Neuvième équipée

Ava Mendoza

Eh quoi ! C’est pas encore les vacances. Pérégrin, au turbin. Underground opéra et fissa ! Péristyle not dead avec Hearing Things (Matt Bauder : saxophones / Ava Mendoza : guitare / JP Schlegelmilch : orgue & Vinnie Sperrazza : batterie), un groupe new-yorkais (de plus) dont on nous dit que « né d’un délire fébrile, Hearing Things est la bande-son d’un film onirique à période et géographie variable. » Avec ça, me voilà prévenu. Je peux garder ma passoire sur la tête et passer inaperçu. Ils étaient beaux les quatre bigaplliens encadrés par le velours rouge opéra, une en noir vénéneux, trois autres en veste blanche à liseré noir plutôt sixties dont un saxophoniste à la barbe hipster à terre. Alors j’ai sorti mon gros œil de bigleux noir et blanc et je les ai écoutés… Le deuxième set pour être précis. Au premier, j’étais occupé ailleurs avec un hamburger. Pour le troisième, il eut fallu que le deuxième fut convaincant. A vrai dire, ce fut bien sympathique et plutôt second degré (enfin j’espère). Musicalement, rien n’émergea qui aurait pu initier ne serait-ce qu’un déhanchement subreptice ou l’once d’une satisfaction auditive. C’était un peu tout pareil, tu vois ? Pas très onirique et avec moins de variables qu’il était annoncé. Cela fait moins de vingt-quatre heures que je les ai écoutés et je ne déjà plus quoi écrire. Ah si ! Le set se termina sur une version explo(fest)ive du « Runaway  » (1961) de Del Shannon (1934-1990) qui mit le public en joie. Non pas que ce dernier soit constitué de fans ultimes, entendez-moi bien. C’est juste que par chez nous, tout un chacun connait la version enregistrée par Wouter Otto Levenbach en 1974. « Vanina rappelle-toi que je ne suis rien sans toi… » Pas sûr que Matt, Ava, JP et Vinnie aient capté l’affaire. Mais ils en furent heureux et j’aime que les gens le soient. C’était un 19 juillet à la moiteur carrément moite et ce jour-là, en 1814, naquit Samuel Colt, inventeur du revolver (1832) et de ce fait indirectement responsable avec d’autres du deuxième amendement de la constitution américaine et des dérives qu’il engendre. Un rapport avec la musique et le concert de Hearing things ? Quelle musique ? Ai-je entendu des choses sous ma passoire certifiée aluminium ?


Eh quoi ! C’est plus les vacances. Après le 15 août, ce n’est plus l’été. C’est bien connu dans nos campagnes. Et dans nos campagnes, Jazz Campus en clunisois célèbre chaque année la fin des tongues et du sable chaud. Au lab 71, un dimanche soir (pourquoi faire comme tout le monde ?) un trio, Ikui Doki, composé de Sophie Bernado au Basson, de Hugues Mayot au saxophone et clarinette et de Rafaëlle Rinaudo, à la harpe. Rien que le line-up, tu sais où tu es avant d’y aller. Chez Dider Levallet, chantre de la programmation alternative de qualité. A Jazz Campus, on découvre ou on dégage. Fais ton choix camarade. Avec ces trois-là, l’on redécouvre la musique française du début du XXème siècle revue et corrigée et réinventée en deux points zéro acoustique. Ce que je fis en ce 19 août qui est aussi la journée mondiale de l’aide humanitaire.En toute honnêteté, j’appréciai l’audace du projet dans sa globalité. Hélas, la harpe, de petite taille, branchée sur des effets, me déplut, non par la musique (bien qu’il y eut beaucoup de bruitages) mais par sa sonorité trop métallique à mon goût. Cela nuisit à mon écoute et lassa ma passoire. Était-ce un problème de sonorisation ? Je ne le saurai jamais. Et je ne saurai pas plus comment le festival se continua et s’acheva car je restai coincé à la casa. Regrets éternels ou presque.


Et d’un coup d’un seul, nous voici en septembre. Pas vu le temps passer. Mi-septembre. Le 16. Lauren Bacall est née ce jour-là (1924), Charlie Byrd et B.B. King itou (1925). C’est un dimanche. Manche dit-il. Le Chien à Trois Pattes aboie à nouveau et il là joue bluesy. Sophie Malbec, born in Clermont-Ferrand, est maîtresse du cuvage de Jasseron accompagnée par Pierre Gibbe à la basse, Yannick Urbani à la batterie et Pierre Caponi à l’harmonica. J’aurai dû prendre la route et j’ai pris la flemme. Honte à moi, pérégrin à la manque. Partie remise et remisée dans la sacoche de mes manquements.


Le Claude Debussy, il a écrit dans une lettre « On cherche trop à écrire. On fait de la musique pour le papier alors qu’elle est faite pour les oreilles. » C’est bien ce que je me dis, assez régulièrement hélas, à l’écoute de certains groupes qui se produisent sur les scènes que je fréquente. « Vas-tu lâcher ton putain de pupitre  » marmonnai-je l’autre soir. Je ne dirai pas lequel. Il n’y a même pas de quoi de faire une chronique amère. Je hais le mois de septembre. Et le Victor d’en rajouter : Voici que la saison décline, / L’ombre grandit, l’azur décroît, / Le vent fraîchit sur la colline, / L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.


Dans nos oreilles

Twinscapes Vol 2. - Amodern approach to the dancefloor


Devant nos yeux

Marie Darrieussecq - Tom est mort


Opéra Underground
Le chien à trois Pattes