sextan à Malakoff). La création qu’il nous propose ce soir sortira le 4 mai sous le titre Awase et six modules comme il affectionne de les nommer. Awase dans les arts martiaux comme l’Aïkido prend tout son sens lorsqu’on arrive à fusionner avec son partenaire. C’est la manière de cueillir et d’accueillir son partenaire de façon à fusionner et non s’affronter avec lui. Et il s’agit bien de musique fusionnelle effectivement dans ce dernier disque de Ronin.
Entrelacement de rythmes pairs et impairs, motifs mélodiques répétitifs et boucles aux décalages presque imperceptibles, passages méditatifs, six années ont passé depuis le dernier disque du groupe suisse. Ronin est devenu un tout autre orchestre après le départ de Björn Meyer et du percussionniste Andi Pupato. Bärtsch évoque cette métamorphose en parlant d’une liberté et d’une flexibilité nouvelles dans l’approche du matériau musical, le groupe faisant preuve de « plus de transparence, d’interaction et de joie dans ses interprétations ». Cette liberté nouvelle s’appréhende particulièrement dans la façon dont Bärtsch revisite ici les premiers modules élaborés par la formation au moment de sa création mais on trouve également dans ce nouveau disque des compositions inédites parmi lesquelles, pour la première fois une pièce du clarinettiste Sha. D’excellents musiciens en parfaite harmonie, une ambiance planante, une pénombre propre au recueillement, le concert fut très apprécié quoiqu’un peu inégal pour ma part, préférant les créations précédentes, mais ceci est purement personnel…
Théâtre de Fontblanche
Vitrolles, 13
Samedi 7 avril 2018
Organisation : Association Charlie Free