Under the radar mais pas en mode furtif.

Matthias Mahler

Dans le cadre de Jazz à la Villette et de sa filiale exploratrice du vrai jazz d’aujourd’hui avec des gros morceaux d’autres styles dedans Under the radar ,{{}} Journal Intime la joue sextet électrifié au Studio de l’Ermitage. Outre le trio de base : Sylvain BARDIAU trompette et trombone, Frédéric GASTARD sax basse et Matthias MAHLER trombone, le groupe compte Guillaume MAGNE guitare et chant, Rémi SCIUTO claviers, sax alto et soprano, Jérémie PIAZZA batterie. Sans oublier Nicolas GASTARD qui s’occupe du fond d’écran et Céline GRANGEY du son.

Sur une image du soleil, orange grumeleuse avec ses immenses jets explosifs, ils nous teasent avec deux pièces du genre répétitif ( installez-vous, on a le temps ) qui contiennent l’entierté du concert à venir. Un bout de hologramme révélateur du tout. Deux pièces des Beattles nous dira Fred Gastard. Méconnaissables les Beattles. Les phrases des souffleurs nous l’indiquent tout de suite : mélodieux oui, harmonieux : pas que. Parce que les accords, ben ça frotte entre les notes, y’a comme des dissonances énervantes et addictives, et ton oreille, après la muzak des supérettes des vacances, elle s’est déshabituée.
Ils entrent dans le vif du vif avec une pièce funky où le sax basse fait merveille : il remplace la guitare basse, le sax baryton, la machine à groover, c’est carrément la respiration du sextet. Ça sonne fanfare jazzy funky en pleine déambulation urbaine, tout le monde aux fenêtres, les gamins fous de joie, les plus grands sautillant hilares sur place.
Difficile de s’installer dans le confort durable, dans l’inconfort jouissif : oui. L’intro de Adah’s Little dog, superbe, presque planante, Phil Glas sors de ce sextet !!, une invitation au laisse-faire, débouche sur un bam bam bam secoué initié par Piazza qui assomme ses fûts. Avec Hollywood qui suit sans marquer d’arrêt, on ne peut que se dire : très beau, très très beau. Pendant que le macrocosme et le microcosme continuent d’illuminer le fond de scène, des galaxies aux bactéries, des turlupinades de couleurs enfumées au passage d’un poisson virtuel, ils perpétuent les variations : quartet à vent, trio électrique, quartet électrique ( le trio + le sax basse ), douceur du trio de souffleurs, violence du sextet. Les ajouts électro de Sciuto et Magne tombent à point, comme des broderies invisibles mais indispensables et il flotte ça et là des échos de trompe de chasse et de sacqueboute, de musique du Moyen-Âge. Ces mecs ont dû visiter le carré Marigny tant ils jouent sur les timbres.
Guillaume Magne se fera chanteur pour conclure le concert dans un mode pop mélangé d’impro jazz et de riffs rock.
On les rappelle, ils reviennent sans chichiter.

Mardi 4 septembre 2018
Studio de l’Ermitage
rue de l’Ermitage
75020 Paris


http://www.studio-ermitage.com/